Le ministre de l’Education nationale, Bacar Mvoulana, a lancé vendredi dernier au foyer des femmes de Moroni, l’outil «Insertjeune». Il s’agit, selon Mkandzilé Mohamed Assaf, un des concepteurs de la plateforme, d’un site qui va faciliter «le registre d’emploi sur les Comores», avec les entreprises, les établissements et les apprenants comoriens. Ainsi, les entreprises peuvent lancer leurs besoins d’emplois et les demandeurs vont postuler en ligne sans l’intervention de personne.
Bâtir une éducation professionnelle
Plusieurs partenaires au développement multi et bilatéraux, des représentants du secteur privé et des associations patronales locales ainsi que des jeunes à la recherche d’emploi ont été présents au lancement de cette plateforme. A l’occasion, le ministre a parlé des initiatives majeures, alignées avec la vision du Plan Comores Émergent (Pce) et qui traduisent une volonté de bâtir une éducation professionnelle «résolument tournée vers l’emploi, l’innovation et l’avenir».
«L’outil InserJeune est une révolution silencieuse mais décisive», a-t-il indiqué avant d’ajouter que « c’est la première fois que notre pays se dote d’un mécanisme fiable, dynamique et évolutif pour suivre de près le parcours professionnel des jeunes après leur formation. Cela permettra de mesurer concrètement l’impact de l’Eftp (Enseignement et formation techniques et professionnels, ndlr) sur l’emploi, d’identifier les filières porteuses et ajuster en temps réel notre offre de formation ».
Le ministre parle d’«Insertjeune» comme un outil au service de l’emploi, de la justice sociale et de l’efficacité publique. «En orientant les formations vers les besoins réels du marché, nous réduisons le chômage structurel, nous anticipons les évolutions sectorielles, et nous favorisons l’inclusion économique», a poursuit Bacar Mvoulana, saluant, dans la foulée, les efforts des partenaires.
Des actions pilotes
L’évènement a été ensuite l’occasion d’officialiser la digitalisation de l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation, (Ifef) grâce au soutien de 21 ingénieurs formés et certifiés et 19 conseillers orientés pour le pilotage d’InserJeune sont ainsi outillés. «L’avenir de notre pays repose sur vous. Notre responsabilité est de vous offrir les moyens de réussir. Avec InserJeune et la digitalisation de l’Eftp, nous créons un cercle vertueux où chaque diplôme compte, chaque formation mène à un emploi, chaque compétence est un levier d’émancipation », a déclaré le ministre de l’Education s’adressant à la jeunesse.
La représentante de l’Ifef, Léna Diop-wat, a saisi l’opportunité pour affirmer les ambitions de l’institut de mettre en place des actions pilotes pour accompagner le gouvernement comorien à une mobilisation pour l’accueil des jeunes à la recherche d’emplois. Selon Djamil Boinali, secrétaire général de l’Uccia, assurant actuellement l’intérim du président de cette institution, cet événement marque une étape essentielle dans l’engagement collectif en faveur de l’employabilité des jeunes. « En dotant notre pays d’un outil moderne, rigoureux et participatif, nous nous donnons enfin les moyens de mieux comprendre les trajectoires de formation et d’insertion professionnelle, afin de les rendre plus cohérentes, plus efficaces, et surtout, plus justes », a-t-il indiqué.
Quel couplage avec la Maison de l’Emploi ?
A l’en croire le dialogue entre les centres de formation et les entreprises a été timide. Aujourd’hui, «InserJeune» change, selon lui, la donne. «Il ouvre un espace de collaboration structuré et durable, où chaque acteur peut contribuer à l’orientation, l’amélioration et l’adéquation des compétences aux besoins réels du marché. C’est pourquoi l’Uccia se tient pleinement disponible pour accompagner la mise en œuvre et le développement continu d’InserJeune, en lien avec les pouvoirs publics, les partenaires techniques, les établissements de formation et les entreprises», a-t-il apprécié. Certains jeunes à la recherche d’emploi présents à la cérémonie ont ainsi manifesté leurs satisfactions à cette initiative.
«Ces initiatives doivent-être accompagnées par d’autres réalités, notamment des budgets d’insertions et/ou des ambitions de création des sociétés devant assurer un maximum de recrutement», a réagi Yasna Houdhoi. Cette diplômée en statistiques à Madagascar explique qu’ «au moment où les gouvernants reconnaissent et insistent que notre fonction publique est saturée, ils devraient ainsi réfléchir à comment désamorcer cette bombe à retardement avec des projets concrets visibles et bénéfiques ». Reste à savoir comment «InserJeune» peut-il se coupler avec les activités engagées parallèlement par la Maison de l’Emploi (Mde) qui, elle aussi, dispose d’outils d’accompagnement des jeunes en quête d’emplois.