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Hamalengo, la zone agricole de Banda Samlini  I Des terres fertiles et des agriculteurs dévoués

Hamalengo, la zone agricole de Banda Samlini  I Des terres fertiles et des agriculteurs dévoués

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

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«Le responsable commercial du Crde, Thakfiou Achirafi, ajoute que le Crde offre une assistance multiforme aux agriculteurs «pour que, au final, nous puissions proposer des prix accessibles sur les marchés». «Nous analysons le compte de résultat, les tendances des marchés et la production, puis nous fixons un prix qui garantit à la fois rentabilité et accessibilité», devait-il développer.»

 

La culture vivrière est prédominante dans cette région, faisant de Hamalengo le grenier de Ngazidja. «Regroupant plusieurs villages, Hamalengo est l’une des zones qualifiées de grenier dans notre pays», a indiqué le responsable du pôle développement local durable au Centre rural de développement économique (Crde) de Dibwani-Hamalengo, Amirdine Soulé, avant de détailler qu’»ici, les agriculteurs cultivent une variété de produits tels que le maïs, le manioc, les légumes, les épices, et même des fruits exotiques comme la pastèque. Les terres fertiles et le climat favorable permettent aux agriculteurs de produire des produits de qualité, très appréciés par les consommateurs locaux».


Les Crde aux Comores jouent un rôle crucial dans le développement agricole et rural du pays. Leurs missions sont multiples, notamment l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs et le renforcement de la production agricole. «Les Crde fournissent des conseils techniques aux agriculteurs sur les meilleures pratiques culturales, la gestion des sols, l’utilisation d’engrais et de pesticides, mais également la lutte contre les ravageurs et les maladies», explique pour sa part le directeur du centre de Hamalengo, El Moustoifa Oubeid.


Il en existe neuf Crde à Ngazidja et celui de Hamalengo, communément appelé centre de Dibwani, nom du village voisin, est un exemple de réussite en matière d’agriculture et d’élevage, à en croire les responsables et agriculteurs interrogés. «En plus des formations, des semences de multiplication rapide des plants, nous bénéficions d’un appui en matériel nous permettant de cultiver la terre avec plus de facilité. Déjà ici, il y a des tracteurs qui peuvent en une heure de temps faire un travail de défrichage de 5 jours», nous confirme Moinaecha Msaidié qui nous a accueillis avec bienveillance dans sa plantation de pomme terre.


En ce moment, Moinaecha Msaidié ou Maman Aicha est en pleine récolte. Vêtue d’un large boubou et assise à même le sol, elle nous accueille avec un sourire rayonnant. «Le week-end, ma fille qui est scolarisée dans le village voisin, vient m’aider. C’est un soutien précieux», explique-t-elle en nous montrant sa fille, présente lors de notre visite, avant de détailler son activité du jour. «Pour les pommes de terre, la récolte se fait trois mois après la plantation. Ce n’est pas compliqué ; on fouille la terre pour déterrer les pommes de terre. Une fois collectées, nous faisons le tri, les grosses sont dédiées à la commercialisation et les petites, nous les conservons pour servir de nouvelles semences», a-t-elle fait savoir.


Répondant à la question sur le prix du kilo, elle nous offre un sourire. «Le prix est fixé en accord avec le Crde», précise-t-elle. Le responsable commercial du Crde, Thakfiou Achirafi, ajoute que le Crde offre une assistance multiforme aux agriculteurs «pour que, au final, nous puissions proposer des prix accessibles sur les marchés». «Nous analysons le compte de résultat, les tendances des marchés et la production, puis nous fixons un prix qui garantit à la fois rentabilité et accessibilité», devait-il développer.


La parcelle de Moinaécha surplombe une plantation de bananes et jouxte un champ de persil. En descendant, nous rencontrons des planteurs de choux-fleurs. «La zone de Hamalengo est connue pour sa diversité de productions. C’est notre grenier, car elle produit une grande variété de produits agricoles. Ce qui en fait une région essentielle pour l’alimentation de la population», souligne un ingénieur agronome et planteur de choux-fleurs.


Fier de son travail, il déclare qu’» ici, c’est mon bureau. Je suis au champ sept jours sur sept». Originaire de Ndzuani, cet ingénieur agricole nous dit qu’il a reçu, comme la plupart des producteurs de la zone, un espace cultivable de l’État. «Tous les Comoriens sont les bienvenus ici, à Hamalengo. Le facteur déterminant, c’est le travail et l’abnégation. Nous avons une terre immense exploitable. Le Crde de Hamalengo couvre plusieurs dizaines d’hectares. Avec l’accord des communautés rurales, l’État attribue des parcelles à tous ceux qui souhaitent travailler la terre et leur octroie un titre d’occupation», a-t-on informé.


La nouveauté majeure pour les producteurs de la zone est l’aménagement d’une route reliant Dibwani à la région de Mbude en passant par le Crde de Hamalengo. Finies les difficultés liées au transport des marchandises ! Bien qu’il y ait encore des piétons portant des colis sur la tête pour une petite balade, l’accès à la zone agricole s’est considérablement amélioré. La route, une piste de 7 km en béton hydraulique, a été aménagée par l’État grâce au Projet intégré de développement des chaînes de valeurs et de compétitivité (Pidc).


«Cette amélioration des infrastructures routières a désenclavé la zone agricole et a facilité la distribution des produits. Les agriculteurs peuvent désormais acheminer leurs produits vers les marchés plus rapidement et plus économiquement», s’est réjoui un taximan rencontré sur un espace servant de gare principale, bien qu’encore non aménagé. Il est évident que le mode de vie a changé, et l’aménagement de cette route a contribué à améliorer la qualité de vie des habitants et des agriculteurs.


Le directeur de Hamalengo a exprimé sa joie pour ces avancées notoires. Il remercie l’État pour les efforts fournis en faveur de l’autosuffisance alimentaire. «Les formes d’assistance fournies par l’État ont contribué à réduire la pénibilité du travail agricole, à augmenter les revenus des agriculteurs et à améliorer leur productivité. Avec plus d’implications, nous parviendrons à l’autosuffisance alimentaire tant réclamée par la population», rassure El Moustoifa Oubeid.


Au cœur de ce dynamisme agricole, le Crde se projette vers l’avenir et espère, après la phase d’augmentation de la production, passer à celle de la transformation. Toutefois, le plus déterminant reste la qualité des produits, lesquels doivent être à la fois résilients et faciles à produire. Dans ce cadre, le périmètre de démonstration, de multiplication et de diversification du Crde sert de point névralgique. Celui-ci est supervisé par Mounira Mohamed, ingénieure agronome en charge de la recherche et de l’expérimentation pour améliorer la productivité et la qualité des produits agricoles.

De nombreux avantages

«Tout produit cultivé passe d’abord par ce périmètre», précise-t-elle avant de poursuivre que «les chercheurs et les agriculteurs collaborent pour tester de nouvelles variétés de cultures, que ce soit pour les bananes, les poivrons ou les ananas. Tout passe par ici» Ces travaux de recherche contribuent à améliorer le rendement de la zone agricole de Hamalengo. «Ce sont ces travaux qui nous ont permis aujourd’hui de mettre sur le marché plusieurs variétés de bananes, dont la fameuse variété améliorée. Nous introduisons de nouvelles variétés tout en préservant les anciennes du terroir. L’objectif est de proposer sur le marché des variétés de qualité supérieure à des prix abordables», explique-t-elle tout en démontrant le processus.


Cependant, malgré les nombreux avantages que présente la zone de Hamalengo, le non-renouvellement de la population agricole constitue un défi majeur.
Les jeunes agriculteurs se font rares, même dans cette région réputée pour sa facilité d’exploitation. Les responsables se voient obligés de recruter des jeunes étrangers. C’est le cas de Mayounguo, un jeune tanzanien recruté pour conduire le tracteur.

«Les jeunes générations sont souvent attirées par les villes et les emplois de bureau, laissant les anciens agriculteurs seuls pour cultiver les terres. Il est urgent de trouver des solutions pour attirer les jeunes vers le secteur agricole et assurer la relève des anciens», tire la sonnette d’alarme le directeur général du Crde, El Moustoifa Oubeid.

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