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Investiture du chef de l’Etat I La cérémonie de Maluzini vue par la presse internationale

Investiture du chef de l’Etat I La cérémonie de Maluzini vue par la presse internationale

Société | -   A.S. Kemba

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Des agences de presse, se fondant souvent sur des stéréotypes, rappellent l’histoire mouvementée de l’archipel à travers de sobres récits qui relatent, cette fois, les fractures de la classe politique, la personnalité d’Azali Assoumani et les défis immédiats à relever pour mettre le pays sur les rails.

 

Les festivités qui ont eu lieu dimanche 26 mai au stade omnisport de Maluzini et les solennités vécues ont attiré l’attention de la presse internationale, africaine en particulier. Les medias étrangers ont dressé un portrait mitigé de la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat. La présence de cinq chefs d’Etat à Moroni a, certes, allégé l’accès aux moteurs de recherche sur le pays. Mais, les idées que se font de nombreux confrères sur les Comores restent encore figées sur un archipel autrefois dominés par d’interminables crises politiques.

Le passé mouvementé du pays

Malgré une accalmie institutionnelle ces vingt dernières années, les medias internationaux reproduisent la même photographie en rappelant le passé mouvementé du pays et surtout les divisions larvées actuelles entre le pouvoir et l’opposition au sujet du scrutin du 14 janvier avec son lot de critiques et de contestations. Et cela donne du grain à moudre à ces medias et une occasion idéale pour rationaliser leurs pensées propres sur les Comores.La présidence comorienne de l’Union africaine a suscité une certaine curiosité de nombreux medias et permis à certains d’entre eux de revenir sur des actions symboliques engagées par le président de la République. «Azali Assoumani appelle à arrêter la guerre en Ukraine», écrit le media SpuntnikAfrique qui a rappelé «la délégation menée par Azali Assoumani, président comorien et dirigeant de l’Union africaine» et ses homologue «d’Afrique du Sud, de Zambie, du Sénégal, d’Ouganda et de la République du Congo ainsi que le Premier ministre de l’Égypte» arrivés, fin 2023 à Moscou et à Kiev pour soumettre un plan de paix à l’Ukraine et à la Russie.

La présence des cinq chefs d’Etat africains

Revenant sur la cérémonie proprement dite, le magazine Jeune Afrique parle d’un «événement qu’Azali Assoumani a voulu grandiose», rappelant, au début de son texte, la présence des cinq chefs d’Etat africains au stade de Maluzini. «Le président comorien a prêté serment ce dimanche 26 mai devant quelques milliers de militants et en présence de cinq chefs d’État africains», écrit l’hebdomadaire fondé en 1960 par feu Béchir Ben Yahmed.Le journal ajoute qu’ «Azali Assoumani s’offre une investiture en grande pompe» prenant le contrepied d’Outre-mer la 1ere qui, reprenant un texte de l’Agence France Presse (Afp), parle «d’une investiture sans ferveur populaire». Et le site d’information d’ajouter : «Alors que l’on espérait 11.000 spectateurs, les tribunes du nouveau stade de Maluzini présentait des travées entières de sièges vides». Quant à Radio France internationale (Rfi), l’on a noté des commentaires à minima. «Réélu dès le premier tour le 14 janvier dernier malgré les contestations de l’opposition, Azali Assoumani, qui vient de passer sept ans au pouvoir, entame un mandat de cinq ans», écrit le media français sur son site internet. 

 


Africa24, de son côté, y voit «une cérémonie réussie», revenant, dans un reportage de 2 minutes, sur la solennité de l’évènement. La journaliste décrit une atmosphère paisible aux Comores tout au long de la journée du dimanche 26 mai, ajoutant que «cette participation massive démontre la présidence réussie du pays de l’Union africaine». Le media a surtout mis en avant les propos du dirigeant congolais, Denis Sassou Nguesso, qui a loué le travail du chef de l’Etat Azali Assoumani à la tête de l’organisation panafricaine, en parlant d’un «brillant mandat» et de son travail acharné consistant à promouvoir «une Afrique moderne, unie, solide et solidaire».
S’agissant de la personnalité du chef de l’Etat, les medias sont revenus sur l’interposition armée du 30 avril 1999 qui a constitué le point de départ de sa carrière politique. De nombreux sites et chaînes d’infos ont entretenu une narration d’un pays en conflit politique permanent en mettant surtout en lumière les incompréhensions nées après le scrutin du 14 janvier dernier. «Arrivé à la tête du pays une première fois en 1999 par un coup d’Etat, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016. Il a officiellement obtenu en janvier 57,2% des voix à la présidentielle, lui permettant de se maintenir jusqu’en 2029», souligne le site d’info « Memento » de l’Ile de La Réunion.

Le dialogue avec l’opposition

Le site d’information «Les Echos du Congo-Brazzaville», avec une photo Azali-Sassou Ngueso, est longuement revenu sur le déplacement du président guinéen sur le sol comorien pour «la cérémonie d’investiture de son homologue des Comores, Azali Assoumani». Le media évoque « les liens fraternels » entre les deux Nations et les deux présidents sans oublier de revenir sur les pages noires de l’histoire du pays. «Les Comores, qui comptent environ 800 000 habitants, ont connu une vingtaine de coups d’État ou de tentatives de coup d’État depuis qu’elles ont obtenu leur indépendance de la France en 1975 », note le site d’information congolais. Le media a mis en valeur les réflexes de dialogue du président qui a appelé «la société civile, l’opposition et tous les acteurs politiques à mettre de côté leurs divergences en faveur de la paix et de la démocratie».


Le chef de l’Etat est perçu comme un acteur majeur de la vie politique nationale en raison de son rôle joué après la crise séparatiste qu’a connue le pays en 1997, jusqu’à être «présenté comme salvateur pour parer au risque de sécession de l’île d’Anjouan», comme l’a écrit Le Quotidien de l’Ile de La Réunion. «Il s’agit de son troisième mandat successif qu’il détient dorénavant jusqu’en 2029», ajoute le journal de l’île Bourbon.

Les fragilités économiques du pays

Au sujet des défis à relever, les medias n’ont pas allé au fond des difficultés à l’origine de la situation socio-économique actuelle, se limitant à décrire un pays comme les autres qui subissent de plein fouet les crises internationales. «De nombreux Comoriens espèrent que ce nouveau mandat permettra au président Azali Assoumani d’engager les reformes nécessaires», souligne TV5 Monde qui évoque «des inégalités sociales importantes» dans le pays.Le media a donné la parole à une entrepreneure comorienne qui souligne les difficultés pour entreprendre aux Comores avant de recueillir les explications du ministre de l’Economie, Ahmed Ali Bazi. Ce dernier a défendu les actions entreprises pour soutenir le tissu économique national et la jeunesse, citant les fonds de garantie accordés à des opérateurs économiques, la création d’une société de garantie au profit du secteur privé.Le media a rappelé l’épidémie de choléra qui a fait plus d’une centaine de victimes et les «inondations dévastatrices » ayant frappé les îles, comme étant des facteurs de fragilité mais reste optimiste, soulignant que le président investi compte «poursuivre les chantiers visant la paix, la stabilité, la croissance économique et la cohésion nationale au vu de l’Emergence du pays à l’horizon 2030» et en annonçant «la nécessité d’avoir un dialogue constructif avec l’opposition pour développer le pays».

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