Alors que chaque année des centaines d’étudiants comoriens bouclent leur cursus universitaire, notamment à l’Université des Comores, cela ne garantit pas pour autant leur insertion professionnelle. Abdereman Ahmada, ancien étudiant du département de Géographie à l’Université des Comores, note des opportunités d’emplois et de formations mais «pour y accéder, il faut avoir le bras long». Selon lui, «l’incertitude de trouver un travail après avoir fini les études est ce qui pousse une grande partie des jeunes comoriens à prendre la méditerranée pour espérer une vie meilleure ».
Azline est du même avis qu’Abdereman Ahmada. Après ses études en 2023, il dit avoir déposé des dossiers dans plusieurs sociétés d’Etat. «Cependant, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas eu de retour», regrette-t-il avant d’ajouter : «Je viens d’une famille pauvre. Comme beaucoup d’entre nous, nos parents ont souffert pour financer nos études espérant qu’un jour nous prendrons la relève de la famille. C’est dommage de voir que nous restons toujours à la maison à leur côtés car nous n’avons nulle part où aller».
Travailler pour soi
«Nous constatons que dès qu’un agent est nommé à un poste stratégique, il considère cela comme si c’était un héritage. Il ne veut recruter que les membres de sa région, qu’ils soient compétents ou non. Ceux qui pourraient exercer convenablement le métier sont ignorés», avance une autre ancienne étudiante de l’Udc. «D’autres qui sont appelés à aller à la retraite ne veulent pas laisser la place aux jeunes. Pire encore, il y a les stages sans fin et qui ne garantissent pas un recrutement», ajoute-t-elle.
Etant donné qu’intégrer l’administration n’est pas facile pour tout le monde, Said Bacar ayant fait des études en Commerce à l’Institut universitaire de technologies (Iut) a préféré ouvrir une boutique dans son quartier. Abdillah Said, pour sa part, après une formation en Tourisme, travaille actuellement dans un hôtel de la place. Il conseille les jeunes comme lui de viser autre part que l’administration.
Pour le directeur général adjoint de la Maison de l’emploi (Mde), Arfachad Bacar, leur institution est toujours ouverte pour tout demandeur d’emploi. «Le problème que nous rencontrons souvent est celui d’adapter la formation et l’emploi souhait黸 précise-t-il. Et de soutenir que «toutes les formations ne répondent pas forcément aux besoins des administrations. Et être formé ne signifie pas être capable de travailler. Les étudiants doivent patienter et être bien réorientés aux métiers mais aussi, avoir des compétences ». Arfachad Bacar a fait savoir que la Maison de l’emploi reçoit quotidiennement des demandes des étudiants de l’Iut souhaitant exercer dans les secteurs de l’hôtellerie, la restauration, le Btp et autres. Le secteur agricole demande selon lui, pour la plupart du temps, des techniciens, et celui de la pêche reste ouvert à tous les jeunes.
Douze projets financés
Le directeur général adjoint de la Mde dit ne pas recevoir souvent des demandes pour les domaines comme le journalisme, l’enseignement, le transport des poids lourds, réitérant l’engagement de la Mde à accompagner les demandeurs d’emplois. «Nous avons financé 12 projets et avons mené des enquêtes sur nos bénéficiaires en 2021 et plus de 70 jeunes sont en activité à l’heure actuelle. On a plus de 300 jeunes formés. Un dispositif est mis en place pour accompagner ces jeunes», a-t-il indiqué.
Touma Said