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Girofle : à Siri Zirudani, le chef du village veut réglementer la cueillette

Girofle : à Siri Zirudani, le chef du village veut réglementer la cueillette

Société | -   Abdillahi Housni

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Face aux dérives liées à la récolte du girofle, le chef du village de Siri Zourdani dit vouloir mieux encadrer le système de collecte.

 

La période allant de juillet à septembre correspond à la saison de la récolte du girofle sur l’île de Mwali. À Djando, région connue pour sa production intensive de cette épice, on observe une forte affluence, aussi bien des habitants que de travailleurs saisonniers venus notamment de Ndzuani, à la recherche de producteurs disposés à leur confier la cueillette du précieux produit. Cette migration saisonnière a des retombées économiques positives, car elle stimule les activités génératrices de revenus dans les localités concernées. Cependant, elle engendre également des problèmes : de nombreux propriétaires de girofliers vivent dans la peur des vols, fréquents tant dans les champs que dans les villages, où les clous de girofle sont parfois dérobés jusque sur les toits des maisons pendant la nuit.


Conscient de ces enjeux, le nouveau chef du village de Siri Zourdani, Anli Yachourtu Adaine Abdou, récemment nommé à ce poste, a signé une note datée du 4 juillet, suspendant temporairement toute activité d’achat et de vente de girofle, qu’il soit sec ou frais, dans sa localité. Dans ce document dont nous avons obtenu copie, le chef du village précise que toute personne souhaitant acheter du girofle doit désormais solliciter une autorisation préalable auprès de ses services. Selon lui, cette mesure vise notamment à lutter contre le travail des enfants et à prévenir les actes de vandalisme. «Depuis des années, pendant la saison de la récolte, on voit des enfants âgés de 10 à 15 ans vendre du girofle, et utiliser l’argent pour acheter des cigarettes ou des stupéfiants.

Par ailleurs, de nombreux cas de vols sont signalés. Certains acheteurs circulent dans les rues avec des sacs et des balances parfois déréglées, pour acquérir le girofle à des prix largement inférieurs à la normale. Il est temps de changer tout ça. La place des enfants est à l’école, pas dans les champs tous les jours», a-t-il déclaré, tout en précisant que son intention n’est pas de priver les habitants de leurs droits, mais de les protéger contre toute forme d’exploitation. Dans ce village situé au cœur de Djando, le kilogramme de girofle sec se vendait à 1 750 francs comoriens, contre 500 francs pour le frais. Les cueilleurs, eux, perçoivent entre 150 et 200 francs le kilogramme, selon la distance entre le champ et le lieu de livraison.


La décision du chef du village est accueillie favorablement par une partie de la population, qui y voit une mesure salutaire. D’autres, en revanche, y perçoivent une contrainte supplémentaire : ils estiment qu’elle complique leur quotidien, d’autant plus qu’ils dépendent de cette culture pour faire vivre leurs familles. Malgré ces réactions partagées, le chef du village reste confiant. Selon lui, cette régulation permettra également de mieux connaître les volumes de girofle exportés chaque année depuis le village. «C’est un indicateur clé pour l’élaboration de futurs projets agricoles à Djando», conclut-il.

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