Les institutions partenaires du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ont bénéficié d’une formation sur le harcèlement au travail. Soixante-quinze personnes, principalement des femmes, ont participé à cette formation d’une journée en deux étapes. La deuxième session a eu lieu ce mercredi.Différentes institutions de l’île ont profité de cette journée de formation qui s’est tenue dans un hôtel à Mutsamudu.
Ibtissama Said Ahmed Elkabir, le point focal du Pnud sur les questions d’abus, d’exploitation et de harcèlement sexuel, a été la formatrice. «Conformément à nos politiques actuelles, nous sommes tenus de former et de sensibiliser nos partenaires à toutes les questions liées à la sexualité. Nous avons accueilli 75 personnes en deux sessions, provenant de différentes institutions collaborant avec nous. Je pense que les causes du harcèlement résident dans les relations de pouvoir et dans le manque de connaissance des interdictions, ce qui pousse les gens à abuser de leur pouvoir.
C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser, de communiquer les règles, les procédures pour signaler les cas, ainsi que d’apporter un soutien aux victimes », a-t-elle expliqué.Le secrétaire général adjoint du gouvernorat de l’île, Anli Ridhoi, a quant à lui souligné que l’enlisement des affaires en justice constituait l’un des principaux obstacles pour les victimes qui hésitent à dénoncer des actes de violence ou de harcèlement.
Ancien commissaire de police, il a déclaré : «C’est au niveau de la justice que tout se bloque. Des autorités de haut niveau interviennent dans les affaires. Le problème réside dans le système judiciaire, ce qui dissuade les gens de parler. »Pour Faizla Abdallah Saïd, responsable de la santé de la reproduction à la direction régionale de la santé, la question de l’exploitation sexuelle et des abus sexuels est un tabou aux Comores.
Elle a déclaré : «Toutes ces formes de violence et d’abus sexuels que nous observons ailleurs reflètent également la réalité de nos îles. La différence réside dans le fait qu’ailleurs, les gens osent en parler. Dans notre contexte comorien, les gens ont du mal à s’exprimer, à obtenir un soutien psychologique et à trouver quelqu’un en qui avoir confiance. Les causes de ce phénomène sont liées à la culture, au fait que les parents n’aiment pas que ces sujets soient évoqués. Parfois, il s’agit d’une question de supériorité et de pouvoir, où les personnes moins privilégiées se sentent vulnérables. »
Quant à Fatima Bacar, responsable du service d’écoute de Hombo, elle a insisté sur l’importance de ces formations pour encourager les victimes à s’exprimer. Selon elle, « il est important de saisir cette opportunité pour parler, pour raconter les difficultés rencontrées au quotidien au travail, et pour réfléchir à la manière de lutter contre ce fléau ».
Il est tout aussi essentiel, toujours selon elle, que «les sujets liés à la violence soient abordés lors des réunions mensuelles ou hebdomadaires au sein des institutions, et que les victimes soient soutenues ». Ensuite il faut « identifier les problèmes est le premier pas vers les solutions. C’est lors de ces moments, en particulier, qu’il faut en parler ».