Une enveloppe financière d’urgence d’un montant de 4,1 millions de dollars, soit 1.868.575.000 milliard de dollar a été approuvée, ces derniers jours, par la Banque africaine de développement (Bad) à l’occasion de ses Assemblées annuelles organisées à Nairobi au Kenya. L’annonce a été faite, mercredi 29 mai, par le ministre des Finances, Mze Aboudou Mohamed Chanfiou, qui assiste à ces rendez-vous cruciaux de la principale organisation financière du continent africain.
Le programme en question intitulé «projet multinational de financement des risques de catastrophes climatiques», entièrement financé par la Bad à hauteur de 35 millions de dollars, couvre quatre pays africains dont les Comores. «Le projet permettra de mieux comprendre la gestion des risques climatiques en améliorant les capacités de modélisation des risques et les politiques et législations de financement des risques de catastrophes, en favorisant ainsi un environnement propice à l’adoption d’instruments de financement des risques climatiques», indique Nnenna Nwabufo, la directrice générale de la Bad pour l’Afrique de l’Est, dans un courrier officiel d’information adressé à l’argentier du pays.
Les récentes inondations aux Comores
L’institution financière continentale s’est montrée sensible aux récents épisodes climatiques ayant endeuillé de nombreux pays d’Afrique comme au Kenya où les services de secours avaient annoncé la mort de 280 personnes après les violentes inondations. Aux Comores, l’on a enregistré deux victimes et d’immenses dégâts matériels dans plusieurs régions du pays avec le débordement de nombreuses rivières sorties de leurs lits. «Le but du projet est de renforcer la résilience et la réponse aux chocs climatiques dans les pays bénéficiaires en améliorant la gestion des risques de catastrophes climatiques», précise le courrier de la Bad.
Le bailleur souhaite ainsi que les fonds soient orientés dans trois volets, à savoir «la mise en place d’un environnement favorable à l’adoption d’instruments de financement des risques climatiques, l’amélioration de l’utilisation du financement des risques climatiques et des catastrophes et enfin le renforcement de l’adaptation et de la résilience des Comores face aux risques climatiques», selon toujours la lettre d’information remise à Mze Aboudou Mohamed Chanfiou. La requête du gouvernement comorien, fondé sur le principe de la solidarité, a été justifiée par les violentes inondations enregistrées fin avril et début mai. Un premier bilan d’urgence sur l’état des besoins a été présenté par la Direction générale de la sécurité civile (Dgsc) en présence du chef de l’Etat avec un coût global estimé à « 3 milliards de francs comoriens ». Un plan de mobilisation des fonds aurait été élaboré mais on ignore les bailleurs ou autres structures saisis officiellement.
La coopération avec l’Opep-Fund
A Nairobi, le ministre Mze Aboudou Mohamed Chanfiou a organisé une série de rencontres avec divers experts de la Bad au sujet de l’éligibilité d’autres fonds toujours destinés à la résilience des Etats fragile pour faire face à leur vulnérabilité économique sociale et climatique. Les Assemblées annuelles de la Bad sont une occasion unique pour explorer les pistes possibles à la levée des fonds et à la consolidation des programmes en cours d’exécution.
La délégation comorienne a rencontré de hauts responsables de l’Opep-Fund, une structure intergouvernementale regroupant les pays exportateurs de pétrole. La structure a deja débloqué 17 millions de dollars au profit du chantier d’El-Maarouf pour l’achat d’équipements, entre autres. «Les échanges ont porté notamment sur la dynamique de la coopération entre l’Union des Comores et cette institution, marquée par la signature d’une convention de financement pour l’hôpital El Maarouf, dont l’instrument de ratification est attendu après adoption par l’assemblée nationale, en session parlementaire».
Le ministre des Finances a salué «cette coopération renouvelée entre les Comores et l’Opep-Fund», ajoutant que «des requêtes seront prochainement introduites pour le financement d’importants projets, notamment dans le cadre de partenariat public privé, notamment dans le domaine des infrastructures portuaires, de télécommunications et des domaines de résilience au changement climatique».
Des fonds mobilisés depuis 2013 sans effet réel sur le terrain
À ce jour, il n’y a pas, à notre connaissance, un plan de soutien ciblé et durable en faveur des sinistrés lourdement impactés. On ignore aussi si des actions d’envergure pour mieux protéger les populations exposées aux fortes inondations avaient été engagées. A Ngazidja, la structure géologique de l’île demeure très fragile, selon un rapport datant de 2013 intitulé «Evaluation de vulnérabilité aux risques d’inondation en Union des Comores» qui montre que «la géologie de l’île est dominée par des roches basaltiques très poreuses et perméables», ajoutant que «son réseau hydrographique est fermé par ses rivières non permanentes qui n’aboutissent toutes à la mer».
Le rapport, co-rédigé par le Pnud, avait été élaboré après les terribles inondations d’avril 2012 dans les régions de Bambao et de Hambu. À part les nombreuses études réalisées pour comprendre le phénomène des violents torrents qui s’abattaient dans ces zones exposées à une plus grande pluviométrie, aucune initiative de grande envergure concrète n’a été prise pour parer à d’éventuels dégâts dans les localités fortement sinistrées. Le document de 45 pages avait indiqué pourtant, il y a 10 ans, que «la réduction de risques et catastrophes aux inondations se fait par deux types de mesures : les mesures d’anticipation et les mesures de protections» des habitants ayant fait face au déchaînement des rivières.
Une autre étude datant toujours de 2013 sur les inondations à Ngazidja intitulée «Etat des lieux, diagnostic et perspectives», de nombreuses actions recommandées n’ont jamais vu le jour malgré la mobilisation d’importants fonds destinés à des programmes d’adaptation aux changements climatiques.Un vaste projet sur la résilience (Fonds vert sur le climat) du pays face au changement climatique est toujours en cours aux Comores. Les fonds mobilisés à Nairobi serviront-ils enfin à financer des infrastructures physiques, face aux inondations, pour mieux canaliser les torrents et protéger les habitants contre les assauts des rivières débordantes dans les zones à risque ?
Adesina attenduà Moroni fin juin
Le patron de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina, est attendu à Moroni « le 26 juin » prochain à l’occasion des cérémonies d’inauguration des chantiers financés par son institution. La RN2 Mitsoudje-Fumbuni (en phase finale), le port de Boingoma, l’hôpital El-Maarouf ( en cours), sont en grande partie ou en totalité financés par la Bad. L’organisation a, par ailleurs, débloqué des fonds pour le chantier routier Mitsamihuli-Bangoi Kuni-Mbeni-Bahani. Des annonces ont été également faites au sujet des travaux de réhabilitation et de mise aux normes du port de Moroni.
La Bad finance divers projets dans le secteur de l’énergie et d’autres infrastructures. La dernière visite d’un patron de la Bad aux Comores remonte à 2015 avec l’arrivée de Donald Kaberuka, le prédécesseur d’Akinwumi Adesina. M. Kaberuka avait effectué une visite de deux jours à Moroni durant lesquels il a observé plusieurs chantiers de la Bad avant une visite guidée sur le site de la centrale électrique de Vwadju.