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Gestion des ordures I Fomboni, une capitale sans décharge

Gestion des ordures I Fomboni, une capitale sans décharge

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

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Du nord au sud, d’est en ouest, les déchets s’amoncellent dans chaque coin de Fomboni, chef-lieu de l’île de Mwali. Le ministre de l’Environnement, Abubakar Ben Mahmoud, parle d’«urgence environnementale» et assure que «des discussions sont en cours».

 

Sur cette île de Mwali au charme encore préservé, entre plages idylliques et routes bien tracées, un fléau vient ternir le décor : les déchets. Omniprésents, ils accueillent les visiteurs dès leur arrivée. Depuis plusieurs années, des associations, notamment celles œuvrant dans la gestion des ordures, tentent en vain d’identifier un site de décharge. En l’absence d’alternative, un dépotoir sauvage situé en bordure de route, sur les hauteurs de Mbouyou Wamadji, reste le seul point de dépot. La plupart des déchets y transitent… avant d’être rejetés à la mer.


Pourtant, l’Agence nationale de gestion des déchets (Angd), créée en août 2020, est censée promouvoir la valorisation des déchets et la protection de l’environnement. Elle s’inscrit dans le cadre de la loi-cadre adoptée en 2024 sur la gestion des ordures. Contacté à ce sujet, Mourad Ben Abdallah, chef d’antenne de l’Angd à Mwali, précise : «Nous, en tant qu’agence, ne gérons pas directement les déchets. Nous travaillons avec les mairies et appuyons certaines associations. Un projet avait été lancé, mais il n’a pas abouti. Le principal obstacle reste l’absence d’un terrain pour accueillir une décharge. Jusqu’à présent, aucun site n’a été trouvé».

L’urgence d’une décharge

Même constat du côté de la mairie. Le maire de Fomboni, Takidine Mahamoudou, évoque un manque total de moyens. « La mairie ne dispose d’aucune ressource pour gérer les déchets, même les plus domestiques. Nous ne pouvons même pas organiser les ramassages », se plaint-il. Il salue toutefois les efforts de l’association Ajdem, active dans le quartier de Monimoimdji. «Nous espérons que des moyens seront mis en place pour avancer», soupire-t-il. Composée de jeunes du quartier, l’Ajdem assure un service de ramassage grâce à trois chauffeurs salariés et un camion obtenu avec l’aide du réseau Fadesim et de ses partenaires. Mais ses actions restent cantonnées à un seul quartier. Leur principale revendication (un site officiel de décharge) demeure lettre morte.

En juin 2021, la question avait même suscité des tensions. Aujourd’hui encore, l’association espère étendre son champ d’action à d’autres quartiers dépourvus de tout service. Le ministre de l’Environnement confirme la gravité de la situation. «J’ai vu cela lors de mon séjour à Mohéli. C’est grave et très urgent. Nous mobilisons les moyens nécessaires pour identifier un site de décharge dans les plus brefs délais. Des discussions sont en cours avec le gouvernorat pour parvenir à un accord», confie-t-il.
En attendant, les déchets continuent de s’entasser en bordure de route, entre plastiques, odeurs et désespoir. À quand une véritable décharge pour Fomboni ?

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