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Housseine Charif, cadi de Ntsudjini : «Un mariage uniquement pour des papiers est illicite en islam»

Housseine Charif, cadi de Ntsudjini : «Un mariage uniquement pour des papiers est illicite en islam»

Société | -

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Ces derniers temps, la problématique des mariages mixtes refait parler d’elle dans notre pays. Mais prendre pour époux ou épouse un étranger n’est pas le seul problème qui pèse sur les unions. Dans cet entretien, Housseine Charif Said Abdallah DJamalilaili, cadi de Ntsudjini, revient sur les conditions de validité du mariage en général, sur les situations pouvant le rendre illicite, ainsi que les règles relatives à la dot, aux mariages mixtes ou contractés pour des raisons administratives.

 

Voulez-vous nous rappeler les piliers et les conditions de validation du mariage en Islam ?

Les piliers du mariage en Islam reposent principalement sur les deux futurs époux, le tuteur légal de la femme (waliy) (qui peut être son père, son frère ou son grand-père) ainsi que sur la présence de deux témoins. Le consentement du père, exprimé à travers ce qu’on appelle al-ijab wa-l-qaboul (l’offre et l’acceptation), est également fondamental. D’autres éléments peuvent entrer en jeu selon les situations, mais ces conditions constituent les bases indispensables à la validité du mariage.

Selon la jurisprudence islamique, quelles sont les causes qui peuvent rendre un mariage invalide ou illicite?

Un mariage peut être considéré comme nul ou illicite si, par exemple, la femme choisit un partenaire qui ne partage pas la foi en Dieu, c’est-à-dire un homme sans croyance. L’union devient alors problématique sur le plan religieux. De même, un mariage contracté sans l’accord des familles, ou dans des circonstances moralement discutables (comme le mariage avec un violeur ou une personne connue pour son alcoolisme) est jugé inacceptable.

Quelles sont les règles en Islam concernant le mariage d’un homme musulman avec une femme non musulmane ?

L’Islam autorise un homme musulman à épouser une femme non musulmane, à condition qu’elle pratique une religion monothéiste reconnue, comme le christianisme ou le judaïsme. Toutefois, l’homme a la responsabilité de l’orienter vers la voie de l’Islam. En revanche, une femme musulmane ne peut épouser un homme sans religion. D’ailleurs, dans certains cas, il est même déconseillé d’acheter des produits à des personnes qui ne pratiquent aucune foi.

Un mariage contracté uniquement pour des raisons administratives, comme l’obtention de documents, est-il licite ?

Non, ce type d’union n’est pas reconnu en Islam. Ce qui repose sur la fraude est illicite (haram). Un mariage acté uniquement pour des «papiers», sans intention réelle d’unir deux personnes selon les principes islamiques, peut entraîner de graves conséquences, notamment en matière d’héritage. Cela nous renvoie à l’exemple de Zaïd, adopté par le Prophète Mohammed (Psl), que ce dernier voulait considérer comme son héritier. Dieu a précisé que le Prophète n’était pas le père de Zaïd, soulignant ainsi l’importance de ne pas créer de liens légaux fictifs qui pourraient semer la confusion.

Est-il permis d’attendre une fête ou une cérémonie pour consommer le mariage, même si le contrat religieux a été conclu ?

Oui, cela dépend des arrangements convenus entre les familles. Ce qui distingue le halal du haram, c’est la transparence vis-à-vis de la communauté. Tant qu’il n’y a pas de secret ou d’ambiguïté, attendre une cérémonie est tout à fait permis. L’important est de ne pas faire de promesses financières ou matérielles irréalisables. Un hadith évoque d’ailleurs la souplesse dans ce genre de situation.

Est-il permis en islam de fixer une dot à un montant spécifique, qu’elle soit élevée ou modeste ?

Oui, la dot peut être fixée librement, qu’elle soit symbolique ou importante. Il n’existe pas de montant obligatoire. Toutefois, elle doit rester raisonnable et adaptée à la situation des deux familles. L’essentiel est qu’elle ait un sens et ne soit pas source de contrainte ou d’exagération.


Touma Saïd

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