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Journée de l’Europe-Harcèlement des femmes en milieu professionnel : «un fléau invisible»

Journée de l’Europe-Harcèlement des femmes en milieu professionnel : «un fléau invisible»

Société | -

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«Harcèlement des femmes en milieu professionnel, brisons le silence», tel a été le thème abordé en conférence débat à l’occasion de la journée de l’Europe. La journaliste Faïza Soulé Youssouf, l’avocate au barreau de Moroni Me Faïzat Saïd Bacar et le sociologue Mistoihi Abdillah ont, tour à tour, évoqué le «fléau invisible» qu’est le «harcèlement des femmes en milieu professionnel» qui sévit dans le pays.

 

A l’occasion de la célébration de la journée de l’Europe, le bureau de l’Union européenne à Moroni a organisé une conférence débat mardi à l’Institut universitaire de technologie (Iut) sous le theme «Harcèlement des femmes en milieu professionnel, brisons le silence». Dans son introduction, la modératrice de la conférence, la journaliste et écrivaine Faïza Soulé Youssouf, a tenu à définir ce que c’est le «harcèlement». Selon lui le harcèlement en milieu professionnel peut être défini comme «un ensemble de comportements et de pratiques à connotation sexuelle ou fondés sur le sexe, répété ou non, qui ont pour but ou pour effet de causer un dommage d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique et de porter atteinte à la dignité et qui a pour effet également de créer un environnement de travail intimidant, hostile ou humiliant pour une personne.»


L’avocate du barreau de Moroni, Me Faïzat Saïd Bacar a, par la suite, expliqué le theme en montrant que le harcèlement est une violence qui peut se décliner sous plusieurs formes. «Il peut être physique, moral, sexuel. Il se distingue également par l’espace dans lequel il se manifeste : harcèlement de rue, cyber harcèlement, harcèlement scolaire et bien sûr le harcèlement sur le lieu de travail», a-t-elle détaillé.

 
Me Faïzat Saïd Bacar a donné quelques exemples d’harcèlement, notamment «humiliation, dénigrement, brimades, insultes, mise au couloir, suppression des moyens de travail» mais également les «conditions de travail dégradants, des sanctions injustifiées ou menaces de sanctions». Ella donné aussi des exemples de comportements et de pratiques à connotation sexuelle comme «avances, attouchements, agressions sexuelles». Il y a aussi des «attitudes répétées à connotation sexuelles telles que des blagues égrillardes, affichage de photos ou d’affiches objectivant la femme».

Me Faïzat Saïd Bacar a aussi parlé de la Loi Mourad 2007. Elle a dénoncé «le fait de harceler autrui en usant de menace ou de contrainte dans le but d’obtenir de faveur de nature sexuel par une personne abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions.» La peine est fixée à «2 ans de prison plus une amende allant jusqu’à 1 million».
Pour le sociologue Mistoihi Abdillah il n’existe aucune définition universellement admise de la notion de harcèlement. «En réalité, le harcèlement est un concept défini et perçu selon les différences culturelles. C’est pourquoi, le Bureau international du travail a du mal à avoir une définition universelle du concept ‘harcèlement en milieu professionnel’», a-t-il soulevé avant de rappeler les formes de harcèlement existant dans le milieu professionnel comorien, à savoir «l’absence de considération, les demandes abusives, les insultes, les sous-entendus, la prise de contrôle sur l’autre, le chantage, la manipulation…»


Mistoihi Abdillah a aussi parlé des conséquences liées au harcèlement. D’abord, chez les femmes harcelées «le harcèlement physique peut blesser physiquement, bien entendu, mais aussi émotionnellement. Ce qui requiert conseils et réadaptation». La violence et le harcèlement psychologiques et sexuels entraînent, selon le psychologue, «anxiété, dépression, maux de tête ou troubles du sommeil». Au sein de la société, Mistoihi Abdillah évoque comme conséquences «la perte de productivité, la perte d’intérêt et d’engagement des membres du personnel dans leur travail, la diminution de la qualité des services», mais également «l’augmentation du risque d’erreur, l’augmentation de l’absentéisme ou du roulement de personnel».


Au sein de sa famille, le psychologue mentionne parmi les conséquences «l’instabilité, le risque de divorce, des enfants moins attentionnés», entre autres. Les conférenciers proposent des pistes de solutions contre les formes d’harcèlement.Pour Mistoihi il faut dénoncer. «Il faut arrêter de supposer que perdre ou changer d’emploi est un échec professionnel et que les hommes prennent conscience que le harcèlement peut être facteur de décès», a-t-il suggéré. Pour les deux autres, il faut «briser le silence et en parler».

Chamsoudine Said Mhadji

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