Depuis quelques jours, le ministère de l’Intérieur procède à l’installation de plusieurs caméras de surveillance dans certaines artères de la capitale. Selon Mohamed Daoudou, cette opération entre dans le cadre de la sécurisation des personnes et des biens ; elle répond aussi, dit-il, aux impératifs de la lutte contre le terrorisme.
La première phase concernerait l’axe Itsandra-Mdé avant la généralisation de ces caméras sur l’ensemble du pays. «Nous essayons de réunir toutes les conditions pour améliorer la sécurité de la population. Il n’y aura pas de développement sans sécurité.
Ces informations sont collectées dans l’unique but d’assurer la sécurité de nos concitoyens», a expliqué hier à Al-watwan le premier flic de la République.
Pour justifier le bien-fondé de cette décision, qui fait déjà l’objet de polémique à Moroni, Mohamed Daoudou cite les accidents de la route, les forfaits nocturnes dans les magasins, la nécessité d’une régulation de la circulation, la sécurisation des bâtiments administratifs ou encore la surveillance des «sites stratégiques du pays».
Enfreint aux libertés individuelles
«Certains bâtiments sont équipés de dispositifs, mais nous élargissons les horizons. Nous aurons des images en temps réel contre les incivilités et la délinquance.
Il y a un commandement secret avec l’implication de la gendarmerie, la police et le Cosep», a-t-il précisé. Il s’agit de caméras à 360°, dotées d’une portée de 400 mètres ou de deux kilomètres avec zoom, d’une vision nocturne ; elles fonctionneront 24h/24 avec le courant de Ma-mwe ou l’énergie solaire.
Pour certains, l’installation de ces caméras de surveillance constitue une atteinte aux libertés individuelles. Toutefois, «dans un contexte de mondialisation du terrorisme et vu les nombreux délits commis sur la route, cette action peut s’avérer nécessaire», estime Me Abdoulbastoi Moudjahidi.
Encore faut-il que les autorités nationales passent par les organes compétents, notamment le parlement, pour conférer à cette décision un caractère légal. Il demande, en outre, des précisions claires sur les objectifs et l’utilisation des images qui seront stockées.
Pour cet avocat du barreau de Moroni, l’utilisation de ces images sans aucun consentement serait une violation des libertés individuelles des personnes. Il estime que le terrorisme, les véhicules volés ailleurs et qui réapparaissent soudainement à Moroni, les accidents de la circulation et les délits de fuite peuvent constituer des motifs légitimes.
Toutefois, «il faudrait préciser les données recherchées et pour quelles finalités. Je rappelle que la sécurité nationale repose sur des textes et que les libertés fondamentales sont garanties par la Constitution», soutient-il.
Il faut rappeler qu’il existe une loi (No 14-029/AU du 26 juin 2014) portant protection des données à caractère personnel. L’article 5 du texte exige un traitement «loyal et licite » des données collectées pour des finalités «explicites, légitimes et non frauduleuses » et ne pas les utiliser «ultérieurement de manière incompatible» avec les finalités définies.
L’article 43 demande «l’autorisation et le contrôle» de la Commission nationale de l’informatique et des libertés avant le traitement des données collectées.