Plus de 70 migrants venus d’Afrique continentale, hommes, femmes et enfants en bas âge, sont retenus au siège de la police nationale de Niyumashuwa, surnommé localement «Guantanamo», au sud de Mwali, depuis le week-end dernier. Ils ont été interceptés aux abords de cette ville.Leurs nationalités exactes restent encore à confirmer, et ils se trouvent tous détenus dans des conditions jugées précaires. Selon des habitants qui ont manifesté leur solidarité en leur apportant des vivres, ces expatriés avaient pour objectif de rejoindre la plage de Bangacharini, située à quelques centaines de mètres de la ville, pour organiser leur départ vers Mayotte.

«C’était aux alentours de minuit que nous avons appris que deux embarcations transportant des continentaux étaient coincées près de la plage. Vers une heure du matin, ils ont tous été transférés à la police nationale. Impatiente de connaître la suite, je suis allée là où ils étaient enfermés. J’ai constaté qu’ils étaient très fatigués, affamés, et certains étaient déjà déshydratés. Face à cette situation, je suis immédiatement retournée dans mon quartier pour mobiliser les femmes. Chacune d’entre nous a apporté ce qu’elle pouvait pour leur venir en aide», raconte Soifouati, une habitante du quartier de Gégé. « Depuis ce jour, nous passons régulièrement les voir. Le maire de notre commune nous achète parfois des provisions pour eux. De notre côté, nous faisons de notre mieux pour les aider jusqu’à ce qu’ils quittent cet endroit », ajoute-t-elle.

Contacté par téléphone, le directeur régional de la police n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. Cette aventure de migrants en route pour Mayotte n’est ni une première ni une seconde à Mwali. En mars 2023, 64 migrants de diverses nationalités africaines ont été appréhendés sur la plage de Sambia. Parmi eux, des femmes et des enfants en bas âge. Les passeurs leur avaient fait croire qu’ils étaient déjà arrivés à Mayotte. La gendarmerie nationale de Bonovo les avait pris en charge avant de les transférer à Moroni, où ils ont été expulsés du territoire national.

En janvier 2023, la garde-côtière comorienne avait intercepté, toujours à Sambia dans la région de Djando, 17 Congolais et 13 Burundais qui tentaient de rejoindre Mayotte. Cette nouvelle interception de migrants à Mwali intervient quelques jours seulement après le procès, au tribunal correctionnel de Moroni, de passeurs comoriens impliqués dans l’organisation de voyages clandestins entre l’Afrique continentale et Mayotte en passant par le reste de l’archipel.

Par A. Housni