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Insurrection à la Médina de Mutsamudu I Le gouverneur Salami écope de 12 ans d’emprisonnement fermes

Insurrection à la Médina de Mutsamudu I Le gouverneur Salami écope de 12 ans d’emprisonnement fermes

Société | -   Sardou Moussa

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Dans cette affaire, la cour a retenu contre l’ex-gouverneur les charges  d’ «atteinte à l’unité nationale», «participation à un mouvement insurrectionnel» et «troubles à l’ordre public». Pour les autres accusés qui ont pris la fuite vers Mayotte et qui ont donc été jugés par défaut, la juridiction a retenu contre eux les charges de «participation à un mouvement insurrectionnel»,  «meurtre» (deux ou trois civils ont été tués lors de ces échanges de tirs avec les forces de l’ordre), «rébellion», «port illégal d’armes» et «troubles à la sécurité publique». 

 

L’affaire dite «Médina » a enfin été jugée ce dimanche 20 mars par la Cour de sûreté de l’Etat. C’est celle relative à cette manifestation du lundi 15 octobre 2018, initialement voulue « pacifique », et initiée et financée par des membres de l’exécutif de l’ancien gouverneur Abdou Salami Abdou, mais qui a coïncidé à la même date à une insurrection armée, conduite par des hommes cagoulés et retranchés pendant cinq jours dans la médina de Mutsamudu.

Les autres jugés par défaut

Dans cette affaire, la cour a retenu contre l’ex-gouverneur les charges  d’ « atteinte à l’unité nationale», «participation à un mouvement insurrectionnel» et «troubles à l’ordre public». Pour les autres accusés qui ont pris la fuite vers Mayotte et qui ont donc été jugés par défaut, la juridiction a retenu contre eux les charges de «participation à un mouvement insurrectionnel»,  «meurtre» (deux ou trois civils ont été tués lors de ces échanges de tirs avec les forces de l’ordre), «rébellion», «port illégal d’armes» et «troubles à la sécurité publique». Pour les autres collaborateurs et proches de l’ex-gouverneur, certains ont été accusés des mêmes chefs d’inculpation que ce dernier, et pour d’autres seulement de « non révélation de crimes et délit en préparation ».


La Cour a déclaré coupables des faits qui leur sont reprochés, Anrifidine Artadji, Mohamed El-sadate Nadjib, Faïz Youssouf Majani, Nourdine Salim Maladi alias Edmond, Ibrahim Bacar dit Paco et Youssouf Mohamed, tous réfugiés à Mayotte, à 20 ans de réclusion criminelle  et a émis des mandats d’arrêt contre eux. Elle a de même déclaré Abdou Salami Abdou coupable et l’a condamné à 12 ans de prison fermes. Elle a, par ailleurs, ordonné l’ouverture de son compte bancaire, qui avait été bloqué sur ordre de la justice, mais l’ex-gouverneur restepersuadé que c’était d’abord sur «ordre d’en haut».

En détention provisoire entre octobre 2018 et février 2019

Abdallah Ibrahim dit Igor, ancien conseiller spécial de Salami, et Mohamed Rabioun, ancien commissaire de l’exécutif du gouverneur Salami, ont écopé de 4 ans de prison fermes. Nassur Mohamed, ancien agent de Comores Télécom, proche de l’ancien gouverneur, a pris 5 ans. Faïssoil Daroussi, qui a admis avoir participé à la manifestation et lancé des pierres contre les forces de l’ordre, a pris 12 ans. Nasser Mohamed, ancien militaire de l’And, qui a nié avoir participé à l’insurrection et tiré en l’air des coups de feu avec une kalachnikov, a quand-même pris 10 ans. Abtoihia Ali, ancien trésorier-payeur de l’île, a écopé de 7 ans, après avoir reconnu avoir été informé de la manifestation par Abdallah Mohamed, mais nié y avoir participé, ni fourni des moyens et de la nourriture à des jeunes barricadeurs de son village.

Ibrahim Mohamed Allaoui dit Nyantsu, un jeune, a dit avoir juste pris l’arme d’un des insurgés et fait un selfie avec, laquelle a été par la suite publiée sur les réseaux sociaux, mais a nié avoir pris part à l’insurrection. Cela n’a pas empêché la cour de lui coller 10 ans.Rappelons que toutes ces personnes ont été placées en détention provisoire entre octobre 2018 et février 2019 jusqu’à la tenue de leur procès, ce dimanche.

L’absence d’Abdallah Mohamed

Pour revenir à l’ex-gouverneur déchu, il n’a pas reconnu les faits qui lui étaient reprochés, allant dans le même sens que ses deux avocats, qui ont estimé que les infractions imputées à leur client ne seraient “aucunement constituées”. Ils ont surtout, eux comme leur client, estimé que l’absence dans ce procès de l’ex-secrétaire général de l’exécutif de l’île, Abdallah Mohamed, à qui Salami avait « confié l’argent de l’organisation de la  manifestation pacifique », et qui était selon eux « l’organisateur » de celle-ci, empêchait la manifestation de toute la vérité dans cette affaire.Ce personnage qui, pour rappel, a été le gouverneur par intérim de l’île de Ndzuani après l’arrestation et la mise en détention de Salami, a été cité par plusieurs accusés comme étant celui qui leur avait informé de la tenue de cette manifestation, insistant même pour qu’ils y participent.


Dans sa déclaration devant la presse après le délibéré, maître Mahamoud Ahamada, l’un des conseils de Salami, a jugé très disproportionnée la décision rendue par la cour contre son client. « On ne nous a pas présenté des preuves de ce qu’on lui reproche pour qu’il mérite une telle peine. Mais nous ne sommes pas surpris, car depuis que cette procédure a commencé nous n’avons rencontré que des surprises.  Mon client est serein et garde son moral, je ne pense pas que nous ayons quelque chose à faire actuellement». Interrogé toujours au sujet de l’absence d’Abdallah Mohamed dans ce procès, l’avocat a estimé que “c’est à lui que profite cette affaire, car c’est lui qui a réussi à évincer Salami pour prendre sa place», et a dit regretter “que la justice n’ait pas voulu le faire comparaître”.

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