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Initiative citoyenne pour la transparence budgétaire aux Comores I «Notre objectif, c’est la conscientisation»

Initiative citoyenne pour la transparence budgétaire aux Comores I «Notre objectif, c’est la conscientisation»

Société | -   Housni Hassani

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A travers des plaidoyers, des lobbyings, des formations et des sensibilisations, cette association créée en 2016 milite pour la «transparence budgétaire», qui ne saurait être effective que par le biais d’»une implication citoyenne». L’Ictb-Comores travaille en «étroite collaboration avec le ministère des Finances, la section des comptes de la Cour suprême» et veut jouer un rôle dans la phase de validation du budget à l’Assemblée en émettant des propositions qui n’aboutissent pas toujours, mais qui «ont le mérite d’exister». Les membres de l’Ictb-Comores entendent interpeller la direction de l’Onicor, afin qu’elle rende publiques les recettes de l’entreprise qui, selon la direction, vendait le riz à perte ces dernières années.

 

Si, initialement, l’Initiative citoyenne pour la transparence budgétaire aux Comores (Ictb) n’était qu’un «consortium» de l’organisation de la société civile intervenant dans le cadre du Projet d’appui à la bonne gouvernance économique (Abge) de la Banque mondiale, l’association est, en 2016, devenue une institution à part entière. «Cette année-là, il y avait une initiative qui devait faire intervenir cinq organisations de la société civile dans la participation au processus budgétaire.


À la fin du projet, fort de «l’expérience concluante acquise, on a décidé de créer une association à part entière», devait se rappeler Hassani Malik, le président du collectif. Depuis, ce dernier et son équipe issus de «différents horizons» misent sur «les formations et la sensibilisation dans l’optique de «renforcer l’ouverture et la participation citoyenne dans le budget», la première mission du collectif. «Il est difficile de cerner les tenants et les aboutissants de la loi des Finances et les Finances publiques d’une manière générale. De ce fait, nous avons, à nos débuts, été formés par la direction des Finances et, parfois, par des formateurs internationaux. Par la suite, nous avons sillonné le territoire national pour sensibiliser sur la transparence budgétaire et la redevabilité», a fait savoir Hassani Malik.

Entre plaidoyers et lobbyings

À travers des plaidoyers et des lobbyings, l’Itcb milite pour «la transparence budgétaire», qui ne saurait être effective que par le biais d’ «une implication citoyenne». «Pour qu’il y’ait une transparence budgétaire, il faut une participation citoyenne. Et, chez nous, cela est nouveau. Longtemps, l’on a pensé que le budget n’était qu’une affaire du ministère des finances. Mais en 2016, on a commencé à faire comprendre aux autorités concernées, la section des comptes et à l’Assemblée nationale que l’on pouvait jouer un rôle», raconte le président de l’association.


Toutefois, la participation de l’Itcb se veut limitée, en ce sens qu’elle n’intervient pas dans la phase de formulation pendant laquelle, «le gouvernement établit ses priorités».
Par contre, pendant la phase de validation à l’Assemblée nationale où il y a des débats, «on nous fait participer» en fonction, rappelle Hassani Malik, de la législature en place. «Pendant l’ancienne législature, on prenait part aux débats. Mais avec le parlement actuel, cela n’a plus jamais été le cas. Donc, on fait du plaidoyer-lobbying pour participer à la validation du budget en émettant des propositions pour l’orientation du budget dans les secteurs prioritaires», déclare notre interlocuteur. Ce dernier ajoutera que son association intervient également dans le processus de lancement des audits afin que les budgets soient utilisés de «façon efficace et efficiente». «Nous, nous ne pouvons qu’observer et transmettre nos informations aux autorités chargées du suivi et du contrôle comme la section des comptes de la cour suprême», précise l’intéressé.

Les secteurs prioritaires

Les interrogations de l’Itcb se situeraient, surtout, sur la «part allouée» aux secteurs prioritaires tels que l’Education et la Santé maternelle infantile. «Après des audits, l’on a constaté que les proportions étaient de l’éducation, par exemple, étaient très minimes. La section des comptes devrait se pencher sur cette question», raconte Hassani Malik. Notre interlocuteur s’est également attaqué au sujet le plus sensible du moment : la grave pénurie du riz qui secoue le pays. «A plusieurs reprises, le directeur général de l’Onicor a martelé que sa société a vendu le riz à pertes ces dernières années. Nous allons donc lui envoyer un courrier pour lui demander de rendre publiques les recettes qui prouvent bien cela», avance Hassani Malik.


Etes-vous confiant qu’il va vraiment le faire ? La réponse de notre interlocuteur est non. Mais, nuance-t-il, «c’est pour inciter la section des comptes à ouvrir une enquête car si l’Onicor a bel et bien vendu à perte ces dernières années, cela voudrait dire que tout notre système de contrôle a failli». D’autre part, renchérit Hassani Malik, «notre objectif, c’est la conscientisation. L’Onicor est une société d’Etat, donc c’est la nôtre. Elle nous doit des comptes et de la redevabilité. Et une prise de conscience. Les entreprises publiques doivent comprendre qu’il s’agit de notre argent, et qu’on est en droit d’en demander des comptes».Reconnaissant que les résultats escomptés ne soient pas toujours au rendez-vous, Hassani Malik affirme que «l’association travaille sur un projet de loi sur le droit d’accès à l’information financière», convaincue que l’émergence prônée par le chef de l’Etat «rime avec la transparence et le gestion des affaires publiques», et «non le gaspillage».

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