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Hadidja Mzé. Le Temple, la longévité et la mémoire

Hadidja Mzé. Le Temple, la longévité et la mémoire

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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Depuis près de quarante ans, elle apporte une originalité certaine dans la vie de l’organe du service public de la presse. C’est que, outre sa bonne maitrise des principaux outils de fabrication du journal, l’ancienne internationale de basket-ball peut se prévaloir de connaissances appréciables en orthographe et grammaire françaises. Sans compter les relations empreintes à la fois d’affection et de rigueur au travail que «Mama Sonia» a su tisser avec l’ensemble du personnels de la maison Al-watwan.

 

Hadidja Mzé a intégré Al-watwan en 1986 au service de comptabilité. Cette originaire de Fumbuni au sud-est de Ngazidja et de Moroni connait, comme sa poche, la «maison» Al-watwan et les différents sièges qui ont abrité Al-watwan Presse Edition (Ape). Elle est, aujourd’hui, la véritable Gardienne du Temple de l’organe du service public de la presse.


Comptable de formation après un bac D en 1978, elle s’était, très tôt, intéressée à la fabrication du journal. Spécialement au montage. La native de Madagascar en 1960, devenue, entretemps, «Maman Sonia», jonglait entre la comptabilité et le montage aux côtés, entre autres, de l’ancien journaliste et tout premier «Secrétaire de rédaction» du journal, Mohamed Hassani, ou encore de Madjuwani hasani, ancien chroniqueur sportif et culturel, éditorialiste et réalisateur de presse.

Table lumineuse, gabarit, picamètre, cutteurs, etc.

A l’époque, il s’agissait de «montage manuel» : «Tout était fait à la main à grand renfort de Table lumineuse, de gabarit, de picamètre, d’encolleuse, de papier bromure, de gouache, de ciseaux ou encore de cutteurs. Dans la mesure où le journal paraissait seulement une fois tous les mois, un «mensuel», cela convenait parfaitement et on arrivait à proposer un produit tout à fait acceptable, même lorsque, un peu plus tard, il deviendra bimensuel», assure-t-elle.Quelques temps auparavant, durant sa formation en comptabilité et en gestion, Hadidja Mzé avait appris à manier l’ordinateur. Aussi, lorsqu’elle était engagée à Al-watwan et que ce nouvel outil de travail a fait irruption dans la rédaction, mais aussi ailleurs dans l’administration publique du pays, elle était la seule à pouvoir se servir. «A l’époque», se souvient-elle, «tous les rédacteurs me remettaient leurs «papiers» (= article de journal dans le jargon du métier) manuscrits que je devais me charger de «taper», comme on disait à l’époque, sur l’ordinateur».

 

Plus tard, avec l’acquisition d’un nouvel équipement informatique, l’«atelier de fabrication» s’est étoffé et «modernisé». «On est passé du simple «montage du journal» à la «réalisation» qui, à Al-watwan, incluait d’autres services et activités», précise-t-elle.Depuis, Hadidja Mzé exerce dans ce service de «réalisation» aux côtés, pendant un certain moment, de Madjuwani hasani, ancien «Premier secrétaire de rédaction», avant d’être rejointe par le tout jeune et efficace Abdallah Iliassa alias Fessoil, entre autres.Depuis cette période, alors qu’entre temps, le bimensuel est passé à hebdomadaire sous la direction de feu Loutfi Chizour, puis à quotidien, sous celle de Mohamed Boudouri, «Mama Sonia» – du nom de sa première fille – s’est imposée et s’impose, aujourd’hui encore, comme étant un élément important de la «réalisation». Cela d’autant plus qu’outre sa bonne maitrise de l’outil informatique et, spécialement, des principaux programmes de fabrication du journal, QuarkXPress et Adobe Photoshop, elle peut se prévaloir de connaissances très utiles en orthographe et grammaire françaises.

Il n’y a pas eu qu’Al-watwan

Mais «Mama Sonia», ce n’est pas qu’Al-watwan presse édition. En 1979, «Hadidja» a fait partie de la sélection nationale féminine de basket-ball qui a défendu les couleurs comoriennes aux tous premiers Jeux des îles de l’Océan indien dans le département français de l’Océan indien, la Réunion. Une de ses filles pratique le même sport. A propos de cet attachement à ce sport collectif, Mama Sonia explique que c’est une passion et une histoire de famille. «Tous mes frères ont été des basketteurs. Même que l’un d’entre eux, l’international Amada Adamo, a largement contribué, aux côtés de feu Fundi Abdallah Ali «Carnet», à la pérennisation de la pratique de cette discipline aux Comores. Par ailleurs, mon jeune frère, qui jouait dans une équipe malgache, a remporté une compétition au Sénégal et avait, une fois, conduit l’équipe comorienne aux Jeux des îles».

Entre sourire et rigueur

Socialement très active, Mdzadze est membre de différentes associations des Zanatane, ces membres de l’ancienne diaspora comorienne de la Grande île).Au journal, elle a su tisser des relations de complicité et d’amitié avec tout le monde, ce qui lui vaut le surnom à la fois affectueux et courtois de «Mdzadze» (la maman). Toutefois, se serait se tromper lourdement de croire que cette complicité ait, une seconde, remplacé le sérieux au travail et la rigueur dans l’accomplissement des responsabilités, pour les uns et pour les autres.Avec les collègues – de la première heure comme des bleus et bleues – en l’espace d’une fraction de seconde, le sourire au coin des lèvres peut alterner avec la nécessité, pour elle indérogeable, de mener à bien sa part du boulot.

Particularité encore, respect mutuel toujours

Les très hermétiques agents du service financier, au premier rang desquels le Daf Taoufik, la bande des journalistes Elie-Dine Djouma et Nazir Nazi, sans compter les «nkapudja» et autres «madjaleo» du genre Mahdawi et Nourina, en savent quelque chose. En effet, ceux et celles qui ont cru, un instant, pouvoir jouer à «la tortue qui voulait se faire plus grand que la vache» devant Mdzadze, ont été rapidement renvoyés dans les filets sous la forme : «eyapvo uonao ntsouwaza yemazefu wahaho, fadhalika weewe!». Et pan!

A près de 60 ans aujourd’hui, Mama Sonia fait partie des personnes qui ont consacré une sereine longévité et voué un amour sans borne à Al-watwan. «Cette longévité, je l’ai forgée. A ce propos, s’il y’a bien une chose qui me répugne, c’est de constater que les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à lâcher le journal dès qu’un contrat leur est proposé ailleurs. Ce n’est pas normal !», lance-t-elle. kozakaya ziliyo, dit l’agdage.En dehors du cadre professionnel, elle se sent très proche de Madjuwani Hassani et Ahmed Ali Amir, par ailleurs deux anciens patrons de la maison : «Il nous arrive de nous crier dessus, mais ça n’a jamais affecté nos relations dans et en dehors du boulot.

Lorsque j’apprenais QuarkXPress, je m’exerçais moi-même et faisais part peu après à Madjuwani du travail fait et cela se passait toujours très bien», se rappelle-t-elle.
Au bureau, Maman Sonia se distingue des autres agents, sans doute surtout, par sa manière très traditionnelle comorienne de s’habiller. Ce choix, explique l’ancienne internationale de basket-ball il y’a plus quarante ans, est dû à l’âge. «Je trouverais complètement déplacé et honteux de m’habiller comme mes filles», confie-t-elle.
Cela, tout en gardant de bonnes relations humaines et de travail avec les plus jeunes et les madjaleo. Depuis toujours, entre elle et eux, il s’est installé, en effet, un réel respect réciproque.

 

 

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