Les entreprises locales ont d’énormes difficultés. Comme pendant la Covid-19, le choléra n’a pas épargné le petit restaurant de Bastua. La jeune femme se souvient des débuts modestes de son entreprise. En effet, alors qu’elle était encore lycéenne, Bastua Abdou, passionnée de restauration, décide de se lancer dans ce secteur aux côtés de sa mère. Mais la jeune femme ignorait jusque-là les défis qui l’attendaient. Au début, elle préparait tout ce dont le restaurant avait besoin, souvent avant de se rendre à l’école. «Je devais jongler entre mes cours, mes formations et les tâches du restaurant pour m’adapter au mieux. Je reste consciente après plusieurs années, qu’entreprendre n’a rien de facile», a-t-elle expliqué. Et d’ajouter, confiante qu’»entreprendre nécessite beaucoup de persévérance». Elle se remémore encore aujourd’hui des débuts prospères de son entreprise, qui «attirait de nombreux clients», surtout, «avec les divers plats proposés au quotidien».
«Adapter ses prix»
Cependant, depuis quelques temps, à cause du choléra, le restaurant de Bastua, situé derrière le collège islamique de Mutsamudu, connait une faible fréquentation des clients. «Malgré toutes nos précautions, à cause du choléra et des mesures préventives, notre clientèle a déserté et fréquente de moins en moins notre restaurant», regrette-t-elle. Ce, «malgré le fait que nous prenons pourtant un maximum de précautions. Nos couverts sont lavés à l’eau de javel et recouverts, nos linges sont toujours propres, et nous fournissons toujours de l’eau pour le lavage des mains».
Outre le choléra qui ne facilite pas les restaurateurs, la hausse constante des prix pèse lourdement sur les finances. Bastua Abdou est obligée d’adapter ses prix pour compenser les marges bénéficiaires. «Les produits sont très chers actuellement. Cette hausse des prix a un impact sur les économies de mes clients, ce qui se traduit par une diminution de notre clientèle», affirme-t-elle. Et de poursuivre : «Ce qu’un client pouvait acheter à 500 francs doit désormais être payé un peu plus cher». «Certains comprennent la situation, mais d’autres affirment que leurs moyens ne leur permettent même pas de prendre un simple goûter. En tant que propriétaire d’un petit restaurant proposant des plats modestes à la vente, cette crise me touche particulièrement», maugrée la jeune restauratrice.
Pour elle, une charge mentale s’ajoute au coût financier déjà engagé pour l’achat de nouveaux équipements de travail. «En plus, nous faisons face à une difficulté supplémentaire : celle de maintenir l’hygiène en réponse à l’épidémie de choléra qui touche le pays. Nous avons adapté nos équipements de travail, tout en réduisant la quantité quotidienne de produits à préparer. Au moment du service, le couvert doit être installé et les plats doivent être servis chauds. Auparavant, les couverts étaient déjà disposés sur la table avant l’arrivée du client», dit-elle, espérant que de meilleurs jours reviendront pour ses affaires.
Par Ahmed Zaidou et A.S.N