Une réunion des commerçants, initialement prévue à la place de l’indépendance à Fomboni hier lundi matin, a été rapidement dispersée par les forces de l’ordre. Elle s’est finalement tenue dans un local en ville. Plusieurs commerçants et armateurs ont fermé leurs magasins pour dénoncer les mauvais traitements qu’ils subissent au port de Mbwangoma, ainsi que les taxes imposées par la direction générale de la Société comorienne des ports (anciennement les autorités portuaires).
Selon Saïd Nanai Abdallah, secrétaire général de l’Union des opérateurs économiques de Mwali, la Scp contraint les commerçants de l’île à payer pour chaque pièce d’un colis dans un conteneur, en plus des 300 000 francs comoriens déjà réglés à Mutsamudu ou à Moroni, sans compter les taxes douanières qui peuvent atteindre des millions.
« À Mwali, les opérateurs économiques souhaitent accélérer le mouvement des marchandises et réduire les coûts tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Mais nous rencontrons d’énormes difficultés dans le processus de dédouanement.
En l’absence d’un port à Mwali, nos conteneurs transitent par Ndzuani ou Ngazidja, ce qui engendre des coûts supplémentaires pour le transbordement jusqu’à Mwali. Il est inadmissible de payer les mêmes taxes deux ou trois fois dans un même pays pour une même société. C’est une arnaque.» a-t-il déclaré, ajoutant que ce système ralentit considérablement l’économie de l’île, déjà fragilisée par la pandémie de Covid-19. «Nous sommes obligés d’augmenter les prix de nos marchandises une fois arrivées dans nos magasins, et ce sont les consommateurs qui en pâtissent. D’ailleurs, cette procédure ne figure dans aucune loi de notre pays », a-t-il précisé.
La gouverneure de l’île, Chamina Ben Mohamed, aurait émis une note suspendant ces taxes dans l’attente de textes légaux, mais cette décision ne semble pas avoir été prise en compte par les responsables de la Scp. Elhalim Hamada Bacar, un commerçant présent à la réunion, a appelé les autorités compétentes à revoir cette situation dans l’intérêt de tous. «Le secteur privé et la SCP doivent coopérer avec synergie et adapter les règlements, les politiques et les programmes aux environnements en constante évolution. La Scp n’est pas là pour nuire aux activités économiques des commerçants », a-t-il déclaré.
Une solution obtenue
De leur côté, les armateurs dénoncent un nouveau prélèvement appelé « droits de toucher », imposant un paiement de 27 000 francs chaque fois qu’un bateau accoste pour décharger des marchandises. «À Mbwangoma, le déchargement dépend du niveau de la mer. Quand elle est basse, les bateaux doivent regagner le large pour éviter de toucher les récifs. Avec cette contrainte, combien de fois serons-nous obligés de payer 27 000 francs par jour pour décharger quelques sacs de marchandises ?», s’interroge Bazahara, propriétaire d’un navire. Actuellement, la plupart des bateaux de Mwali préfèrent effectuer des rotations vers Dar es Salaam ou Ngazidja, plutôt que vers Mwali, à cause de ces frais.
Pour tenter de résoudre cette crise, une réunion de concertation s’est tenue à Bonovo le même jour. La gouverneure Chamina Ben Mohamed a appelé les commerçants à reprendre leurs activités en attendant une solution avec la direction de la Scp. La grève a finalement été levée à la fin de la journée.
Abdillahi Housni