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Hydrocarbures : la commission mise en place héritera d’une «trésorerie difficile»?

Hydrocarbures : la commission mise en place héritera d’une «trésorerie difficile»?

Société | -

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L’ancien directeur général de la Société comorienne des hydrocarbures (Sch), Mohamed Chatur El Badaoui, nommé ministre, a définitivement quitté les lieux après 42 jours de transition. En attendant la nomination du futur directeur général, la société comorienne des hydrocarbures est dirigée par une commission de trois personnes à sa tête un cadre de la société, en la personne de Kamal Kassaï. Lors de la cérémonie de passation de services, hier, l’ancien directeur s’est dit fier de son bilan contrairement à ce qu’avance une partie des agents de la société qui accuse Mohamed Chatur Badaoui d’une «mauvaise gestion». D’ailleurs dans les coulisses de la société, on parle de l’héritage d’une «trésorerie difficile».

 

«Une trésorière difficile». L’expression est en vogue à la Société comorienne des hydrocarbures (Sch). Elle a été même reprise hier comme une blague par des agents de l’entreprise quelques minutes après «la passation de services» entre Mohamed Chatur El- Badaoui et la commission mise en place, il y a quelques jours. Celle-ci est présidée par Kamal Kassaï, épaulée par deux autres personnes de la maison, Djawad Saïd et Moinahalima Mohamed Salim.
A son arrivée, Mohamed Chatur El Badaoui avait les mains longues avec lui grâce à une solidité financière qui a permis à l’entreprise de renouer la confiance avec ses fournisseurs, poursuivre des chantiers, abandonner d’autres, renégocier certains contrats, conclure des nouveaux marchés. «Plus de 9 milliards de francs comoriens et des cargaisons payées cash», dit-on, et un programme de revolving avec la Banque islamique de développement (Bid) qui avaient mis le nouveau patron d’alors dans la sphère «des patrons tranquilles».


Mais, deux ans après, faut-il vraiment avoir peur de l’héritage ? «Oui, vraiment peur», répond un cadre de la société qui a 20 années de services. «Il y a eu une gestion, je dirais catastrophique pour ne pas dire calamiteuse de l’entreprise, des investissements hasardeux, la Sch est aujourd’hui en difficultés. Il faut s’attendre à d’énormes problèmes financiers», avance ce cadre qui avale mal les deux années de l’ère Chatur.


Aucun rapport d’audit n’a été produit pour expliquer et prouver cette mauvaise gestion supposée de l’entreprise. Il est trop tôt. L’histoire le dira ou pas, mais cette inversion de la courbe des finances de l’entreprise n’est-elle pas liée à autre chose. On explique que la société avait connu «un manque à gagner de 13 milliards de francs comoriens en 2017» causés par d’autres programmes jugés utiles pour la population. L’ancien patron a aussi engagé des chantiers dont le retour sur investissement nécessitera du temps : unité de gaz, achat de bitume. Même si l’opacité qui entoure l’ensemble des projets et le retard pris pour leur concrétisation ont nourri une méfiance qui a viré au lynchage verbal.  Des cadres de la maison saluent, par contre, «le courage» de l’ancien directeur général qui aurait bataillé dur pour assurer au mieux les fondamentaux de la société malgré les difficultés rencontrées. «Il a osé investir, il n’y a jamais eu de pénurie de carburant, Chatur a fait des investissements, même si les résultats ne sont toujours pas là. Mais, les fruits viendront. Personne n’a jamais osé mettre l’entreprise sur la voie de l’innovation et de l’investissement», explique l’un des soutiens de Chatur qui estime que l’ancien directeur général serait victime «d’une campagne malhonnête de dénigrement».


 

Chatur fait ses adieux au personnel de la Société Comorienne des Hydrocarbures


 


Al-watwan n’est pas en mesure de confirmer ou infirmer si la nouvelle commission de trois personnes dirigée par Kamal Kassaï est chargée, entre autres, de redresser les finances de l’entreprise et/ou poursuivre le plan d’investissement engagé par l’ancien directeur général. Pour des financiers, «la nomination d’une commission laisse penser qu’il y a quelque chose à chercher avant de confier la direction à un responsable». Hier, la passation de service est passée sous silence, les medias n’ont pas été conviés.


Même si l’un des interlocuteurs, proche de l’ancien directeur général, relativise en soulignant : «les responsables n’étaient pas obligés d’inviter la presse à cette cérémonie». Sauf que cela était dans la tradition de la société depuis plus de 20 ans.


A.S.K

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