La maison d’arrêt de Badjo, située dans les hauteurs de la ville de Fomboni, à Mwali, a été nettoyée ce jeudi 11 décembre. Cette journée de propreté a été organisée par le ministère de la Justice, en collaboration avec le gouvernorat de Mwali, la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (Cndhl) ainsi que le Croissant-rouge comorien (Crco) et d’autres Ong locales.Cette opération entre dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits de l’Homme et s’inscrit, selon les organisateurs, dans une démarche «de promotion de la dignité humaine, d’amélioration des conditions de détention et de sensibilisation à l’importance de l’hygiène en milieu carcéral».
A en croire toujours les organisateurs, ce rendez-vous est une occasion pour la société civile de «plaider, entre autres, pour le respect des droits de tous les individus (femmes, jeunes, minorités, personnes handicapées, autochtones, et personnes pauvres ou marginalisées) afin que leurs voix soient entendues dans la vie publique et prises en compte dans les décisions politiques». «Nous avons jugé nécessaire de nettoyer cette prison car chaque être vivant, en particulier les hommes, a droit à la santé. Peu importe le milieu où il se trouve. Et il ne sera pas possible si les détenus vivent dans des conditions d’insalubrités. Je vous rappelle par là qu’on ne peut pas parler de développement socio-économique ou culturel sans droits de l’homme car ces derniers sont censés protéger chaque citoyen contre toute forme de violence. Ce concept est transversal puisqu’il intervient dans tous les secteurs, (éducatif, sanitaires…)», a souligné à l’occasion, l’ancien délégué chargé du bien-être social, Mohamed Elhad.
Ce militant de la société civile a tenu à préciser qu’ «un prisonnier, quelle que soit sa faute, a le droit de manger, de s’habiller, et de vivre dans un endroit sain». Les conditions carcérales sont aujourd’hui pointées du doigt par les Ong. «La situation est alarmante. Bien que les incarcérés dorment sur des matelas plus ou moins normales, leurs conditions hygiéniques sont difficiles», a déploré un membre d’une Ong qui participait à l’opération.Notre interlocuteur a cité, entre autres difficultés, «l’humidité à l’intérieur, l’absence d’eau permanente pour assurer efficacement les besoins vitaux, et les conditions de sécurité dans ce bâtiment non clôturé où les détenus sont exposés à toute sorte de menace provenant de l’extérieur».
Les conditions de détention dans les prisons
Aux Comores, cette journée est une opportunité pour la commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (Cndhl) de mener toute action de sensibilisation ou d’information et de communication sociale en direction du public «en vue d’instaurer une culture des droits de l’Homme, de promouvoir la recherche, l’éducation et l’enseignement des droits de l’Homme dans tous les cycles de formation et dans les milieux».Cette célébration intervient dans un contexte troublant à Mwali suite à la mort jugée «suspecte et mystérieuse » du regretté Akbar Issoufa. Un jeune de 33 ans originaire de Fomboni, décédé au Chri de Hombo après plusieurs mois de détention à la prison de Koki, à Ndzuani. Une affaire qui secoue Mwali et le pays en général. D’aucuns s’interrogent sur les conditions de détention dans les prisons du pays. A noter qu’une opération de nettoyage de la maison d’arrêt de Moroni a été organisée la semaine dernière.
