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Indépendance énergétique I Les Comores campent toujours sur la géothermie

Indépendance énergétique I Les Comores campent toujours sur la géothermie

Société | -   Nakib Issa

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Les Comores ont fait un grand pas, ces dernières années, en termes d’énergies renouvelables. Des centrales solaires ont été installées dans différentes régions, tandis que l’énergie éolienne commence également à susciter de l’intérêt, bien que de manière plus timide. Cependant, c’est le projet géothermique qui demeure aujourd’hui en attente. Ce chantier jugé ambitieux pourrait permettre au pays de garantir son autosuffisance énergétique, en particulier dans le secteur de l’électricité, en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. «Notre stratégie repose sur une étude de faisabilité approfondie visant à évaluer le potentiel géothermique du pays.

L’objectif est d’identifier les zones les plus prometteuses, notamment autour du volcan Karthala. Cette évaluation inclut des éléments tels que la cartographie géologique et géophysique, les relevés de température, les gradients géothermiques, des études environnementales préliminaires ainsi qu’une analyse des risques sismiques et volcaniques», explique Abdoulanfour Abdou, directeur national du projet géothermique. Ce dernier souligne également l’importance d’une planification stratégique appuyée par une architecture institutionnelle solide. «Il est important de mettre en place un cadre légal, institutionnel et financier stable.

Cela passe notamment par l’identification de bailleurs de fonds étrangers, l’élaboration d’un code des énergies renouvelables, d’un code de l’électricité, et d’un code minier», a-t-il expliqué. Concernant la phase de forage, le technicien explique que la confirmation du potentiel géothermique est une étape clé. «Elle implique la réalisation d’un ou plusieurs forages d’exploration. C’est une opération coûteuse mais essentielle pour tester le débit, la pression, la température et analyser la composition chimique des fluides, afin d’estimer la durabilité du réservoir», précise-t-il.

Une centrale de «15 mégawatts»

Abdoulanfour Abdou évoque par ailleurs certaines difficultés, notamment la mobilisation des ressources à différentes phases du programme et l’absence de cadres réglementaires adaptés. Néanmoins, plusieurs avancées significatives ont été selon lui enregistrées depuis le lancement du projet. «Le potentiel thermique a été confirmé à 300°C, ce qui est idéal pour un développement géothermique. L’emplacement des points de forage exploratoires a été identifié, et une nappe phréatique située dans la zone du Karthala servira à l’approvisionnement en eau pour la réalisation des forages», assure -t-il. La géothermie est ainsi appelée à devenir une énergie de base, en remplacement progressif des énergies fossiles.

«Ce projet vise à ramener le coût de production de l’électricité à 50 francs le kilowattheure. Il permettra de réduire la consommation de gasoil à environ 30 millions de litres par an. Il garantira en outre une meilleure sécurité et souveraineté énergétiques, deux piliers de notre indépendance face aux importations de pétrole, tout en offrant une base solide pour un mix énergétique diversifié», prévoit le directeur. Il convient de noter aussi qu’à travers ce projet, une réduction d’environ «2 850 000 tonnes» est attendue sur une période de 30 ans, pour une centrale de «15 mégawatts». Une contribution significative aux engagements climatiques du pays dans le cadre des accords de Paris sur le changement climatique.

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