Mon parcours professionnel a été et est jusqu’à présent une bataille pour les droits des femmes», souligne Abdulatif Hadjira. Humble et timide, la coordinatrice du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) est une combattante qui fait encore parler d’elle. Son unique credo est : «encourager les jeunes filles à aller de l’avant et de se dire que tout est possible, il n’y a pas de travail pour homme et d’autre pour femme». Hadjira, une femme engagée qui s’impose depuis plusieurs années sans faire du bruit dans différents domaines, œuvre avec l’Organisation mondiale de la Santé avec ses collègues dentistes africains et elle est membre du comité de coordination et de gestion de la crise de la Covid-19 aux Comores.

Un Bac D en 1994

En dépit des différentes responsabilités qui reposent sur ses épaules chaque matin, la jeune dame a suivi parallèlement des cours de niveau Master en santé publique à Mahajanga où elle a passé sa soutenance par visio-conférence depuis Moroni en décembre dernier. Une des rares femmes médecins comoriennes qui se sont spécialisées dans le domaine de la Santé publique.Hadjira Abdulatif a obtenu un Bac D en 1994 au Lycée Said Mohamed Cheikh et se rendra dans la foulée à Madagascar où elle reviendra avec un doctorat en chirurgie-dentaire, en 2002. Docteur Hadjira entamera alors sa carrière à l’hôpital El-Maarouf, en décembre de la même année.

Parallèlement à ses fonctions de médecin dentiste au Chn El-Maarouf, elle ouvrira son cabinet de consultations privées trois ans plus tard. Elle se verra, ensuite, promue Chef de service d’ontologie Stomatologie en 2009.Passionnée d’études de médecine, celle qui avait d’abord opté pour la série littéraire au Lycée de Moroni a vite changé de paradigme pour pouvoir réaliser ses rêves et atteindre ses objectifs.

Commissaire aux Droits de l’Homme

Grande passionnée de foot et de cuisine, Abdulatif Hadjira est une personne engagée dans la défense des droits des femmes. Un combat qui lui a valu d’être désignée vice-présidente de l’Ordre national des médecins et chirurgiens-dentistes, en même temps, elle est nommée commissaire aux Droits de l’Homme en 2017 pour représenter le corps médical. Militante sociale depuis plusieurs années, notamment pendant son mandat de présidente des étudiants comoriens à Madagascar, elle y a œuvré pour l’amélioration des conditions de séjour des étudiants qui étaient en situation irrégulière dans la Grande île. Aussi, elle a réussi à obtenir, en 2014, l’assistance de l’organisation Aide out of the World pour venir prodiguer des soins aux enfants comoriens présentant des problèmes dentaires.

Humanitaire engagée, Dr Abdulatif Hadjira ouvre sa maison aux gens comme elle ouvre son cœur à ses patients. Elle nous avouera ainsi son amour à recevoir du monde à la maison. C’est donc une femme qui aime «prendre soin des autres». Elle dit être toujours au chevet des nécessiteux et ne rechigne pas à rendre service quand il le faut.

La médecine, un rêve d’enfance

Une petite anecdote de notre toubib. Elle dit avoir eu l’idée de faire la médecine dès son jeune âge. Elle avait une forte admiration à la profession de médecin et désapprouvait le mauvais accueil dont elle a elle-même était victime dans certains centres hospitaliers du pays. «Quand je voyais la façon dont on était traité dans une clinique ou dans les hôpitaux, je me donnais un défi de faire mieux plus tard», confie-t-elle aujourd’hui. Une information confirmée par un ancien patient de son cabinet dentaire : «J’étais surpris d’avoir reçu un tel accueil aux Comores, chose qui est rare». 

En effet, Hadjira Abdulatif fait partie des rares blouses blanches aux Comores qui accueillent les patients avec empathie et un sourire aux lèvres.
Abdulatif Hadjira, cette chirurgienne-dentiste affirme que le plus gratifiant dans son travail, c’est de pouvoir remonter avec succès le moral de ses patients. «C’est surtout ce niveau de pratique, si tu vois un patient arriver dans ton cabinet en pleurant et qu’en sortant il sourit avec satisfaction. Je me sens gratifiée parce que je suis arrivée à mon objectif».

Depuis son bureau au Pnlp, elle nous prodigue un conseil de son feu papa qui disait de «ne jamais rien attendre en retour». L’officier Covid à la Confédération africaine de football (Caf) est aussi une fan et une supportrice du Paris-saint Germain et de Ngaya Club de M’de ya Bambao.

Nourina Abdouldjabar