Dans l’île de Ndzuani, la hausse générale des prix, aggravée par la récente revue à la hausse par le gouvernement des prix des produits pétroliers, affecte durement le secteur hôtelier. A peine sortent-ils de la crise sanitaire mondiale de la Covid-19, voilà que les établissements hôteliers doivent déjà faire face à un dilemme : revoir à leur tour tout à la hausse, au risque de perdre le peu de clients qui les fréquentent, ou maintenir leurs tarifs actuels et s’assurer une faillite quasi certaine ?
Nourou Youkina, propriétaire de l’Hôtel des Iles, a choisi la première option, tout en redoutant ses conséquences. «Je suis obligée de hausser mes prix car tout est cher maintenant : le gaz, l’électricité, les aliments au marché… Mais quand j’augmente les prix, la demande baisse, je vends moins. Et pourtant j’ai des employés et des salaires à payer à la fin du mois. Il faut savoir que l’hôtellerie chez nous est peu rentable. Les prix des produits pétroliers doivent nécessairement baisser ; nous ne pourrons pas tenir longtemps dans cette situation», confie-t-elle.
«Nous sortons déjà de moments difficiles»
Si la patronne d’Hôtel des Iles craint de ne pas faire long feu dans cette crise inflationniste, son confrère de l’hôtel Al-amal (un établissement public) semble déjà presque sur la touche. «Actuellement l’hôtel n’a d’autre activité que les soirées dansantes. L’on vendait de la pizza, mais la cherté du taxi, consécutive à la hausse des prix des carburants, a fait que nos clients qui habitent loin, comme Ouani et ailleurs, ne viennent plus. Cette réduction de la mobilité des gens a aussi affecté les soirées dansantes. Nous sortons déjà de moments difficiles : après la crise de la Covid-19, le gouvernement nous avait envoyé des migrants malgaches que nous hébergions ici, et dont la présence dissuadait déjà les clients de venir…», se plaint Moustakim Ahmed.
Pour avoir la mesure concrète de cette hausse généralisée des prix, un autre patron d’hôtel, Bacar Zaki, a choisi d’avancer quelques chiffres. «Les gens ne mesurent pas encore bien l’impact de cette hausse, mais ils le verront clairement lorsqu’ils iront recharger leur électricité. Moi j’utilise l’énergie solaire dans mon hôtel du matin jusqu’à 18 heures, puis celle de la Sonelec la nuit. Jusqu’ici je payais par mois une facture de 100 000 à 150 000 francs. Là nous ne sommes qu’au milieu du mois, et j’en ai déjà rechargé pour 300.000 francs !», s’exclame-t-il. Et d’ajouter : «C’est seulement l’énergie, nous n’avons pas encore parlé du reste. La pomme de terre est passée de 750 à 1 500 francs ! Les gens font monter les prix à leur guise ! Le plateau d’œufs était à 2 500 francs, il est maintenant à 3 000».
Lorsque nous lui demandons quelle aide souhaite-t-il recevoir du gouvernement, le propriétaire de l’hôtel Le Papillon préfère ne plus se faire d’illusions : «l’ors de la crise de la Covid-19, le gouvernement nous avait promis une remise sur la consommation de l’électricité. Je ne l’ai jamais reçue».