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Images d’enquête publiées sur Facebook I Qui se cache derrière ces fuites ? 

Images d’enquête publiées sur Facebook I Qui se cache derrière ces fuites ? 

Société | -   Abdou Moustoifa

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Depuis deux ans, déjà, on voit émerger des pages Facebook anonymes qui se spécialisent dans la publication d’images et vidéos troublantes. Ces pièces qui devraient en toute logique être secrètes et inaccessibles atterrissent sur la toile faisant renaître la douleur des proches des personnes concernées et suscitant de nombreuses interrogations sur l’accessibilité à ces infos. Et malgré la divulgation de ces pièces à conviction censées être confidentielles, aucune enquête n’a jamais été ouverte pour en déterminer les auteurs. Un silence qui interroge. 

 

Choquantes, révoltantes. Tels sont les mots relayés par certains internautes sur la toile après la publication, par une page nommée “la vérité à 104%”, de plusieurs images montrant le corps d’un homme présenté comme celui de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

 

 Survenue subitement le 2 mai dernier dans des circonstances toujours non expliquées, la mort d’Ahmed Mohamed Djaza n’est toujours pas élucidée. La publication de ces photos sur les réseaux sociaux a soulevé par la même occasion de nombreuses interrogations. La fuite de ces images ou de ces éléments probablement issus d’enquêtes judiciaires devient de plus en plus problématique.

Le phénomène s’emplifie

En effet, depuis quelque temps, les internautes comoriens ont commencé à découvrir des vidéos dans lesquelles des témoignages des personnes suspectées d’être impliquées dans diverses affaires diverses. Or, ces pièces à conviction et ces documents ne sont pas à la portée de tous mais d’un cercle restreint de services habilités. Preuve que le phénomène s’amplifie, les pages Facebook “sponsorisées” pour la plupart d’entre elles pour relayer les “éléments présentés comme des preuves dans certaines affaires” pullulent sur les réseaux sociaux chaque jour.


On peut citer, entre autres, Comores Fax, Noir, c’est Noir, Loubna Yazid ou encore Comores Vérité. On se rappelle des vidéos publiées par cette dernière page le mois de juin où on pouvait voir Saleh Assoumani alors qu’il se trouvait derrière les barreaux, reconnaître avoir été au courant d’une opération de déstabilisation. Mais ce qui a surtout réveillé la curiosité de l’opinion, c’est la transcription en français des déclarations du “prisonnier”.
 
Pas d’enquête 

Il faut rappeler que l’audition par les gendarmes de Toufe Maecha, ancien rédacteur en chef du quotidien Masiwa s’était également retrouvée sur les réseaux sociaux en avril 2019.

 Encore plus grave, une vidéo a été publiée sur une page Facebook en septembre de cette année avec un homme présenté comme le Commandant Fayçal Abdousalam en train de dévoiler la stratégie du coup d’Etat raté à cause duquel Me Bahassane Ahmed, l’écrivain Saïd Ahmed Saïd Tourqui, avaient été condamnés à de lourdes peines avant d’être graciés. Bizarrement et ce malgré la multiplication de ces fuites, aucune enquête n’a été ouverte par la justice.

 

 Même après la diffusion samedi dernier sur Facebook d’images de l’ancien président de la Ceni où il gisait au sol avec des traces de sang et des hématomes visibles sur son corps. Pourtant, les personnes ayant vu le corps de l’ex-patron de la Ceni devraient être connues. Si les exemples ne manquent pas, l’absence de réaction de part et d’autre sur ces fuites soulève néanmoins des interrogations. Pourquoi la divulgation de ces pièces à conviction tant à prendre de l’ampleur ? Qui sont les responsables ? 

La justice doit jouer son rôle

Certaines personnes dans leurs commentaires, face à ces découvertes, estiment que l’hypothèse de piratage ne peut plus tenir puisque les enregistrements publiés sur la toile évoluent selon l’actualité. Et au-delà de tout cela, la religion, la dignité humaine et le respect de nos valeurs sont bafoués au vu et au su de tout le monde. 
Aujourd’hui, il nous incombe à tous, quels que soient nos penchants politiques, religieux et autres de condamner de tels actes et surtout, la justice doit jouer son rôle pour le respect de nos morts et le rétablissement de la vérité.

 

 L’impunité dont jouissent ces personnes n’est pas digne d’une République comme la nôtre. Et ces personnes, aux motivations acerbes, doivent s’expliquer devant la justice parce que, coupable ou innocent, nous méritons tous plus de dignité.  

 

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