Le Forum d’inclusion financière de la diaspora comorienne, co-organisé par la Banque centrale des Comores ( Bcc) et l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat (Uccia), a été lancé hier mardi 6 août au Palais du Peuple de Hamramba. Il se termine aujourd’hui mercredi. Cet événement réunit des acteurs clés du secteur bancaire, des institutions financières, des représentants de la diaspora comorienne et des experts en développement économique. L’objectif principal est de discuter des moyens d’améliorer l’accès aux services financiers pour les Comoriens vivant à l’étranger.
Dans son discours de bienvenue, le gouverneur de la Bcc a rappelé le rôle essentiel joué par la diaspora comorienne dans l’économie nationale, notamment par les envois de fonds qui soutiennent de nombreuses familles, la réalisation des grands mariages et les équipements collectifs. Younoussa Imani a affirmé que le fonds de transfert de la diaspora s’élevait à 152,3 milliards de francs comoriens en 2023, soit 21 % du Pib (Produit intérieur brut) national, et a précisé que 72 % des transferts sont reçus via les Sta, contre 28 % représentant les achats de devises. Cependant, il a souligné que l’accès aux services financiers reste un défi pour beaucoup, d’où l’objectif de ce forum visant à identifier les obstacles et à proposer des solutions innovantes pour favoriser l’inclusion financière. «L’objectif de ce forum ne se limite pas à l’ouverture des comptes bancaires pour la diaspora venue avec un programme bien défini et chargé, mais à sensibiliser la population comorienne en général, surtout ceux qui se trouvent en milieux éloignés, à se bancariser, car aujourd’hui seulement 29 % de la population possède un compte bancaire, ce qui est très bas », a-t-il déclaré.
Parmi les avantages dont peuvent bénéficier la diaspora, selon le patron de la banque des banques, figurent la possibilité d’effectuer des virements gratuits, de faciliter l’octroi de prêts immobiliers et, dans un futur proche, d’avoir accès à son compte partout et quelle que soit la banque à laquelle on appartient.
L’ ambassadeur de France en Union des Comores, Sylvain Riquier, a pour sa part salué l’initiative consistant à inclure davantage la diaspora comorienne, qui compte approximativement 300 000 personnes vivant en France métropolitaine ou d’outre-mer. Il a confirmé les données de la Bcc selon lesquelles la diaspora comorienne en France envoie 300 millions d’euros chaque année aux Comores, sans parler des transferts liquides.
Pour lui, ces chiffres montrent que la diaspora a un rôle crucial à jouer dans le développement du pays. Par ailleurs, Sylvain Riquier a rappelé que ce projet «diaspora », porté par Expertise France, comprend trois composantes : renforcer le cadre de la mobilisation de la diaspora, accompagner les porteurs de projets et les investisseurs, et valoriser le capital humain de la diaspora. Il a conclu en interpellant la diaspora à canaliser ses fonds beaucoup plus dans l’investissement productif, sachant que le budget de l’État comorien est plus centré sur le fonctionnement et peu sur l’investissement.
Le ministre des Finances a procédé à l’ouverture officielle du forum en rappelant l’engagement du gouvernement comorien à faire de la diaspora un fer de lance du Plan Comores émergent 2030. Il a montré comment les envois de fonds pourraient être facilités et sécurisés grâce à l’utilisation de technologies financières, tout en rappelant l’importance des applications mobiles et des services en ligne pour permettre aux membres de la diaspora d’accéder facilement à des services bancaires. Pour lui, la sensibilisation de la diaspora sur l’importance de la gestion financière et des investissements est cruciale. Il a ajouté que le forum est une occasion précieuse pour renforcer les liens entre la diaspora et la Banque centrale des Comores.
Les recommandations formulées lors de l’événement serviront de base pour développer des politiques visant à améliorer l’inclusion financière. La cérémonie d’ouverture s’est terminée par la visite du président de la République, Azali Assoumani, qui a parcouru les différents stands représentant des institutions de microfinance du pays.
Said Toihir
