Le collectif du «Mouvement anti hausse» regroupant le syndicat national des commerçants (Synaco), la nouvelle Opaco, le syndicat national des pharmaciens d’officine (Snpo), l’association des transitaires, le groupement des vendeurs ambulants (brouettes) et les groupements des vendeurs des marchés de Dubaï, du Petit marché et de Volo-volo, s’est réuni hier, mercredi 29 janvier, en Assemblée générale au foyer Awlad El-Comore. En présence des trois présidents des chambres de commerce de Ngazidja, Ndzuani et Mwali, la rencontre a eu pour objet de dresser le bilan de trois jours de grève, et arrêter les principales revendications, qui devront conduire les prochaines négociations avec le gouvernement. Le président du Synaco a ainsi félicité l’ensemble des commerçants et tout le secteur privé pour leur engagement et leur mobilisation au cours des trois jours de grève.
Négociations avec les autorités
Mohamed Mouigni a salué la détermination et l’esprit de solidarité montrés tout au long de ces trois jours d’arrêt de travail et «qui font la fierté de tous les opérateurs économiques». Il a ainsi rappelé les principaux objectifs de la grève, à savoir dénoncer fermement «l’arrogance et le mépris» dont seraient victimes des opérateurs économiques de la part de la douane. Mohamed Mouigni a montré que la grève a permis de rejeter les «accusations fallacieuses» et toutes les manœuvres tendant à accuser auprès de l’opinion publique les commerçants comme unique responsable de la cherté de la vie, à appeler les autorités gouvernementales à «un dialogue franc, inclusif et ouvert, respectueux de toutes les parties sur la cherté de la vie». Et toujours selon lui, à travers la grève, la mise en place d’un cadre multisectoriel de concertation et de dialogue entre le secteur privé, le secteur public et la société civile reste effective.
Le président du Synaco a indiqué que depuis le déclenchement de ce mouvement de grève, aucune négociation n’a été engagée entre le gouvernement et les responsables du mouvement de la grève. Abderemane Koudra a fait la lecture devant l’ensemble des commerçants des huit points constituant les principales revendications du collectif «Mouvement anti hausse». (Lire ci-dessous).
Le président de la nouvelle Opaco, Mahamoud Ali Mohamed, a souligné que sur l’ensemble des huit revendications, il y en a qui sont urgentes, qui demandent des solutions à l’immédiat, notamment celles liées aux droits et taxes douanières. «Le collectif du « Mouvement anti hausse » est dès aujourd’hui ouvert à toutes négociations avec les différents départements ministériels concernés par ces revendications, pour trouver des réponses à leurs demandes», a-t-il soutenu appelant les autorités à mettre fin «aux menaces et intimidations qui ne favorisent la tenue des négociations franches et sincères».
Le patron de la nouvelle Opaco a fait comprendre que ce mouvement de grève de trois jours était pour exprimer leur ras-le-bol, «mais si le gouvernement décide d’ignorer nos revendications et saper les négociations, l’on se réserve à un mouvement de grève qui sera un peu plus long et dur, que celui des trois jours et qui touchera l’ensemble du territoire national (Ngazidja, Ndzuani et Mwali)»
Les huit revendications du Collectif des commerçants
Le premier point concerne le coût de fret au départ des principaux pays fournisseurs qui, selon eux, ne cesse d’augmenter. Le collectif exige une implication du ministère des Transports comme celui du commerce, auprès de l’autorité portuaire des Comores et le manutentionnaire Moroni Terminal, «qui sont les principaux acteurs de cette situation de hausse», pour trouver une solution à cette question.
Le deuxième point concernant les droits et taxes douanières. Le collectif prend acte des mesures annoncées par le ministre des Finances et s’engage à les examiner sérieusement et positivement.
Mais le collectif demande «le respect des textes légaux et règlementaires» et «l’arrêt de la liberté de la direction des douanes à modifier de manière unilatérale et discrétionnaire les données commerciales». Le Collectif demande l’activation «des dispositifs de rapprochement de la direction générale des douanes avec leurs clients partenaires en cas de litige» et le respect des procédures et diligences prévues par le code des douanes, la reconnaissance, le respect et la facilitation des transitaires à exercer leur mission de représentation de leurs clients.
Le troisième point qui entre également dans le cadre des négociations avec le ministère des finances concerne l’administration générale des impôts et de domaine (Agid).
La quatrième revendication du Collectif concerne la commande publique. Les commerçants jugent que le traitement actuel de la commande publique en excluant systématiquement les entreprises nationales risque de le condamner à la disparition. De ce fait, le collectif sollicite l’ouverture rapide des négociations au plus haut niveau et plus particulièrement avec le ministère des infrastructures sur cette question «pour une évaluation effective de l’application du code de passation des marchés publics». Le cinquième point de revendications concerne l’établissement de loi de finances. Le collectif sollicite l’initiation des consultations du secteur privé avec les différentes administrations au moment de l’élaboration de la loi des finances.
La sixième revendication des grévistes concerne le commerce intérieur. Le collectif constate que l’absence de clarté dans le choix du pays en matière de politique du commerce intérieur aboutit à la désorganisation totale de la chaine de distribution. Il lance un appel urgent à la rectification de cette situation. Le collectif veut que le statut «d’entreprenant» soit reconnu aux vendeurs ambulants et des marchés Volo-olo, Grimaldi (Dubaï) et Petit marché, pour réguler la situation du désordre et de laisser aller sur les différents grands marchés de la ville de Moroni, mais également les différentes taxes exigées par la mairie de Moroni, lesquelles nécessitent aussi d’être clarifiées et expliquées. Il demande l’intervention du ministère de l’Intérieur pour l’ouverture des négociations sur ces points.
Le septième point concerne la protection des consommateurs et la défense de la production nationale. Le collectif considère les services phytosanitaires comme ceux de l’Inrap responsables de la qualité des produits importés comme pour l’entrée incontrôlée des produits agricoles venant directement concurrencer la production nationale. Il appelle le ministère de la Production à mettre en place un cadre de concertation et d’information des partenaires sur les politiques publiques dans ce domaine.
Le huitième et dernier point touche la situation des pharmacies d’officine. Des dispositions règlementaires limitant fortement la capacité d’approvisionnement des pharmacies d’officine avec des risques de rupture dans la disponibilité des médicaments fragilisent lourdement la profession, selon le collectif. L’Ordre des pharmaciens comme le Snpo se trouvent confrontés à une fin de non-recevoir de toutes les demandes de négociation. Le collectif appelle, à cet effet, le ministère de la Santé à mettre en œuvre les diligences nécessaires pour une négociation sincère et transparente avec la profession.