Les prix des produits pétroliers sont entrés en vigueur depuis une semaine. La décision serait prise pour sauver la société d’Etat des hydrocarbures, laquelle a enregistré une perte passée de 800 millions à un milliard de francs comoriens à chaque cargaison. Soit une perte d’un milliard de francs à chaque quarante-cinquième jour.
Une hausse qui pourra inéluctablement impacter plusieurs secteurs notamment le transport, la vente des produits de première nécessité, entre autres. Le même phénomène a eu lieu dans des pays. Mais les autorités habilitées ont plus ou moins pris des mesures d’accompagnement pour que «le bas peuple» puisse supporter les conséquences, entre autres, l’achat du litre du pétrole lampant qui se vend actuellement, auprès du revendeur, entre 400 à 500 francs. Les interrogations pleuvent à cause des conséquences de cette hausse des prix des hydrocarbures dans le pays.
L’ancien parlementaire, Oumouri M’madi Hassani, se montre favorable à ladite hausse, expliquant qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort de la société comorienne des hydrocarbures (Sch). Il évoque le coût actuel du transport d’un conteneur. « Le prix pour le transport du conteneur de 40 pieds a doublé», lance-t-il. Il insiste néanmoins sur la nécessité de respecter les textes. «Comment les gouvernants vont-ils justifier l’augmentation des hydrocarbures ? Il leur faut une ordonnance présidentielle ou par un texte parlementaire. Qu’ils convoquent une session extraordinaire», martèle-t-il.
Oumouri M’madi Hassani insiste également sur la nécessité d’accompagner le peuple face à l’augmentation des prix des produits pétroliers.
Selon lui, l’augmentation des salaires des employés étatiques n’aura pas assez d’impact. Il propose la réduction des taxes des exportateurs. «Nous avons peu de fonctionnaires pour couvrir les conséquences de cette mesure. Soit le gouvernement pense à alléger les taxes des importateurs, soit il pense à la mise en place d’une centrale d’achat. La centrale d’achat pourrait équilibrer les dépenses et recettes des différents acteurs», propose-t-il.
De son côté, Ibrahim Papa, ancien député, trouve que «revoir le prix du litre reste injustifiable». A l’entendre, «la hausse des prix aux Comores ne peut être liée à la guerre d’Ukraine». Le douanier avance en effet que la production des produits pétroliers et leur transportation vers le pays ne sont pas touchées par ledit conflit. «Quel est pays de la région où l’on a augmenté ces prix ? Au Sénégal où le gaz pose problème à cause de la crise, les autorités déploient des efforts pour l’exploitation de leur propre gaz. Que les gouvernants nous parlent du dossier de notre pétrole», précise-t-il.
Par rapport aux mesures d’accompagnement, Ibrahim Mohamed Papa reste convaincu qu’il existe des moyens pour économiser pleinement pour éviter la revue à la hausse des prix des hydrocarbures. Il rappelle toutefois que les sacrifices doivent se faire à tous les niveaux. « Il n’est pas nécessaire de doubler les prix. Pensons à réduire les dépenses de l’Etat. La dotation du transport des ministres, directeurs généraux et députés doit impérativement revue à la baisse. Les primes alimentaires de nos forces armées, qui sont assurés par la Sch, doivent être réduites», détaille-t-il. Il déplore, par ailleurs, «le manque de transparence au niveau de la structure des prix alors qu’il s’agit de l’argent du peuple».
Des interrogations sur cette hausse
L’ancien député de Moroni Nord pointe aussi du doigt «le manque de transparence dans les dossiers d’appel d’offres» dans l’acquisition des cargaisons. «Les contrats pétroliers se font d’ailleurs pour un an, deux ans ou trois ans. Donc, comment rehausser ces prix au cours de l’année ? Le contrat qui lie la Sch et son livreur, est-il à terme ou en cours de renouvellement «, s’interroge-t-il.Une source au sein de la Sch, qui préfère garder l’anonymat, propose plutôt d’alléger des taxes de la société d’État. «Soit l’Etat suspend temporairement les impôts : taxe unique, dividende et autres, soit il subventionne la société», pense-t-il.