Récemment, une jeune femme a disparu après avoir quitté la Mauritanie en bateau en direction de l’Espagne. Depuis, sa famille est sans nouvelles. Pire encore, elle pourrait ne pas être la seule Comorienne à avoir pris part à cette tragique aventure. Diplômés, étudiants, jeunes ou moins jeunes, ils sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure, espérant un avenir supposé meilleur. Fuyant le chômage, la précarité, le manque d’opportunités et le désespoir, ils se lancent, malgré la peur, dans la quête de cette Europe qui les fait rêver.
Le caractère périlleux de la traversée méditerranéenne n’a jamais dissuadé les candidats, et peu d’informations vérifiées circulent sur les disparus. Issa Abdoussalami, commissaire en charge de la diaspora, explique : «Il est difficile d’obtenir des données sur les candidats au départ. Les quelques informations éventuelles sont obtenues dans les espaces de transit, principalement en Afrique de l’Ouest et du Nord. J’ai récemment reçu, de la part de la Direction d’appui aux Sénégalais de l’extérieur, des données sur des Comoriens interceptés sur l’île de Gorée.
Les migrations clandestines ont toujours suivi des parcours divers. Au niveau national, la mise en place du Groupe technique de travail sur les migrations, présidé par le ministre de l’Intérieur, permet de mieux appréhender l’ampleur du phénomène. Un cadre de travail interministériel est en cours pour améliorer les outils et les indicateurs standardisés d’étude et d’évaluation du secteur des migrations, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).» Ibrahim Youssouf, chef de projet à l’Oim, confie à son tour : «Nous n’avons pas de données sur les départs, car cela se fait souvent sous couvert de dossiers d’étudiants.»
En ce qui concerne les retours, des données existent et un programme serait en cours pour faciliter le retour des ex-candidats à l’Europe. «Nous avons un projet destiné à appuyer les Comoriens en situation de vulnérabilité, présents dans certains pays, notamment ceux du Maghreb, et qui souhaitent retourner aux Comores. Ce projet bénéficie principalement aux rescapés qui ont échoués dans leur tentative de rejoindre l’Europe, afin de faciliter leur réintégration aux Comores. Ils bénéficient d’un programme de réintégration, souvent sous forme de petits projets », poursuit-il. Pour plus de détails sur ces projets, nous y reviendrons dans un prochain article, notre interlocuteur n’ayant pas pu nous les fournir en temps opportun.
Concernant les disparitions, plusieurs raisons sont avancées pour expliquer le manque de données fiables. Tout d’abord, il n’existe pas de données centralisées, car aucun chiffre n’est disponible sur les Comoriens disparus en mer. Ensuite, le caractère clandestin des traversées contribue également à l’incertitude qui entoure ces voyages. En outre, les déclarations tardives ou inexistantes compliquent encore davantage l’obtention de données précises.
Il faut souvent se contenter des témoignages des familles des disparus, qui parfois restent silencieuses. Enfin, la notion de disparition est ambiguë : désigne-t-elle des personnes décédées en mer, arrivées à bon port mais introuvables, ou encore celles interceptées et renvoyées ? Dans le cas de nos compatriotes, le terme fait généralement référence aux personnes décédées, et elles sont nombreuses. C’est là la seule certitude.