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Intempéries : des dégâts considérables et des familles déplacées à Ngazidja

Intempéries : des dégâts considérables et des familles déplacées à Ngazidja

Société | -

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Les pluies torrentielles ont provoqué le débordement de certaines rivières, bloqué l’accès à des routes et poussé de nombreux sinistrés à quitter leurs zones d’habitation, selon la sécurité civile.

 

Depuis dimanche 4 mai, l’île de Ngazidja est frappée par de fortes pluies qui n’ont cessé de s’intensifier. Ce phénomène météorologique s’inscrit dans le passage de la saison de la mousson, Kashkazi, à celle des alizés, Kusi.
D’après la direction de la météorologie, ce basculement est caractérisé par des épisodes pluvieux localisés, particulièrement marqués cette année dans le sud de Ngazidja. À ces pluies s’ajoutent des vents violents pouvant atteindre les 40 km/h, accompagnés d’éclairs et de tonnerres, et qui rendent la situation encore plus critique.Les conséquences sont nombreuses : inondations, routes impraticables, coupures d’électricité, dégâts matériels sur des habitations, des infrastructures scolaires, voire des marchés. Malgré la solidité apparente des bâtiments, beaucoup de familles se retrouvent impuissantes face à l’infiltration de l’eau.

Une maison envahie par les eaux

À Iroungoudjani, Faidhoiti Siga raconte sa nuit agitée : «Mon salon fuyait, j’ai dû débrancher la télé et mettre des bassines partout pour limiter les dégâts.» À quelques mètres de là, sa voisine Malhat Ibrahim confie ses angoisses :
«Mes cahiers sont trempés, ma chambre est inondée, et j’avais peur de brancher mon téléphone à cause de l’humidité sur les murs.»A Dzahani la Tsidje, Faïma Said évoque une maison envahie par les eaux, des vêtements et documents imbibés, et une chambre devenue inhabitable. Même les écoles n’échappent pas à ces conditions extrêmes. À l’école privée Alhabib Omar d’Epao, une mère de famille raconte avoir trouvé les salles de classe inondées, les bancs déplacés pour éviter l’eau tombant du toit. Ahamada Soilihi, un élève, confie : «Ma salle de classe était trempée, je n’ai pas pu suivre les cours.»

À Coulée, au nord de Moroni, la marchande Mariama Nomane montre sa maison envahie par l’eau et les ordures : « Nous avons passé la nuit à essuyer le sol. Même le lit est trempé.» La route qui mène au « Marché des Anjouanais » est jonchée de pierres et de déchets charriés par les flots. Salma, une habitante de Zilimadjou, témoigne avoir prêté main-forte à sa tante à Mamora : «Sa maison était inondée de partout. Ce matin, ils se sont réveillés avec de l’eau jusqu’aux genoux. Ils ont dû creuser des trous pour l’évacuer.»La Direction générale de la sécurité civile (Dgsc) indique que plusieurs zones sont particulièrement affectées, notamment Zilimadju (route Mamora), le quartier Coulée, Vunvuni (où la rivière a débordé) ainsi que Mitsudje, où la crue de la rivière Maithara a inquiété, bien que les habitants interrogés ne signalent pas encore de dégâts majeurs.

Zones inondables

La Dgsc affirme que ses agents sont déjà mobilisés sur le terrain pour venir en aide aux familles sinistrées, en partenariat avec le Croissant-Rouge comorien. Des relogements d’urgence et une assistance matérielle seraient en préparation.
La Dgsc a appelé la population à faire preuve de vigilance, notamment dans les zones inondables du Hambu, de Bambao et du sud de Moroni. Même si aucuns blessé ni décès n’a encore été signalé cette semaine, la mémoire collective reste marquée par les intempéries de l’année dernière, à la même période.Le rapport présenté alors aux partenaires internationaux évoquait plus de 68 000 sinistrés à travers le pays, dont 26 545 à Ndzuani, avec trois décès et de nombreux dégâts matériels : plus de 1 100 habitations submergées, 149 familles déplacées et 70 % des cultures vivrières emportées.
Pour l’instant, la météo prévoit une accalmie relative des pluies dans les jours à venir, même si les vents pourraient se renforcer. La direction météorologique exhorte les habitants à rester prudents, à éviter les zones à risque, à stocker de l’eau et à se déplacer avec la plus grande précaution.

A Moustoifa et I. M. Mairat

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