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Hamadi Idaroussi, secrétaire général du gouvernement I «Trois grandes priorités peuvent être globalement dégagées : le développement d'infrastructures socioéconomiques, l'industrialisation du pays et la création d'emplois»

Hamadi Idaroussi, secrétaire général du gouvernement I «Trois grandes priorités peuvent être globalement dégagées : le développement d'infrastructures socioéconomiques, l'industrialisation du pays et la création d'emplois»

Société | -

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Dans une interview exclusive accordée samedi 8 août à Al-watwan, le secrétaire général du gouvernement revient sur le Plan de développement intérimaire (Pdi) validé deux jours plutôt au Golden Tulip en présence du chef de l’Etat. Hamadi Idaroussi explique que ce plan se décline en priorités déjà affirmées dans le Plan Comores Emergentes (Pce) approuvé par les Comores et la communauté internationale à l’issue de la Conférence des partenaires au développement des Comores (Cpad) organisée en décembre dernier à Paris.

 

C’est quoi le Plan de développement intérimaire (PDI) ? Et en quoi diffère-t-il du plan Comores Emergent (PCE)?
Le Plan Comores Emergentes (Pce) et le Plan de développement intérimaire (Pdi) sont deux documents de planification du développement de notre pays qui se complètent. Le premier donne la vision et fixe les orientations et le deuxième met en œuvre cette vision en fixant les grandes priorités. Autrement dit, le Pdi est le document d’opérationnalisation du Pce.

Quelles sont alors les grandes priorités pour la période 2020-2024 ?
Trois grandes priorités peuvent être globalement dégagées: il s’agit d’abord du développement d’infrastructures socioéconomiques, ensuite de l’industrialisation du pays et enfin de la création d’emplois, un corolaire des deux autres priorités.

 

Lire aussi : Emergence des Comores à l’horizon 2030 I Le gouvernement valide le plan de développement intérimaire 2020-2024

 

En 2016, le gouvernement disposait d’un Plan d’investissement quinquennal (PIQ) de 474 milliards. Y-a-t-il eu évaluation ? Quels sont les enseignements tirés ?
Le rapport national volontaire sur les Odd (Objectifs de développement durable) présenté lors du lancement du Plan de développement intérimaire par le chef de l’Etat le jeudi 6 août 2020 a bien montré que des améliorations positives, concrètes et salutaires des conditions de vie des populations sont enregistrées durant la période 2016-2019, tout ceci n’est autre que le résultat de la mise en œuvre de ce PIQ, lequel a permis, entre autres, de rétablir l’eau et l’électricité, de construire des routes, de réhabiliter et de construire des écoles et des établissements sanitaires.

Vous avez évoqué un plan de création de 80 mille emplois d’ici à 2024. Etes-vous réalistes dans cette ambition?
Si nous envisageons d’investir plus de mille milliards de nos francs pour la même période, cela suppose qu’un milliard investi va générer 80 emplois, est-ce une exagération ? N’est-ce pas là d’ailleurs une sous-estimation du nombre d’emplois réels ? Mais on a donc voulu pour plus de pragmatisme, maintenir cette tendance minimaliste, c’est aussi une approche de travail.

Quel regard portez-vous sur le fonctionnement de l’administration publique. Pensez-vous qu’en l’état actuel des choses, elle peut être un support sûr et efficace de l’Emergence et de l’impulsion des politiques de développement ?

Tout le monde admet que notre administration est gravement malade, raison pour laquelle sous l’impulsion du chef de l’Etat, son Excellence Azali Assoumani, d’importantes réformes profondes sont engagées depuis 2016 en vue de la rétablir et de lui conférer son rôle central dans l’émergence de notre pays et croyez-moi les résultats ne tarderont pas à venir.

 

 

 

Le constat est alarmant dans les sociétés d’Etat. Quelles sont les mesures à prendre en urgence pour permettre à ces entreprises publiques de renouer avec les indicateurs de performance ?

La règle unique en matière de gestion, pour une entreprise ou une société en débâcle est le «redressement» et c’est ce à quoi le gouvernement va s’atteler dans les prochains jours comme il a été préconisé lors de l’atelier de lancement du PDI. Je rappelle aussi que le redressement des sociétés d’Etat est une des préoccupations majeures du chef de l’Etat.

Au Golden Tulip, vous avez évoqué un plan national de formation. Comment comptez-vous parvenir à le concrétiser?
Le plan national de formation a pour objet de mobiliser les ressources humaines et les compétences requises pour une mise en œuvre efficiente du Pdi. Pour le mettre en œuvre nous comptons sur le partenariat mais aussi sur les capacités nationales, y compris bien sûr la diaspora. Je rappelle à titre d’illustration, que lors de la conférence de Paris, le Maroc a promis d’octroyer à notre pays trois mille bourses pour la période 2020-2022. Ces bourses seront capitalisées pour accompagner le plan Comores émergent.

Comment se fait le travail de mobilisation des fonds de la Conférence de Paris ? Il était question de création d’un Fonds souverain d’investissement. Où en est-on ?
Le fonds d’investissement est créé et a servi grâce aux efforts du ministre des Finances à financer de nombreux projets d’investissement, en particulier les routes secondaires et les voiries. S’agissant de la mobilisation des fonds de la conférence de Paris, nous sommes en train de finaliser les outils de mobilisation mais d’ores et déjà et en dépit de la pandémie du covid-19, nombreux sont les partenaires qui se sont positionnés, notamment, le Groupe Egyptien AL Sewedy qui a déjà signé un mémorandum d’entente avec le ministre de l’Economie, pour la construction du Galawa et la réhabilitation du port de Moroni, la société Allemande Sunfarming qui s’apprête à signer bientôt un mémorandum avec le même ministre pour la construction d’une centrale solaire de 20MW, le Fonds Emirati d’investissement, qui a déjà sélectionné la société adjudicataire du projet de construction d’une centrale solaire de 10MW dans le Washili, pour ne citer que ceux là.

Mais par rapport à la rupture du contrat avec le groupe Armada, certains parlent d’un échec pour le gouvernement!
C’est plutôt un échec pour le groupe Armada qui n’a pas pu nous truander mais ceux qui spéculent sur ce cas n’ont pas compris ce que c’est un contrat. A ceux-là je rappelle qu’un contrat est, soit respecté, soit rompu et entre les deux c’est la lâcheté.

Le gouverneur de Ndzuani se plaint qu’on lui grignote ses pouvoirs. Le champ des compétences des gouvernorats reste dans le domaine constitutionnel mais aucun texte, depuis 2018, n’est venu le préciser. Qu’en est-il ?
Les gouverneurs ont raison de vouloir connaitre leur positionnement par rapport au nouveau cadre institutionnel établi. Mais cela, comme le chef de l’Etat l’a répété lors du lancement du Pdi, sera clarifié par les textes en cours de préparation pour une soumission prochaine à l’assemblée nationale. En attendant, le bons sens, la collaboration et la cohésion doivent être de mise.

 

 

 

Le gouvernement prône une réforme des préfectures avec des missions claires en parfaite complémentarité avec celles des communes. Quelle pourrait être la nature de ces réformes et pour atteindre quels objectifs ?
Ces réformes s’inscrivent dans le cadre des réformes de l’administration citées ci-haut et programmées dans le Pdi. Il s’agira particulièrement, de doter les préfectures d’un statut administratif précis et légal, lequel n’existe pas présentement, de réviser leur organigramme non adapté et finalement de les doter de cadres organiques adéquats pour répondre à leurs missions régaliennes dévolues.

Comment appréhendez-vous la situation politique actuelle du pays?
Ma lecture est la suivante : j’ai l’impression qu’actuellement les comoriens sont divisés en deux catégories: une, composée par des gens patriotes, ambitieux, courageux et soucieux des préoccupations de leurs compatriotes et une autre, composée par des gens complètement antagoniques qui manifestent une croyance inouïe à la diversion et au bellicisme.
Et c’est tellement dommage car il s’agit de deux groupes d’un même pays et d’une même nation, mais comme dit l’adage : «MBANI BARINI»

Un mot sur la covid-19?
J’insiste sur les mesures barrières en vigueur et un comportement responsable de la part de tout un chacun pour mieux juguler la pandémie.


A.S.Kemba

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