Les autorités comoriennes essaient de récolter, depuis quelques semaines, le maximum d’informations sur les Comoriens détenus en Biélorussie. La Direction des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères, a affirmé samedi dernier avoir déjà envoyé une note verbale à Minsk.
On parle, pour le moment, de « 13 ressortissants comoriens piégés dans les geôles biélorusses ». Mais d’autres compatriotes sont passés par la case prison, bien avant eux. C’est le cas d’Imane (prénom d’emprunt) qui a accepté de se confier à votre journal pour sensibiliser ceux qui seraient tentés de rejoindre le Vieux Continent.
Il faut noter que le motif du voyage vers ces pays de transit pour la plupart des candidats, reste la poursuite des études supérieures. Ce n’est qu’une fois sur place que commencent enfin les vraies démarches pour tenter de se rendre dans l’un des pays membres de l’espace Schengen. En Europe de l’Est, les gens traversent des frontières terrestres jusqu’à pénétrer dans l’un des pays baltes, à l’instar de la Lituanie, ou de la Lettonie.
La Pologne est elle aussi très prisée. Toutefois, dès que la caravane croise les garde-frontières, c’est le calvaire. «Quand tu es étudiant, tu peux mener ta vie en Biélorussie tranquillement. Personne ne va te déranger. Mais dès lors que nous essayons de franchir la frontière, les autorités restent impitoyables quand nous nous faisons arrêter.
C’est exactement ce qui nous est arrivé», a raconté, dans un premier temps, un Comorien que nous appellerons Imane, et qui a passé trois mois dans les prisons biélorusses. Notre interlocuteur a fait part des conditions difficiles de détention émaillées de souffrances. « Une fois nos peines purgées, ils nous déportent. Voilà ce qui nous est arrivé», a-t-il ajouté. Imane a seulement passé sept mois au pays d’Alexandre Loukachenko. A cause de ces expulsions systématiques, certains étudiants repartent parfois sans leurs diplômes académiques ; ceux-là mêmes obtenus aux Comores.
Pour la traversée, l’épreuve demeure périlleuse, souligne le jeune Comorien dans son récit. Il déconseille la gent féminine de se rendre dans ces pays. «Vous marchez pendant trois jours. Ce n’est pas tout. Moi j’ai dû escalader de longs murs de barbelés et de grillage. Arrivé derrière le troisième, je suis tombé sur une rivière. Mes téléphones ont été endommagés car imbibés d’eau. C’est ce qui m’a poussé à rebrousser chemin. Là encore, il faut fuir les militaires biélorusses et leurs chiens. Mais à un moment, j’étais à bout de souffle, je me suis laissé arrêter», raconte cet homme.
Trois jours de marche
Imane affirme avoir été tabassé le soir avec d’autres personnes avant d’être enfermés dans une fourgonnette jusqu’au lendemain, vers 11 heures. «Nous leur avons montré nos passeports. Ils ont alors appelé nos écoles pour confirmer nos statuts.
Ensuite, nous avons été conduits dans un commissariat de police où nous sommes restés pendant dix jours avant d’être transférés en prison», a-t-il détaillé, mettant en garde les compatriotes qui seraient tentés de rejoindre l’Europe via des pays comme la Biélorussie. «Déjà, les frais sont exorbitants. Moi j’ai dû payer presque 1 million 500 mille francs dont 250 000 francs à la personne qui se charge de l’inscription depuis ici.
Le montant restant sert à couvrir l’assurance, le loyer, les frais de scolarité. Toutefois, une fois les neuf mois de l’année scolaire écoulés, il faut encore payer les mêmes sommes», nous apprend-il.