Titulaire d’un Dut (Diplôme universitaire de technologie) en génie civil obtenu à l’Université des Comores, Binti Mohamed Roumaisoiou, qui travaille aujourd’hui au Laboratoire national des travaux publics et du bâtiment (Lntpb), s’est découvert une autre passion : l’élevage de poulets de chair. À 22 ans, elle fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneurs soucieux d’offrir des produits frais aux citoyens tout en contribuant à la sécurité alimentaire. C’est ainsi qu’en 2023, elle s’est lancée dans le vaste secteur de l’entrepreneuriat avec sa ferme baptisée Horyma Ecology, située à l’entrée de Mitsudje, sur la route menant à l’hôpital de cette localité. «Dans notre pays, on consomme beaucoup d’ailes de poulet sans vraiment connaître leurs circuits de distribution. Après avoir constaté cela, j’ai décidé de me lancer dans l’élevage de poulets de chair afin de travailler de manière indépendante et ainsi contribuer à la sécurité alimentaire», confie la fondatrice et gérante de Horyma Ecology.
Bien que lancée en 2023, les activités de « Horyma ecology » ont officiellement commencé en 2024. Depuis, la jeune femme propose une source de viande locale et fraiche. Actuellement, l’exploitation est à un rythme de production impressionnant variant entre 200 et 500 poulets de chair par mois. Interrogée sur les prix qu’elle propose, elle explique que ces derniers dépendent du poids et de la saison. Elle prend souvent part à des foires où elle vend sa production à des prix réduits, illustrant ainsi son désir de rendre le produit accessible à tous les citoyens.Comme beaucoup d’éleveurs de poules, Roumaisoiou Binti Mohamed est cependant confrontée à un problème majeur : l’approvisionnement en provende, qui ralentit ses activités. «La rupture des stocks affecte la croissance des poules, et parfois, cela nous empêche même de passer commande», confie l’entrepreneure, qui espère que des mesures seront prises pour soutenir la filière. Mais malgré les difficultés rencontrées, la jeune femme se réjouit du soutien constant de ses parents, qui ont cru en son projet et travaillent aujourd’hui à ses côtés.
Elle fait appel à un vétérinaire lorsque le besoin se fait sentir.
Oser entreprendre
Nominée aux «Boneso Awards» dans la catégorie de meilleure entrepreneure pour l’année 2024, Roumaisoiou Binti Mohamed confie, les yeux brillants, que cette distinction représente «une marque de grande reconnaissance» pour ses efforts. «J’ai été très heureuse de voir que ce que je fais est reconnu et que certaines personnes le mettent en avant. Cela encourage mes efforts», déclare-t-elle. Pour celle qui se définit avant tout comme une passionnée, «le BTP n’était qu’un diplôme, tandis que l’élevage est une vocation, une passion depuis l’enfance. C’est ce lien entre travail et passion qui fait la force de mon entreprise».
Binti Mohamed Roumaisoiou tient également à saluer l’appui du gouvernement à travers le ministère de l’Élevage. «Je bénéficie régulièrement du soutien du ministère. D’ailleurs, les poussins que j’élève actuellement proviennent d’une aide du ministère, qui nous a également octroyé du matériel et de la provende», précise-t-elle. Elle indique par ailleurs avoir reçu à trois reprises un appui significatif du projet d’urgence d’appui à la production agricole (Aepf). Enfin, elle encourage les jeunes, en particulier les femmes porteuses de projets, à oser entreprendre : «Il faut toujours croire en ses rêves», affirme-t-elle.