Comme annoncé, le syndicat national des commerçants, les organisations patronales (Nouvelle Opaco et Modec), le syndicat des transitaires ont observé une grève générale, dans la journée d’hier lundi 27 janvier. Magasins, pharmacies et stations-services, tous ont baissé leurs rideaux pour se solidariser à l’appel des organisations syndicales.
Dans l’ensemble de la ville de Moroni, aucune activité commerciale n’a été observée, du sud jusqu’au nord à l’exception de quelques magasins qui se sont désolidarisés de leurs collègues syndiqués
Au nord de la capitale, à l’exception des magasins Sawaprix, Sara-Market, Nicom réquisitionnés par le procureur général, un seul magasin (Magasin Mourad) a été ouvert près du grand marché de Volo-Volo. Au sud de la capitale deux magasins, l’un dans le quartier Mbueni et un autre dans le quartier de Djivani avaient ouvert leurs portes, plus ceux réquisitionnés par le chef du parquet général.
Dans la capitale, trois stations avaient ouvert leurs portes, contre deux pharmacies. Les stations Itsandra-Mdjini, Mouzdalifa dans le quartier Hadudja, et station Caltex avaient maintenu leurs activités. Il y a également la pharmacie Yasine sise à Moroni-Ambassadeur qui assure les services de garde, plus la pharmacie des Comores qui a travaillé portes closes à travers les fenêtres.
Sur les six supermarchés réquisitionnés par le procureur général, cinq avaient suivi à la lettre la réquisition du Pg, à savoir Sawprix, Sara Market, Nicom, Agk et Como Cash.
Un combat des consommateurs
Quant aux magasins Mag Market, ils n’ont pas suivi la décision du procureur général, ce qui a entrainé la convocation de leur patron, en milieu de la journée du lundi. Même les petites épiceries ont suivi le mot d’ordre du Synaco et des organisations patronales.
Les deux principaux marchés de la capitale étaient presque déserts. Toutes les tables étaient vides. Cependant des vendeurs de bananes, des poulets frais et des fruits à pains étaient là. Au cours de la première journée de la grève, la capitale Moroni ressemblait à une ville morte, sans aucune activité même un pistache d’arachide.
Pour Azhar Marzouk, responsable du Magasin Mourad, situé au nord de la capitale, près du grand marché Volo-volo, même s’il se dit solidaire au syndicat des commerçants, il estime que les revendications avancées par les grévistes ne sont qu’à la faveur des plus grands opérateurs économiques. Selon lui, aucune des revendications avancées n’est favorable aux petits commerçants. Azhar Marzouk avance un autre argument qui lui a encouragé à ouvrir ses portes hier. Celle-ci est liée à la réception des nouveaux produits. «Perdre trois jours sans l’écoulement de ces produits peut engendrer des lourdes conséquences financières à l’entreprise», a-t-il justifié.
Il a ainsi souligné qu’aucune personne, ni proche du gouvernement, ni du syndicat n’en parlons plus de la force de l’ordre et de sécurité, ne les a pas forcés à ouvrir leur magasin, mais seulement une décision strictement liée à la santé financière de leur entreprise. «Et j’ai appris que les autorités sont actuellement en discussions avec les principaux grévistes et on espère qu’ils trouveront un terrain d’entente pour que l’ensemble des commerçants reprenne les activités dès demain», souhaite-t-il. Toutefois, il a souligné que si le gouvernement et les grévistes ne parviennent pas à un accord, il continuera demain et après-demain à ouvrir son magasin.
Libre de fixer leurs prix
De son côté, Youssouf Mohamed, responsable de la société Sud-Magasin, situé dans le quartier Djivani au sud de la capitale, estime que les commerçants ont engagé un combat qui n’est pas le leur. Pour lui, les raisonnements avancés par le syndicat national des commerçants ne sont pas fondés à ses yeux. Ce qui fait qu’il a jugé ne pas les suivre dans leur grève.
Youssouf Mohamed soutient que ce mouvement de grève peut s’expliquer si aujourd’hui la douane qui hausse les frais douaniers ou le gouvernement impose la tarification de leurs produits. «Mais nous commerçants, nous sommes libres de fixer nos tarifs. Et si un produit me revient à 5.000Kmf, je le fixe à 6.000Kmf et je le vends aux consommateurs», explique-t-il.
Le patron du Sud Magasin juge que c’est aux consommateurs de mener ce combat engagé par les organisations patronales et le syndicat des commerçants. Pour lui, si les produits de premières nécessités sont chers, c’est au peuple comorien, qui fait face à cette cherté de la vie, de mener ce mouvement de grève, mais pas aux commerçants qui s’adaptent au mouvement des douaniers, d’entrer en grève. «Et j’estime qu’entre 2013 et aujourd’hui, les prix des produits alimentaires ont connu une baisse considérable, à l’exemple du riz ordinaire qui se vendait à 8.000kmf le sac de 25 kilos et qui se trouve aujourd’hui dans le marché à 7.000Kmf, soit une baisse de 1.000Kmf», poursuit-il.
A rappeler que le syndicat national des commerçants, les organisations patronales et le syndicat des transitaires ont appelé à une grève de trois jours (27, 28 et 29 janvier) pour protester contre les hausses supposées des taxes douanières.
Leurs principales revendications tournaient autour de trois points : la sincérité de la valeur transactionnelle, les frais de dépotage à domicile des conteneurs et la carte professionnelle imposée aux commerçants moyennant la somme de 30 milles francs comoriens. Il y avait également l’installation annoncée d’un scanner au port de Moroni. Les opérateurs économiques voulaient que ce scanner soit gratuit et qu’aucun frais ne soit prélevé aux commerçants.