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Hommage à Alhabib Omar bin Ahmed bin Soumeit I «Un fervent musulman et ambassadeur de la religion»

Hommage à Alhabib Omar bin Ahmed bin Soumeit I «Un fervent musulman et ambassadeur de la religion»

Société | -   Nassila Ben Ali

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Les Comoriens et les étrangers se réuniront aujourd’hui à Itsandra Mdjini pour la 46 ème commémoration de la mort du premier grand mufti des Comores, Alhabib Omar Bin Ahmed Bin Soumeit. Il s’agit d’une grande figure religieuse du pays qui a marqué son époque, qui a brillé en Afrique de l’Est, notamment à Zanzibar, en Tanzanie, où il a été pendant plusieurs années grand cadi avant sa nomination comme mufti de la République aux Comores par le président Saïd Mohamed Cheikh, en 1963. «Nous, Comoriens, l’aimons beaucoup et l’avons même immortalisé dans le billet de 10.000 francs», disait un ancien président lors d’une commémoration

 

Après les cérémonies en hommage à Alhabib Omar Bin Soumeit qui ont lieu avant-hier dimanche et hier lundi, à Samba Mbodoni et Dzahani ya Tsidje, plusieurs Comoriens et étrangers venant spécialement de Zanzibar, Hadramaout et autres, vont se retrouver aujourd’hui, à Itsandra Mdjini, pour commémorer la mort du premier grand mufti de la République, sachant que les trois dernières années marquées par la crise sanitaires de la Covid-19, sa commémoration n’a pas été effectuée. A cette occasion, Al-watwan s’est attardé sur la vie de cet érudit comorien, grande figure de la religion musulmane de l’Afrique de l’Est.

Nommé mufti de la République en 1963 par le président Cheikh

De son vrai nom, Alhabib Omar bin Ahmed bin Aboubacar bin Abdillah bin Abdourrahmane bin Muhammad bin Zaïd bin Soumeit (source : muftorat) est le premier grand mufti des Comores. Il a été nommé mufti de la République, en 1963, par le président Said Mohamed Cheikh, à la demande du grand cadi de l’époque, Said Mohamed Abdourrahmane. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort, en 1976. Avec ce poste, certaines personnes n’ont pas hésité à le qualifier «d’ambassadeur de la religion musulmane dans le pays», en raison des relations tissées avec les grandes figures de la religion en Afrique de l’Est, mais également dans le monde entier.


«Après le déclenchement de la révolution tanzanienne, notamment à Zanzibar, laquelle a précipité la déchéance des gouvernants de l’époque, dont Alhabib Omar Bin Soumeit qui occupait la place du grand cadi de Zanzibar, Said Mohamed Abdourrahmane a sollicité auprès du prince Said Ibrahim et du président Said Mohamed Cheikh, la nomination d’Alhabib Omar Bin Soumeth en tant que grand mufti. Vœu exaucé par le président Cheikh qui enverra comme émissaires le prince Said Ibrahim et le cadi Said Mohamed Abdourrahmane pour lui remettre sa nomination», a raconté le coordinateur du muftorat, Mohamed El Fatih Djamalilail.


Alhabib Omar était également un écrivain. Il a publié plusieurs ouvrages religieux, notamment un livre sur sa biographie et ses voyages, un autre ouvrage interprétant le dogme et la foi ainsi qu’un recueil de poésie dédié à Cheikh Mohammad Bin Cheikh Al Maarouf. «C’était aussi un homme ouvert. A part son amour d’enseigner les sciences religieuses, il aimait le bon vivre et aimait partager avec les autres. C’était un homme qui aimait servir les autres. A l’époque, il a construit quatre citernes dans l’île, à Itsandra Mdjini (à Mlimantsini), Bahani, Moroni (quartier château) et à Shamle ya Mbude et les a dédiées à la population», a rappelé le coordinateur du muftorat.
Alhabib Omar Bni Soumeth est né le 28 dhul-hadj 1303 du calendrier musulman, soit le 24 septembre 1886, à Itsandra Mdjini, aux Comores, d’une mère de Dzahani ya Tsidje et d’un père originaire de Hadramaout au Yémen. Son père qui était un grand théologien de son époque est aussi Comorien par sa lignée maternelle et Yéménite par sa lignée paternelle.


Alhabib Omar bin Soumeth a été bien encadré par son entourage. «Il a reçu une formation religieuse auprès des grands théologiens de l’époque, notamment son père lui-même, mais également Cheikh Abdillah Ba Kathir, fondateur de l’école Okotrani de Zanzibar, et l’oncle de son père, Alhabib Toihir Bin Abdillah Bin Soumeth, à Hadramaout, Au Yémen», a-t-il indiqué.


De retour à Zanzibar, en Tanzanie, celui qui deviendra le premier mufti des Comores suivra des cours de sciences islamiques (fiqh al Islam) auprès de Cheikh Abdourrahmane bin Abdallah Hamid Charhabile. Il a appris le soufisme avec Alhabib Ahmed Bin Hamid Bin Zain Bin Soumeth. Alhabib Omar le «Sahih Al Bouhari», une œuvre sur les récits (hadith) du prophète Muhammad, paix et salut sur lui, mais également «Revivification des sciences religieuses» de Abou Hamid Alghazali, avec Alhabib Toihir Bni Abdourrahmane Bin Soumeth.

La religion et les sciences islamiques

Alhabib Omar Bin Soumeit apprendra en outre aux côtés d’une autre figure religieuse de l’Afrique de l’Est. Il s’agit d’Alhabib Abdallah Bin Allaoui Alhabashi qui lui enseignera des ouvrages sur le fiqh al Islam, mais aussi sur l’histoire et la biographie du prophète Muhammad (Sws). «Ses voyages entre Hadramaout et Zanzibar lui ont permis d’approfondir davantage ses connaissances dans les différents domaines des sciences religieuses», a expliqué Mohamed El Fatih Djamalilail avant de souligner qu’Alhabib Omar Bin Soumeth a consacré toute sa vie à l’enseignement, à la formation et aux prêches religieux. «Les Comoriens le prennent pour un Waliyullah, c’est-à-dire un musulman fervent, un homme très pieux, béni par Allah. Il a consacré toute sa vie au service d’Allah», a fait savoir notre interlocuteur.Alhabib Omar est décédé en 1976 à Itsandra Mdjini où il est inhumé. Son mausolée reste un lieu de recueillement où plusieurs Comoriens soufis s’y rendent pour des prières à son égard.

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