Le personnel de Coca-Cola a entamé, depuis ce lundi 20 octobre, une grève illimitée dans les locaux de l’entreprise. Arborant des bandanas rouges et des T-shirts floqués du logo «Coca-Cola», les grévistes ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Zéro investissement égale fermeture» et «Ensemble, nous pouvons gagner». Sur la grande porte du site, un panneau annonçait la couleur : «Salariés Comco en grève illimitée». Le ton est donné.
Une grève pour redorer l’image de l’entreprise
Selon le porte-parole du personnel, Said Abdou El Hamidi, cette grève vise à «redorer l’image de Coca-Cola dans les deux îles, Ndzuani et Ngazidja». Les employés dénoncent le manque d’investissement promis depuis plusieurs années par la direction régionale de Coca-Cola, Beverages Africa (Ccba). Cette mobilisation n’est pas une première. En novembre 2021, une grève similaire avait éclaté, mais elle s’était vite terminée après la signature d’un protocole d’accord. Ccba s’était alors engagée à investir un million de dollars pour améliorer les conditions de travail, moderniser l’usine de Patsi à Nzuani et renforcer le parc automobile. «Nous sommes en 2025, et toujours rien n’a été fait », déplore Said Abdou.
Les frustrations se sont accentuées au fil des années. En septembre 2023, une panne de machine à l’usine de Ndzuani aurait été gérée, selon le porte-parole, «en faisant appel à des biologistes au lieu de techniciens», une décision jugée absurde par le personnel. Puis, en juillet 2025, Gavine Hudson, chef des opérations de Ccba aurait ordonné la fermeture de l’usine de Nzuani et le licenciement de 50% du personnel sur les trois îles, sans indemnités ni respect du code du travail. « Des employés avec plus de 24 ans de service ont été remerciés comme des moins que rien», regrette Said Abdou. L’entreprise Coca Cola à Mwali n’existe presque plus. Le porte-parole rappelle également que, début 2025, Ccba avait demandé l’appui du gouvernement pour une exonération fiscale de 15 ans, accordée avec l’espoir de redynamiser la production. «Mais sept mois plus tard, ils ont mis les cadenas sur l’usine», dénonce-t-il, s’interrogeant sur les véritables motivations de la direction, qui évoque une «raison économique».
Les employés affirment avoir rencontré les responsables de Ccba à plusieurs reprises ces deux derniers jours, sans aboutir à un accord. «Ils veulent que nous arrêtions la grève avant d’ouvrir les discussions, alors que nous voulons discuter avant de suspendre le mouvement», explique le porte-parole. Les grévistes insistent que leur combat ne porte pas sur les salaires ni sur des avantages financiers, mais sur la relance de l’activité et la restauration de l’image de la marque.
Les employés appellent désormais le gouvernement, notamment les ministères des Finances et de l’Emploi, à intervenir pour faciliter un dialogue avec la direction de Ccba. Une cinquantaine d’employés semblent craindre de se retrouver à la rue sans motif. «Nous craignons de nous retrouver du jour au lendemain au chômage. Ce combat ne concerne pas seulement les employés, mais tout le pays », affirme Said Abdou, rappelant que chaque travailleur contribue à l’économie nationale.
Les grévistes espèrent également obtenir le soutien de la population pour faire entendre leur voix. Face à l’absence de réponse concrète, les salariés de Coca-Cola maintiennent leur position, à savoir, la poursuite de la grève jusqu’à la signature d’un nouvel accord clair et contraignant. «Sans protocole d’accord, nous continuerons notre grève», a conclu le porte-parole, déterminé, entouré de ses collègues.Al-watwan a contacté les responsables de Coca Cola, mais en vain.

