Dans un salon de coiffure, l’art de manier les ciseaux et de sublimer une chevelure ne suffit pas. La véritable qualité d’un service repose aussi sur l’attention portée à l’hygiène. Chaque jour, ces lieux accueillent une clientèle variée et nombreuse, qui manipule cheveux, produits chimiques et outils communs. Sans un minimum de rigueur, ils peuvent rapidement devenir des foyers de propagation de microbes, d’infections cutanées ou de parasites.Selon le dermatologue Dr Soudjay Bacar Mze, la vigilance doit être constante. «Je conseillerais aux coiffeurs d’enfiler des gants pour chaque client, utiliser des produits antiseptiques pour leur matériel et que chaque client ait un matériel unique», préconise-t-il. Il rappelle également que l’utilisation de produits périmés ou mal appliqués peut provoquer des brûlures, des irritations ou même des infections bactériennes. «Certains produits, laissés plus de cinq minutes sur le cuir chevelu, peuvent provoquer de graves brûlures. Le coiffeur doit vérifier minutieusement le temps de latence», insiste-t-il.
À Moroni, certains coiffeurs prennent ces recommandations au sérieux. Hassane, propriétaire d’un salon à Magudju, met en avant la confiance que lui accordent ses clients grâce à la propreté de son établissement. «Je peux dire que de nombreuses personnes préfèrent venir dans mon salon car c’est déjà propre», affirme-t-il avec un large sourire. Son secret ? Une organisation stricte. «Je dispose de huit tondeuses et d’un matériel complet digne d’un grand salon. Après chaque client, je nettoie la tondeuse, les peignes et je change de matériel pour le suivant», explique-t-il. Quant aux produits, il s’ «approvisionne chez un fournisseur réputé afin d’éviter les mauvaises surprises».
Le métier de coiffeur est reconnu comme une activité en pleine expansion, et l’hygiène constitue un facteur de réussite. Toihir Mirghane, installé à Hadudja, en est convaincu. « En une journée, je peux gagner 10 000 francs, parfois plus en période de fêtes comme l’Aïd. Mon salon, c’est mon bureau et il doit être propre pour attirer le maximum de clients », témoigne-t-il. Il regrette toutefois que certains confrères négligent l’entretien, allant jusqu’à laisser les cheveux coupés joncher le sol entre deux clients, une attitude qui peut rebuter la clientèle.
Au centre-ville, le salon «Masteh», situé en face du laboratoire national des travaux publics, illustre parfaitement l’importance d’un cadre soigné. Malgré l’espace restreint et les nombreux appareils, la propreté est irréprochable. «Pour nous, la santé des clients est primordiale. Nous exerçons un métier à haut risque, et pour éviter toute transmission de maladies, il est indispensable d’entretenir le matériel», explique le propriétaire. L’une des clientes, assise sous un séchoir, confirme : «L’hygiène de ce salon est incomparable à d’autres que j’ai fréquentés. Ici, je me sens en sécurité.»Les salons de coiffure sont bien plus que des lieux de beauté. Ils sont aussi des espaces de confiance où l’attention portée à la santé des clients détermine la fidélité de ceux-ci.Comme le souligne le Dr Soudjay Bacar Mze, l’hygiène doit être considérée non pas comme une option, mais comme une exigence professionnelle incontournable.