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Grève des chauffeurs I Le transport à l’arrêt, le dialogue au point mort

Grève des chauffeurs I Le transport à l’arrêt, le dialogue au point mort

Société | -   Youssef Abdou

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Alors que la gendarmerie et la police intensifient les contrôles routiers, face à la recrudescence des infractions, le syndicat des chauffeurs, Wusukani wa Masiwa, a lancé hier lundi une «grève générale et illimitée» sur l’ensemble du territoire national. Cette mobilisation succède à une première grève suspendue en septembre 2024, à la suite d’un accord provisoire avec les autorités, que le syndicat dénonce aujourd’hui son non respect.Le syndicat dénonce notamment l’obligation de payer la vignette 2024 «malgré l’état catastrophique des routes», des contrôles routiers jugés « excessifs voire humiliants, en particulier envers les petits conducteurs », ainsi que le « non-respect par l’État des engagements pris en novembre 2024 concernant la réhabilitation des infrastructures routières».


«On nous contrôle, on nous verbalise, on immobilise directement nos voitures, alors que les routes sont impraticables. Et pourtant, on continue à nous exiger taxes et vignettes. C’est une injustice», s’insurge Abdouroihamane Chamsidine, chauffeur gréviste rencontré devant la gare routière du Croissant-Rouge à Moroni. Il ajoute : «Il y a trois jours, j’ai passé plus de deux heures bloqué à la place de France, arrêté par la gendarmerie pour absence de ceinture de sécurité. Ce qui est normal. Mais le gendarme m’a forcé à payer l’amende sur place», dénonce-t-il, avant de conclure : «Normalement, ils doivent nous remettre nos papiers et nous laisser payer nous-mêmes à la gendarmerie. Si on ne le fait pas, alors oui, ils peuvent immobiliser le véhicule.»


Ces dernières semaines, les forces de l’ordre ont multiplié les opérations de contrôle, sanctionnant les défauts de permis, d’assurance, de plaques d’immatriculation ou de vignette. Les véhicules en infraction sont désormais immobilisés sur place jusqu’à régularisation, et les conducteurs peuvent être arrêtés en cas de récidive ou de faute grave.
«Quelle garantie avons-nous qu’un chauffeur, verbalisé pour défaut d’assurance, régularisera sa situation quelques jours plus tard ? Aucune. C’est pourquoi nous immobilisons désormais les véhicules jusqu’à présentation des justificatifs. Il part, met ses papiers en règle et récupère ensuite sa voiture», explique une source de la brigade routière de Moroni. Elle précise : «Nous avons averti tous les usagers il y a plus de deux semaines que de nouvelles mesures allaient entrer en vigueur.»
Un durcissement qui renforce le sentiment de répression chez les chauffeurs et de nombreux usagers. Le syndicat Wusukani wa Masiwa, majoritaire parmi les conducteurs de taxis et de transports en commun, dénonce un acharnement administratif et des conditions de travail jugées indignes. D’où le déclenchement, ce lundi 5 mai 2025, d’une grève illimitée, qui perturbe le transport en commun dans plusieurs régions de l’île de Ngazidja.


Pour les grévistes, les règles sont appliquées sans tenir compte du contexte socio-économique local. Le coût des assurances, les taxes, les contrôles techniques et l’état des routes rendent, selon eux, le respect des obligations légales difficilement réalisable. «Comment se mettre en règle quand on ne gagne pas assez pour réparer son véhicule ?», s’interroge Moustoifa Hamidou, porte-parole du syndicat, qui réclame la suspension immédiate des contrôles liés à la vignette et l’ouverture de négociations urgentes. Il faut que le gouvernement entende notre appel», plaide-t-il.De leur côté, les forces de l’ordre rappellent l’importance de la sécurité : «Le Code de la route s’applique à tous. Nous ne pouvons pas laisser circuler des véhicules dangereux», insiste un officier de la gendarmerie.A noter que dans la capitale, Moroni, la majorité des taxis-villes n’avaient pas suivi ce mouvement de grève.

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