Vous venez d’arriver aux Comores, il y a quelques mois, quelle est votre appréciation du pays ?

Je suis arrivé il y a deux mois pour représenter la Chine aux Comores, un pays qui a une longue histoire et une culture riche. Le peuple comorien aime la paix et le travail. Ces dernières années, sous le leadership du président Azali Assoumani, l’économie des Comores se développe, la position des Comores au niveau international progresse et le bien-être du peuple s’améliore. Comme ami et frère des Comores, la Chine est ravie de voir cette évolution.

Quelles sont vos premières impressions en tant qu’ambassadeur arrivé dans un pays frère ?

À mon arrivée aux Comores, mes premières impressions c’est d’abord la distance qui sépare nos deux pays. Cela fait 20 heures de vol entre la Chine et les Comores surtout qu’en Chine, on dit que peu importe la distance, on peut être des amis. Même s’il y a des milliers de kilomètre entre nos deux pays, nous pouvons être de bons voisins. La deuxième impression, c’est la beauté. J’ai d’abord admiré la grandeur de l’Océan indien et aussi le volcan Karthala. Je suis profondément impressionné par le paysage naturel. Le troisième point c’est la chaleur, non seulement le temps il fait chaud ici aux Comores mais les peuples sont aussi chaleureux.

L’Union des Comores et la Chine sont des pays amis qui entretiennent des relations diplomatiques depuis des années. Que souhaitez-vous pendant votre mandat ?

Durant mon mandat, je dois renforcer les liens avec les personnes de tous les milieux. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères, la ministre de la Santé, le ministre de l’Agriculture, celui de la Poste, etc. J’aimerais aussi établir des liens étroits avec les personnes de mon pays et le peuple comorien afin de créer plus de consensus entre les deux peuples comme sollicite nos deux chefs d’Etats. L’un de mes principaux défis c’est de mieux adapter la stratégie de développement de la Chine avec le Plan Comores émergentes (Pce). Je vais travailler avec mes collègues pour contribuer selon nos capacités, au développement socio-économique des Comores, surtout de mener des coopérations dans le domaine de l’économie bleu, l’économie numérique, infrastructures et le commerce. L’un de mes buts, c’est de visiter les autres îles car, je n’ai pas encore visité les autres îles.

Un forum des ambassadeurs est mis en place pour accompagner le développement de l’Union des Comores. Quel rôle peut jouer la Chine pour impulser la politique de développement de l’Union des Comores?

Je voudrais souligner que la Chine soutient toujours le développement socio-économique des Comores. La Chine soutient aussi les Comores à jouer un rôle important sur la scène internationale. Pour nous, le succès des Comores sur le plan national et international est un succès pour la Chine. Quant au forum des ambassadeurs, c’est la première fois que j’entends cela, mais si le but de ce forum c’est de mieux accompagner le développement des Comores, je vais y participer. Quant au rôle de la Chine, c’est d’abord mettre en place le consensus fait durant la rencontre importante tenue le 9 décembre 2022 entre le président Xi Jinping et le président Azali Assoumani.

«La Chine veut accompagner et soutenir les Comores». Nous avons réalisé des projets d’assistance par exemple, le projet de construction du palais du peuple et la construction de l’aéroport.Et maintenant, le projet de la route à Mohéli est en cours. Il y a aussi de l’assistance à l’Ortc. Nous aimerons que la coopération entre la Chine et les Comores soit un exemple au près d’autres pays. C’est-à-dire encourager d’autres pays à accompagner le développement des Comores.

Le centre Confucius est devenu l’interface entre les Universités chinoises et l’Université des Comores. Que faudrait-il faire pour développer davantage le partenariat universitaire entre l’Université des Comores et les Universités Chinoises ?

Je voudrais souligner que la langue est la meilleure clé pour faire connaissance avec un autre pays.La culture c’est efficace pour faciliter la communication amicale entre deux pays. Je pense que l’institut Confucius qui est installé à l’Université des Comores est un moyen effectif pour renforcer et faciliter les communications sur la langue et la culture entre la Chine et les Comores. J’ai été une fois invité à participer dans une activité organisée par l’institut Confucius, j’ai vu plusieurs étudiants et lycéens qui parlaient très bien la langue chinoise. Cette année, l’institut Confucius va organiser le concours intitulé «Pont du Chinois», j’espère que ce concours va renforcer les échanges éducatifs et culturels entre les deux pays. Cet institut est créé par l’Université de Dalian en Chine et après avoir établi des liens, nous pourrons mener des visites mutuelles entre les professeurs chinois et comoriens et des étudiants afin de mettre en place des programmes d’échange.

L’Union des Comores envisage accueillir les jeux des îles de l’Océan indien en 2027, cependant, il se pose un problème d’infrastructures. A quel niveau la Chine peut-elle accompagner l’Union des Comores à organiser ces jeux ?

D’abord, j’aimerais commencer à vous dire que la Chine soutient les Comores pour la candidature d’organisation des Jeux des îles de l’Océan indien. Malheureusement, la Chine n’a pas droit de vote sur cela; si la Chine avait ce droit de vote, elle voterait pour les Comores. Nous allons soutenir les Comores à accueillir les jeux des îles par des actions précises. La Chine a beaucoup d’expérience dans l’organisation des jeux de grande envergure, dans la mesure où elle a organisé les Jeux Olympiques d’été, les Jeux Olympiques d’hiver mais aussi les Jeux asiatiques. Nous sommes disposés à partager nos expériences si les Comores en ont besoin. Si les Comores voudraient former des spécialistes sur l’organisation des jeux, nous pourrons aussi mener des formations. En plus, la Chine voudrait soutenir l’amélioration des infrastructures sportives des Comores. J’apprends que le stade de Maluzini a été construit par la Chine, nous voudrions soutenir les Comores sur la gestion du stade et l’amélioration de l’infrastructure. En conclusion, nous soutenons les Comores pour organiser ces jeux des jeunes de la Coi.

La Chine fait partie des destinations privilégiées des Comoriens dans le domaine commerciale, mais les opérateurs économiques comoriens rencontrent des difficultés liées à l’acheminement des marchandises. Comment faciliter les échanges entre les deux pays en cette période post covid-19 ?

Je sais que plusieurs commerçants comoriens viennent en Chine pour faire les affaires. Et aussi, sur les marchés comoriens, je vois beaucoup de marchandises chinoises. C’est vrai qu’à cause de la Covid-19, il y a des difficultés sur l’acheminement des marchandises. Je pense que nous devons d’abord renforcer la coopération au niveau gouvernemental.

Nous encourageons l’établissement de coopération entre les entreprises chinoises et comoriennes selon les règles du marché international afin de mener une coopération gagnant-gagnant. Nous voudrions développer le commerce entre nos deux pays à travers des expositions. Cette année, la Chine va organiser la troisième édition de l’Exposition économique et commerciale Chine-Afrique. Nous avons déjà invité les Comores surtout le ministère de l’Agriculture et de la Pêche à participer à cette exposition afin d’exposer les produits comoriens et d’essayer d’exploiter le marché chinois.

Les douanes chinoises ont signé un accord avec le ministère comorien de l’Agriculture et de la Pêche sur l’exportation vers la Chine des produits de mer comoriens. Nous espérons que cet accord va renforcer l’exportation des produits de mer en Chine. On appelle les Comores «Le pays des épices», nous voudrions aussi travailler sur l’exportation des épices comoriennes vers la Chine. Le marché chinois est très grand et nous espérons que les Comores vont le conquérir.

Les Comores ont accédé à la présidence de l’Union africaine. Quel est le rôle que peux jouer la Chine, un partenaire privilégié, pour accompagner la présidence comorienne de l’Union africaine ?

Je voudrais féliciter les Comores pour cette présidence de l’Union africaine (Ua), nous avons déjà transmis la lettre des félicitations du président Xi Jinping au 36ème sommet de l’Ua, à son homologue Azali Assoumani qui est devenu le président de l’Union africaine. La présidence comorienne de l’Union africaine, c’est un bon résultat et une fierté des Comores. Comme la Chine tient de bonnes relations avec les Comores, la Chine voit cette présidence des Comores à l’Ua, un bon résultat pour la Chine aussi. La Chine partage la même position des Comores sur la paix et la sécurité, la paix et l’intégration de l’Afrique, mais aussi la construction d’une zone de libre-échange continentale africaine pour l’Afrique. La Chine va soutenir activement les Comores sur son mandat à l’Ua au niveau régional et international.

La Chine est membre permanant du Conseil de sécurité de l’ONU, l’une des priorités du président Azali Assoumani entant que président de l’Union africaine c’est le droit du continent africain à siéger de façon permanente au Conseil de sécurité de l’Onu et la présence de l’Union africaine au sein du G20. Comment la Chine peut-il accompagner le président Azali à la réalisation de ces vœux ?
L’Afrique est un continent où habite plus de 1,300 milliard de la population mondiale. Le Pib de l’Afrique représente environ 20% du Pib mondial et cela continue d’augmenter. Ainsi, le monde doit entendre la voix de l’Afrique. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité et aussi membre du G20, La Chine espère voir les pays africains dans les plus grands podiums des grandes puissances mondiales. En novembre dernier durant le 17ème sommet du G20, le président Xi Jinping a formulé le soutien à l’Union africaine au G20. Il y a quelques semaines, lors de la conférence ministérielle qui a eu lieu à New Delhi, la Chine a contribué pour l’admission de l’Union africaine au G20 et nous continuerons à contribuer à ce processus. Sur la réforme du Conseil de sécurité, la Chine soutient aussi que l’Afrique trouve une place importante sur la scène internationale.

Quel rôle peut jouer la Chine pour mettre fin à la guerre en Ukraine

La crise en Ukraine est une crise qu’on pourrait éviter. C’est une tragédie qui a beaucoup de contextes historiques et qui a des significations dans notre temps. La racine de cette tragédie c’est l’expansion vers l’Est de l’Otan. Et cela engendre des problèmes de sécurité en Europe. Il y a peu de temps, la Chine a donné sa position sur le règlement politique de la crise ukrainienne, dans laquelle nous avons insisté sur le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque pays, de renoncer à la mentalité de la guerre froide, et de commencer la démarche de mettre fin à cette guerre.

Le cœur de ces propositions, c’est d’encourager la négociation et de guider les gens vers la paix. Mais les efforts pour la paix et la négociation sont abîmés plusieurs fois. Il semble qu’il y a toujours une main invisible qui est en train de manipuler la situation. Il y a des pays qui accusent la Chine de fournir des armes pour une partie, cette accusation n’a pas de faits.La Chine n’est pas à l’origine de cette crise et n’en fait pas partie et elle n’a fourni des armes en aucune partie. Nous nous opposons fermement à ces accusations.

Les sanctions et les pressions ne règleront pas les problèmes. La meilleure solution à cette crise c’est le dialogue. Les préoccupations de toutes les parties dans le domaine de la sécurité doivent être respectées.
Je voudrais souligner aussi que le conflit entre l’Ukraine et la Russie a créé des effets négatifs sur la sécurité alimentaire mondiale. Je crois que les Comores devaient sentir ces changements. Ainsi, nous espérons mettre fin le plutôt que possible à ce conflit et résoudre le problème sur la sécurité alimentaire, cela va être bénéfique pour tous les pays.

Propos recueillis par Chamsoudine Saïd Mhadji et Nourina Abdoul-djabar