Houriat Housseine Said Mohamed, jeune trentenaire qui a de la suite dans les idées. Dotée d’un Dut en chimie obtenu à l’Université de Poitiers en France, elle est rentrée en 2010 aux Comores. “Quand j’étais en France, j’étais une pure frenchy, je n’avais jamais pensé à rentrer”. Puis, vint la quête d’emplois et les déceptions qui s’en ont suivies. “Je me suis dit que je serai plus utile dans mon pays”. Ajouté à cela, la rencontre avec son futur mari Achmet Said Mohamed, qui lui, est pourvu d’un doctorat en biochimie.
Il a toujours voulu exercer ici, il avait les Comores au cœur.
Deux scientifiques qui vont se mettre au service de l’agriculture d’abord, en créant des collectivités avec des agriculteurs du Nord. “Pommes de terre, tomate avec la société Necta”. Necta comme nectar. Comme essence. Et puis les produits cosmétiques.
“Nous avons commencé avec les plantes et les fleurs des Comores pour en faire des produits finis”. Il est vrai que bien souvent ici, seules les matières premières étaient vendues. Celle qui veut que Necta soit le “L’Oréal des Comores” fera des recherches, toujours en trinôme, en parfaite collaboration avec son docteur de mari et Mansour Mmadi.
“Achmet, c’est le chercheur, l’ingénieur qui a l’idée de base, qui crée le produit ; au niveau des sciences, nous avons besoin de son savoir pour développer nos produits et moi je m’occupe de leur commercialisation”.
Il y a les huiles réparatrices. Houriat se souvient de la douceur et de la peau et des cheveux de sa défunte grand-mère. Le produit miracle est l’huile de coco. Et c’est le déclic.
Nous avons voulu allier les bienfaits de l’huile de coco en y ajoutant de l’extraction d’autres plantes comme la cannelle, la vanille, l’ylang ou encore le gingembre.
Des produits aux douces senteurs. Il y a une lotion pour le visage. La jeune femme ne jure (entre autres) que par elle. “Il s’agit d’une lotion à base d’hydrolat d’ylang ; elle nettoie complètement les pores, enlève les peaux mortes, gomme les imperfections”.
“Haute gastronomie”
Et puis, il y a cette huile anti-moustiques, à base de géranium bourbon cueilli au Karthala, de citronnelle et d’eucalyptus.
Elle est 100% bio, c’est pour éviter que les je-viens se ruent dans les pharmacies et que les familles installées ici utilisent des insecticides, dira-t-elle tout simplement.
En outre, Necta produit aussi des extraits d’épices. Elle tient à nous les faire sentir et elle a bien raison. Des effluves puissants s’échappent des flacons joliment présentés. Cardamome, cannelle ou encore de la vanille. “C’est pour les femmes pressées, avoir ces flacons dans votre cuisine, c’est vous faire gagner du temps”, précisera cette femme dynamique. Et ajoutera, “c’est pour la haute gastronomie”.
Cela n’a pourtant pas été aussi simple. Houriat a eu à faire face à de nombreux problèmes, logistiques entre autres. Pour ses flacons, elle a dû aller jusqu’en Chine. Mais pour le reste, elle préfère travailler avec des locaux. “Pour l’étiquetage, je fais appel à une société Anjouanaise, Oukach qui fait du très bon boulot”. Et pour ce qui est de l’huile de coco, produit phare, “je fais appel à des mohéliennes qui peuvent produire des dizaines de litres”.
Les rêves de Houriat sont grands. Immenses. Comme cette envie, cette nécessité de créer une société semi-industrielle aux Comores. “La plus grande, qui serait capable de faire travailler des gens, pas forcément qualifiés, mais que nous formerons”, indiquera-t-elle. Histoire de diminuer le nombre déjà effarant de chômeurs. “Vu l’avancée de vente de mes produits, je me donne un an et demi pour créer cette société”. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite.