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Journée internationale de la femme I Deux femmes «combattantes» à l’honneur

Journée internationale de la femme I Deux femmes «combattantes» à l’honneur

Société | -   Sardou Moussa

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A l’occasion de la Journée internationale de la femme, Al-watwan a choisi des femmes qui se sont distinguées par leurs combats militants ces dix dernières années dans divers domaines touchant l’humanitaire et la défense des droits des personnes vulnérables. Les deux femmes élues députées en 2020, Ladaenti Houmadi et Hayda Nourdine, ouvrent le bal.

 

 

Ladaenti Houmadi,
«Une combattante politique qui rêve de leadership et de progrès»

 

Ladaenti Houmadi (bweni Lada, pour les intimes), l’une des deux femmes élues députées à Ndzuani, est née à Chandra le 23 juin 1983. Son entrée en politique n’est pas ancienne, mais cela ne l’a pas empêché de gravir plusieurs échelons en quelques années seulement, à des âges quasiment records.
Elue maire de la commune de Bambao-mtruni en 2015, elle passe ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports en 2018, au sein du troisième gouvernement d’Azali Assoumani. Elle devient ensuite la conseillère chargée des Affaires sociales et du Genre du président, poste qu’elle occupait jusqu’à son élection au poste de députée de la neuvième circonscription (Wani 2).


L’on pourrait croire que tout réussit facilement à cette enseignante d’anglais, mère d’une fille. Mais elle, se voit comme une combattante, qui progresse grâce à ses efforts et à son engagement personnels. «Soyez-en rassuré. J’ignore si vous connaissez mon histoire et mon parcours… ça va se savoir à l’Assemblée», répond-elle, quand, en marge de notre entretien, nous lui disions que «les femmes comptent sur vous les nouvelles députées pour les défendre».


L’ancienne maire de Cuvette dit inscrire son combat quotidien dans la «lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles», d’»aider et encourager la femme comorienne à devenir autonome» et l’»encourager» à aller vers «les activités entrepreneuriales» ainsi que sa «représentation dans les institutions étatiques». Et en tant que députée, Lada compte aller plus loin que de défendre simplement l’intégration socio-économique de la femme. Elle envisage des «propositions de lois sur des projets relatifs aux ressources locales existantes et sur le tourisme».


Il est vrai que les choses sont souvent plus faciles à dire qu’à faire. Mais l’on dit aussi qu’avec suffisamment de volonté, l’on peut soulever une montagne. En tout cas Ladaenti allie à la fois force de caractère et détermination à atteindre le sommet. «Ma vision de l’avenir, c’est d’évoluer en tant que femme leader aux Comores», affirme-t-elle. Disons que son expérience, certes assez courte mais dense, de l’exercice des responsabilités publiques, l’y aidera. Tout comme les nombreux voyages qu’elle a effectués dans le cadre de ses fonctions, notamment en Chine (participation au Festival sino-arabe de novembre 2018), à Maurice (préparatifs des Jeux des Iles de l’Océan indien 2019), aux Seychelles (Conseil de la Jeunesse et des Sports de l’Océan indien), en Suisse ou au Sénégal, ont sans doute contribué à aiguiser sa vision du monde.

 

 

Hayda Nourdine Sidi,
Une vie dédiée au féminisme et à l’humanitaire

 

 

Qui pourrait mieux incarner le combat en faveur de l’émancipation de la femme que la vice-présidente de l’Assemblée nationale ? Au regard de son parcours exceptionnel de militante «infatigable» des droits de la femme, l’on peut dire que la fonction d’élue de la Nation lui sied bien. D’ailleurs, des idées, des propositions de lois, elle en a plein la tête, pour encore et encore «promouvoir la femme en général, dans la parité, la politique, l’économie, la santé, sa protection…».


«Je proposerai des textes pour faire progresser tous ces domaines, mais j’agirai aussi en faveur de la mise en application des nombreux autres textes internationaux allant dans le même sens, que notre pays a ratifiés. Je pense particulièrement à ceux qui protègent les mineurs. Je pense également faire quelque chose en faveur de la société civile : qu’elle soit reconnue et considérée à sa juste valeur par l’Etat et ses partenaires», nous promettait-elle, au lendemain de son élection. Elle est en effet persuadée que si celle-ci était dotée d’un budget conséquent, elle pourrait former ses membres et créer des emplois pour réduire le chômage.


Hayda Nourdine est une rêveuse, mais une rêveuse très bien avertie de ses rêves. Quand elle vous parle de droits, de protection et d’épanouissement de la femme ; quand elle aborde la thématique de la prévention des conflits sociaux, c’est en parfaite connaisseuse de la chose. Les formations de recyclage dont elle a bénéficié (gestion économique sensible au genre à l’Institut africain de développement économique et de planification des Nations unies, à Dakar, médiation sociale et gestion des conflits à Addis-Abeba), ainsi que les nombreux colloques et réunions de hauts dirigeants auxquels elle a participé (sommet des chefs d’Etats africains sur la violence basée sur le genre à Paris, sommet africain sur le mariage précoce au Ghana, conférence internationale pour la population et le développement à Addis-Abeba, conférence sur l’éducation de la fille et la formation des femmes au Tchad), font d’elle une des femmes du pays les plus expérimentées dans leurs domaines.


Investie tôt dans le militantisme associatif, celle qui se fait affectueusement surnommer «mère Theresa» a fait partie de presque toutes les organisations féministes et humanitaires de ce pays : Réseau national des femmes et développement (Rnfd), Réseau national des avocats du genre (Renag ), Femmes entrepreneurs section de Ndzuani, Hifadhwi, Unagna na mayendreleyo, Narihafadhwi wu wana, Plateforme nationale des femmes en politique, Réseau national des femmes de paix, FemWise-Africa (réseau panafricain des médiateurs femmes de l’Union africaine), Plateforme de lutte contre la violence basée sur le genre (dont elle fut la présidente).


Pourtant, rien ne prédestinait cette mère de trois enfants (deux garçons et une fille), née en janvier 1977 à Mutsamudu, à cette impressionnante carrière de militante. Après des études secondaires à l’école privée Neimane de Mutsamudu, suivies d’études supérieures à l’Institut des sciences et de commerce d’Antananarivo, elle fut d’abord employée comme gérante au sein d’une société fournisseuse de services audiovisuels via satellite, à Ndzuani. Mais sa véritable vocation finit par tôt la rattraper. Elle devient chargée des femmes victimes de violences au sein du Service d’écoute et de prise en charge des femmes et enfants victimes de maltraitances, ensuite directrice régionale de la promotion du genre, puis directrice générale.

Mais en même temps qu’elle avançait d’un pied dans le domaine social, elle gardait l’autre dans l’arène politique. C’est ainsi qu’elle a également occupé les postes de secrétaire générale de la Coordination de l’action gouvernementale à Ndzuani jusqu’en 2016, puis récemment, jusqu’à son élection, celui de secrétaire générale adjointe du ministère de la Santé.A en croire cette femme étonnamment cordiale (avec elle jamais un mot de travers, toujours affable), tout ce qu’elle fait n’a qu’une finalité : «réduire au maximum les conflits dans notre pays et dans notre continent, car ils constituent le principal frein au développement». Tout un programme.

 

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