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Jeunes : Une implication intense et diverse

Jeunes : Une implication intense et diverse

Société | -

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Le rôle de la jeunesse comorienne dans le mouvement pour la libération nationale et dans la poursuite du parcours initié par les générations précédentes est indéniable.

 

Pour tous les pays, les jeunes constituent un atout et un potentiel incontestable pour le développement. Aux Comores, la jeunesse a toujours été aux avant-postes de la lutte contre l’obscurantisme et toutes les formes de domination.Aux années 1950, les jeunes Comoriens prennent une part très active à la création des associations culturelles et sportives qui se développent dans l’archipel. Ils sont, notamment, à la tête de la première forme de contestation de la société traditionnelle avec, notamment, la création par des jeunes issus de l’élite comorienne formée à Madagascar, essentiellement, de l’«Association de la jeunesse des Comores» ou Ajc. La philosophie de base de l’Ajc était «l’éveil de la conscience» des Comoriens. La plupart de ses membres contestent ouvertement le grand mariage dit «anda»*, les «mariages arrangés», les pratiques du régime de l’«Autonomie de gestion» en vigueur à l’époque.

Développement intense du mouvement associatif
Avec l’instauration de l’«Autonomie de gestion» puis de l’«Autonomie interne», on assiste à un développement des associations culturelles et sportives. La plupart des localités ont, par exemple, leurs équipes de football et leurs «associations musicales». C’est en cette période qu’ont vu le jour les formations mythiques de football que sont «Union», «Kartala», AJC (Association de la Jeunesse des Comores). Elles allaient être suivies, quelques années plus tard, du Luna sports, Comores sport, Lumière, Volcan club, Rapide club, Papillon bleu, à Ngazidja, du Gombessa, Chirazienne, Citadelle à Ndzuani, Foudres sport de Fomboni à Mwali.
Des tournois inter-îles opposent, alors, les meilleurs clubs de l’archipel. Des compétitions et des fêtes de la jeunesse sont organisées un peu partout à partir de 1960 et drainent des foules nombreuses de jeunes dans les principales localités du pays.

Nouvelles évolutions, vent de révoltes
Au cours de cette période apparaissent, également, les mouvements scouts et les associations culturelles. Beaucoup de ces associations sont présentes dans les grandes villes.Au fil des années, cette jeunesse embrasse de plus en plus les idées «révolutionnaires» et d’indépendance prônées par le «Mouvement de libération nationale des Comores» (Molinaco) basé, notamment, en Tanzanie où des jeunes comoriens acquièrent la ferme nécessité et engagement de «changer le cours des évènements» dans leur archipel d’origine.Cette jeunesse prend la tête des mouvements de grèves des collégiens en 1963, puis des lycéens en 1968 qui revendiquent, au départ, de meilleures conditions de vie à l’internat.

La contestation de 1968 a pris sa source dans le crash d’un avion de la Compagnie Air Comores, survenu le 28 janvier 1968.
Ce soulèvement absolument historique de 1968 a ébranlé le fragile édifice de l’«Autonomie interne» en galvanisant l’élan indépendantiste du pays, et a contribué à ouvrir la voie à la création de nouveaux partis politiques. C’est ainsi qu’au début des années 1970, on ne comptera pas moins d’une dizaine de formations politiques que des historiens ont pu classer en deux grandes tendances : celle qui joue un rôle de levier en faveur de l’administration coloniale, d’une part, et celle engagée dans la lutte pour l’indépendance.


Ce foisonnement politique met, plus encore à mal, les fondements de l’administration coloniale qui voit alors chacune de ses actions systématiquement contestée. Un vent de révolte de l’ordre établi gagne toutes les couches de la société dans un sursaut et un éveil de la conscience politique inédits.On voit apparaitre les Comités d’action lycéens puis la Jeunesse socialiste.Plus tard au début des années 1970, allait apparaitre l’Union fraternelle de l’art comorien, l’Ufac, qui sera le vivier de l’expansion de la «culture nouvelle» dite «Msomo wa nyumeni», un mouvement révolutionnaire résolument à gauche des idées en cours alors et qui va essaimer son activisme et son engagement militant dans toutes les régions du pays. Ainsi naitra l’Association pour la rénovation culturelle (Arc) à Mitsamihuli au nord de Ngazidja et l’Union culturelle des Comores (Ucuco) de Mtsamdu ya Ndzuani.


Ces mouvement sont dynamisés, notamment, par l’action de l’Association des stagiaires et étudiants des Comores (Asec) très active dans la conscientisation de la jeunesse estudiantine de la diaspora et, parfois, très influente auprès de la jeunesse de différentes régions du pays et qui avait fait de la «lutte contre le colonialisme et le féodalisme» son cheval de bataille.Ses diverses publications s’attaquent frontalement au «colonialisme français» et appellent le peuple à «s’organiser en conséquence». Après l’accession du pays à l’indépendance, les militants les plus aguerris de l’Asec seront à l’origine de la création du Front Démocratique (Fd) et du «Demokrasi mpiya» de Moustoifa Cheikh, Abdou Mhoumadi, Youssouf Moussa qui, plus tard, allaient s’illustrer dans la lutte contre la présence des mercenaires français installés aux Comores entre 1978 et 1989.

Dr. Oulédi Ahmed


*Un format qui existe presque
uniquement sur l’île de Ngazidja

 

 

 

 

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