La grève illimitée des enseignants du secteur public, déclenchée la semaine dernière par la Fédération des syndicats de l’éducation aux Comores (Fsec), se poursuit. Toutefois, dans la capitale, le mot d’ordre n’est pas unanimement suivi.
Au lycée Said Mohamed, des élèves ont confirmé que «les cours se déroulaient sans interruption», malgré la grève. Le censeur, Youssouf Idi, affirme sans détour : «Nos enseignants sont régulièrement présents, car ils ne partagent pas la consigne du syndicat appelant à une grève en pleine période de cours».
Selon lui, sur les 67 enseignants affectés au lycée, près de la moitié ne suivent pas le mot d’ordre. Ils n’avaient d’ailleurs pas observé l’arrêt de cours de 72 heures en novembre dernier et ont refusé de geler le premier trimestre, toujours selon lui.
Du côté du collège de Mbueni, les cours ne sont pas interrompus non plus. «Je n’ai forcé personne, ni les enseignants ni les élèves. Toutefois, les cours avancent à un rythme ralenti, car certains enseignants craignent les contrôles des délégués syndicaux», affirme le directeur, Faridy Norbert.
Au collège de la Coulée, si les élèves se présentent, les enseignants, eux, sont rares. «Ces derniers jours, nous avons seulement un cours par jour, au lieu de deux ou trois. Nous avons habituellement des cours de mathématiques et de physique chaque jeudi, mais hier, seul l’enseignant de maths était présent. Mercredi, les professeurs d’histoire-géographie et de français étaient absents. Après le cours d’arabe, nous sommes rentrés chez nous», déplore Abdou Raissa, élève de 3ᵉ.
Même constat à l’école primaire de la Coulée 1. Jeudi, la directrice a relevé que seulement 6 instituteurs sur 24 avaient assuré leurs cours. Une maîtresse de la petite section justifie sa présence. «Je ne suis pas fonctionnaire et je ne suis pas concernée par cette grève», explique cette diplômée en lettres modernes françaises de l’Université des Comores.
Un enseignant, sous couvert d’anonymat, accuse certains membres du syndicat d’être en partie responsables de cette situation. «Je constate qu’un grand nombre d’enseignants refusent de faire grève. Moi-même, je préfère travailler, car je suis déçu par l’attitude de certains responsables syndicaux», confie-t-il.
Contacté par téléphone, un responsable de la Fsec indique que des discussions sont en cours entre des membres du gouvernement, dont le ministre de l’Éducation nationale et celui de la Fonction publique. «Un projet d’accord a été élaboré par ces autorités, et des solutions pour sortir de la crise sont attendues», a déclaré le secrétaire général de la Fsec, Said Abdou Mdarara.Depuis l’année dernière, les enseignants du public réclament l’application du protocole d’accord signé en janvier 2024, notamment la mise en œuvre des effets pécuniaires de la nouvelle grille indiciaire promise par le gouvernement.