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Incendie mortel à Nice I Un deuil national de trois jours décrété par le chef de l’Etat

Incendie mortel à Nice I Un deuil national de trois jours décrété par le chef de l’Etat

Société | -   A.S. Kemba

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Le drame a fait un total de « sept personnes » mortes dont trois enfants d’origine comorienne alors que d’autres sont grièvement blessées. La police est à la recherche de «trois» individus cagoulés aperçus en train de fuir les lieux. L’hypothèse d’un règlement de compte qui a raté sa cible n’est pas écartée par des connaisseurs de cette agglomération secouée par le trafic de drogue. Des groupements et formations politiques ont exprimé leur compassion.

 

Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a décrété hier soir trois jours de deuil national, quelques heures après l’incendie « d’origine criminelle » qui a fait sept morts d’une même famille comorienne installée à Nice dans les Alpes-Maritimes en France. «Vive émotion à la suite de l'incendie meurtrier de Nice.Nous sommes de tout cœur avec les familles des victimes et condamnons cet acte ignoble avec la plus grande fermeté», a écrit le président sur son compte X (ancien Twitter). Le Mufti de la République, Aboubacar Said Abdillah, a fait une déclaration solennelle à la télévision nationale pour présenter les condoléances aux familles des victimes et appeler à une prière mortuaire ce vendredi dans toutes les mosquées du pays.

Un décompte macabre

La mauvaise nouvelle a suscité l’émoi dans toute la communauté comorienne. Les premiers secours ont fait un décompte macabre une fois arrivés sur place. Le bilan fait ainsi état de « sept personnes » d’origine comorienne dont trois enfants de 5, 7 et 10 ans. Une enquête a été ouverte pour « incendie criminelle ayant entrainé la mort », selon des sources proches du parquet de Nice.


La piste criminelle est désormais mise en avant par le procureur de la République de Nice, Damien Matinelli. « Au regard des premiers éléments j’ai ouvert une enquête de flagrance pour des faits d’incendie volontaire », a déclaré le magistrat français en conférence de presse. Trois individus cagoulés ont été aperçus en train de quitter précipitamment les lieux, selon des images des caméras de surveillance. «A ma connaissance c’est en effet la piste criminelle qui est favorisée par les enquêteurs sur la bases d’éléments constatés et des vidéos de surveillance », a indiqué l’adjoint au maire de Nice, Gael Nofri, interrogé par Al-watwan, via un collègue sur place.


Le premier ministre français, Gabriel Attal, et son ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, se sont rendus hier en début d’après-midi sur les lieux du drame. Les pompiers, une trentaine, n’ont pas pu sauver les autres membres de la famille restés coincés aux toilettes, étouffés par la chaleur, selon des témoignages cités par le quotidien Nice Matin. « Le caractère intentionnel de ce départ de feu ne semble faire guère de doute. Plusieurs témoignages de riverains évoquent déjà la présence d’individus suspects », écrit le media.

La piste criminelle privilégiée

L’incendie a eu lieu à 2h 30 du matin, heure française. La police parle de «trois départs de feu» aux trois premiers étages de l’immeuble. Les victimes, logées au 7eme étage, ont été prises au piège et n’avaient aucun moyen d’échapper aux flammes. Deux membres de la famille se sont jetés depuis la fenêtre, selon des sources de l’ambassade des Comores à Paris, reprises par des témoins cités par des medias. L’un est décédé alors que l’autre a été pris en charge par les pompiers avant son transfert à l’hôpital.


L’on apprend que les issues de secours étaient complétement envahies par la boule de feu. Les moyens utilisés pour mettre le feu n’ont toujours pas été formellement identifiés. Mais, déjà les medias, comme Nice Matin, parlent «de bidons d’essence» portés par «les trois individus recherchés» cités par Gabriel Attal comme faisant l’objet de recherches. M. Attal a promis une traque sans merci contre ces personnes dont la présence douteuse sur les lieux, des heures avant l’incendie, conforte la piste criminelle brandie par le parquet de Nice. L’hypothèse d’un règlement de compte qui a raté sa cible n’est pas écartée par des connaisseurs de cette agglomération secouée par le trafic de drogue.

La classe politique exprime sa compassion

«Un conflit sur fond de trafic de stupéfiants sans lien avec les victimes et leur famille est privilégié», d’après toujours le procureur Damien Matinelli qui ajoute qu’un travail de visualisation minutieuse des images des vidéos de surveillance est en cours et permettra de reconstituer l’hypothèse ayant conduit à la mort tragique de cette famille. «L’exploitation des caméras va permettre d’identifier «qu’une voiture de couleur sombre de type citadine s’est stationnée entre 2h12 et 2h17à l’angle de la rue de la Santoline et de l’avenue Giroud à proximité du lieu des faits», précise le procureur, cité par Nice Matin.


Des messages de solidarité affluent sur les réseaux sociaux. Des groupements et formations politiques ont exprimé leur compassion. Le secrétaire général de la Convention pour le renouveau des Comores (Crc), principal parti au pouvoir, Youssoufa Mohamed Ali, s’est dit «profondément attristé par le décès tragique de nos compatriotes à Nice», évoquant «un drame qui nous touche tous». Dans un communiqué, «le Collectif des cinq candidats » à la dernière élection dit avoir «appris avec une profonde tristesse l’horrible incendie criminel perpétré par une bande de meurtriers» avant de condamner « avec la plus grande fermeté une telle lâcheté mortifère ». Le drame de Nice laisse désormais place à la douleur chez les familles des victimes (lire page 7) et dans la communauté comorienne, de l’intérieur comme de l’extérieur.

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