La hausse des prix des produits pétroliers fait beaucoup jaser à Ndzuani, dans tous les milieux socio- professionnels. Déjà parce que beaucoup de personnes n’avaient pas tout à fait compris que les prix annoncés dans l’arrêté du ministre de l’Economie du 28 mai étaient ceux des pompistes, dans les stations-service.
Elles sont donc surprises de constater que chez les revendeurs, le litre de pétrole lampant revient à 450 francs, celui de l’essence 850 francs et celui du gas-oil jusqu’à 750 francs. Conséquences : de nombreuses familles utilisent de nouveau le bois pour cuisiner, et de nombreuses personnes ont revu la fréquence de leurs déplacements, au grand dam des transporteurs en commun. “L’on nous dit que nous allons gagner de l’argent grâce à la montée des tarifs dans le transport, mais comment alors qu’il n’y a plus de passagers”, se lamentait un chauffeur de bus de la ligne de Sima, quatre jours après l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs.
Des voix demandent une hausse des salaires
Les natifs de Ndzuani, (du moins ceux qui s’expriment ici) parlent de leur quotidien comme durement affecté par cette hausse. C’est notamment ce que pense Sittina-Echat Salim, mère de famille, militante associative et directrice régionale de la solidarité et de la promotion du genre. “Cela est dû à la conjoncture économique internationale, nous l’admettons, mais la vie devient tout de même de plus en plus dure. Et ici à Ndzuani plus qu’ailleurs. Ici les prix sont souvent plus élevés que dans les autres îles. Prenons le cas du taxi urbain : il a atteint 350 francs ici alors qu’il est seulement de 300 francs à Moroni. Le gouvernement devrait aussi penser à rehausser le pouvoir d’achat des travailleurs, il devrait se demander comment un homme qui perçoit 50.000 francs par mois peut survivre à tout cela”.
Le même argumentaire est repris partout, presque par tout le monde, à des nuances près. Ahmed Malide, président de la Maison des organisations de la société civile (Mosc), estime lui aussi que “la hausse des prix des produits pétroliers a un impact direct dans la vie quotidienne de tous les citoyens comoriens”, et que “les autorités auraient dû au préalable sensibiliser la population sur les enjeux économiques et les impacts y afférents”. “Cette décision aurait de même dû être prise de façon collégiale, avec la société civile.
Cette décision est de toute façon contraire à ce que l’’on a proposé lors du dialogue national. J’invite les autorités à très vite revoir la réglementation des prix et son suivi. Nous avons besoin d’une décision qui équilibre les salaires actuels pour éviter une autre forme de crise”, conclut-il.Rehausser les revenus de la population active, c’est donc le leitmotiv. Saïd Ibrahim, professeur d’anglais au lycée de Mutsamudu, s’y inscrit aussi. “L’impact est général. La solution c’est d’augmenter les salaires de tous les travailleurs, pas seulement les fonctionnaires”, est-il persuadé.