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Huri Money I Des employés dénoncent «des intimidations » supposées

Huri Money I Des employés dénoncent «des intimidations » supposées

Société | -   Abdou Moustoifa

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La nouvelle direction aurait menacé de verser les indemnités dans les comptes des agents licenciés ayant refusé de signer les documents où sont mentionnés les sommes compensatrices, jugées «dérisoires» par les concernés.

 

Deux mois après son entrée en fonction à Huri Money, la nouvelle direction, dirigée par Simoh Souef, a licencié la moitié du personnel qui travaillait au sein de l’entreprise. Près de trente agents sont dehors. Ceux-ci dénoncent les méthodes utilisées par la hiérarchie. Dans un entretien accordé à Al-watwan, jeudi dernier, « le collectif des employés licenciés» a contesté la version du nouveau directeur, livrée au même journal (lire nos précédentes éditions).


A les entendre, «aucune règle n’a été respectée» pendant ce processus. «Nous avons été licenciés abusivement, sans un préavis alors que nous détenions des contrats à durée indéterminée. Personne n’est venu en amont nous informer que des employés allaient être renvoyés pour une quelconque raison. Il n’y a eu ni conseil, ni réunion d’information. Nada. Ils nous ont chassés comme des malpropres, oubliant que nous avons des familles qui dépendent de nous », a d’abord introduit l’un d’eux.


Selon toujours le collectif, la nouvelle direction semble exécuter un plan qu’elle aurait concocté avec quelques responsables de la société. «Nous étions en plein déménagement vers un autre siège. Une fois celui-ci achevé, on a reçu l’ordre de rester chez nous car ils nous rappelleraient », a relaté le groupe, composé d’une dizaine d’agents. Ce « congé forcé », comme ils le qualifient, a duré presqu’un mois. Puis d’un coup, ils reçoivent chacun un appel le 7 octobre les invitant à se rendre à l’ancien siège.

«Absence de prise de contact»

C’est ce jour-là qu’on leur notifiait tout. «Vous imaginez ce choc. Tu penses reprendre le travail et sur le champ, tu reçois la lettre de radiation. C’est à ce moment-là que nous réalisions ce qui se passait. C’est inhumain. Certains d’entre nous ont refusé de signer le courrier des indemnités car en réalité les sommes mentionnées sont dérisoires. D’aucuns ont quitté le bureau en pleurs », a poursuivi un membre du collectif.


Pendant notre entretien, il nous a été rapporté que des employés auraient signé « sous la contrainte », selon notre interlocuteur. « A ceux qui ont résisté, on leur a prévenu que ces indemnités allaient être versées directement dans les comptes, qu’ils le veuillent ou non», avons-nous appris auprès des concernés, dont la plupart étaient des agents de Comores Telecom affectés à Huri Money après son ouverture. «Comment osent-ils venir prétendre indemniser des employés qui ont plus de 5 ans avec 750 000 francs ! D’autres employés recrutés après la création de la société, se sont vu attribuer des droits de moins de 100 000 francs. Pire, dans le courrier, le montant mentionné en chiffre est différent de la somme écrite en lettre. Nous ignorons sur la base de quoi la direction fixait ces fameux dédommagements, mais nous ne comptons pas baisser les bras », préviennent nos interlocuteurs.


Au sujet des accusations de recrutements jugés «fantaisistes», les employés que nous avons rencontrés nient tout et assurent avoir été embauchés d’abord avec des contrats à durée déterminée, précédés de stages, avant d’obtenir un statut stable. La nouvelle équipe a cité la santé financière fragile de la boite pour justifier sa décision. «Ils disent que la société croulait sous les dettes, mais se permettent de louer un nouveau siège plus coûteux et de fermer toutes les agences qui faisaient pourtant rentrer de l’argent. Même les mobiliers ont été vendus. Nous leur rappelons qu’en trois ans d’activités, nous n’avons jamais connu des arriérés de salaires. Donc ce sont juste des prétextes pour nous licencier», a conclu l’un d’eux, toujours sous anonymat.


Dans un courrier daté du 9 octobre, les employés contestent leur licenciement et exigent une réintégration immédiate, promettant de saisir les autorités compétentes. «Le directeur ne connait même pas les agents de l’entreprise, il n’y a jamais eu de prise de contacts. Il passait son temps en dehors du bureau. Ce qui l’intéressait c’est la fermeture du siège pour s’installer ailleurs avec ses collaborateurs. On sait aussi que des employés recrutés il y a quelques mois ont été gardés, car leurs époux travaillent à Huri Money. Qu’on ne nous sorte pas des motifs économiques », tacle un d’eux.

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