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Interview. Me Ibrahim Ali Mzimba : «Il va falloir décloisonner notre barreau, le rendre capable de prendre part aux grandes conférences internationales»

Interview. Me Ibrahim Ali Mzimba : «Il va falloir décloisonner notre barreau, le rendre capable de prendre part aux grandes conférences internationales»

Société | -   Mariata Moussa

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L’investiture du bâtonnier de l’ordre des avocats s’est déroulée le samedi 10 juin, suite aux élections ordinales du 26 avril dernier. Le nouveau patron du barreau de Moroni, élu avec un score écrasant de 92%, a répondu aux questions d’Al-watwan sur ses missions, la construction de la maison d’avocat et l’arrivée des avocats ayant exercé dans des barreaux étrangers. Au cours de cette interview, Me Ibrahim Ali Mzimba a également donné son avis sur la rupture des relations diplomatique entre l’Union des Comores et le Qatar.

 


Vous venez d’être investi bâtonnier de l’ordre et, à la fois, président du Conseil de l’ordre des avocats. Quels sont les premières mesures que vous comptez prendre ?


D’abord, merci pour l’intérêt que vous portez pour la profession d’avocat et je saisi cette occasion pour remercier l’ensemble des avocats pour la confiance qu’ils ont exprimée à mon endroit.

Vous savez, le barreau de Moroni est le plus jeune de l’Océan indien. Tout est à refaire. Au niveau national, pour commencer, il va falloir asseoir une organisation claire, simple et efficace.

Une organisation qui permet à tout avocat d’accomplir sa noble mission, de défenseur du justiciable. Renforcer l’idée déjà exprimée par mon prédécesseur, l’ancien bâtonnier Me Harimia Ahmed, à savoir, bâtir la grande maison d’avocat.

Je vais entrer en contact avec les banques, le gouvernement et les pays amis pour cerner ensemble un financement possible pour la construction de la maison des avocats.

 


Au sujet de la maison d’avocat, c’était la priorité de votre prédécesseur. A quoi sert-elle ?


Elle sert à beaucoup d’actions. D’abord, elle constitue le lieu central de l’activité, de rencontre  et un bureau pour le justiciable qui est dans l’urgence.

Celui qui a un besoin pressant de se faire assister par un avocat. Le citoyen peut à tout moment s’adresser à la maison d’avocat pour obtenir assistance.

En revenant sur la précédente question par rapport à mes premières mesures, au niveau international, il va falloir décloisonner notre barreau, le rendre capable de prendre part aux grandes conférences internationales organisées pour les barreaux.

Ces grandes conférences sont des lieux de rencontre pour lesquels l’avocat retrouve son humilité dans la mesure où il se rend forcement compte qu’on a encore beaucoup à apprendre pour mieux défendre les justiciables.

Ce sont également des moments de grande culture en ce sens que les conférences internationales confèrent à l’avocat un savoir considérable sur l’état du droit dans le monde.

 


Des avocats inscrits auprès des barreaux étrangers intègrent actuellement le barreau de Moroni. Comment expliquez-vous leur inscription ?


Je suis personnellement heureux d’accueillir des avocats de grande envergure, tels que Me Saïd Larifou et Me Soulaimane Soudjay. Tous deux vont insuffler une dose de dynamisme et permettre d’améliorer notre qualité de travail. Je leur souhaite la bienvenue.

 


Que gardez-vous comme souvenir de votre prédécesseur et de ses trois mandats ?


Le souvenir d’une femme bien crédible dans son métier, exigeante envers elle-même et envers les autres. Elle a su présider le conseil de l’ordre en respectant la déontologie et l’indépendance de la profession et a œuvré pour qu’on dispose d’un barreau apolitique.

 


Me Ibrahim Ali Mzimba, aujourd’hui bâtonnier de l’ordre des avocats, vous étiez ministre des Affaires étrangères, que vous inspire la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar ?


Vous savez, la diplomatie est un art de négociations entre États, c’est-à-dire, un ensemble de moyens et d’activités qu’un État consacre à la gestion de sa politique étrangère. C’est justement ce qu’a fait le gouvernement comorien.

On peut bien sûr ne pas être d’accord et donc manifester son désaccord. Ce sont des actes de gouvernement discrétionnaires et régaliens.

La politique diplomatique d’un État relève strictement du pouvoir discrétionnaire, c’est-à-dire le fait du prince.

Ce qui est dommage dans cette affaire, certains vont jusqu’à une exagération qui relève même de l’ineptie totale. On reproche au président de n’avoir pas saisi l’Assemblée pour information et concertation avant d’en prendre la décision.

On confond ici relation diplomatique qui relève d’une politique d’ensemble d’un gouvernement et engagements et autres traités internationaux qui eux, nécessitent clairement une approbation préalable de l’Assemblée.

Il appartient seul au gouvernement en place de juger l’opportunité d’une relation diplomatique.

 


La classe politique s’est retrouvée à Ndzuani pour la cérémonie d’anniversaire du 26 mai sauf vous, pourquoi cette absence ?


J’y étais puisque j’ai adressé un message de félicitation au président Azali et l’ai félicité aussi des réalisations en cours qui font plaisir à la population.

Autrement, en ma qualité d’ancien candidat et en tant que vice-président battu aux présidentielles, mon système de valeur m’interdit de danser sur ma propre défaite.
                    

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