La présidente de l’Ong Hifadhu, Rahmatou Goulam, principale conférencière de la soirée, a dressé un tableau franchement lugubre sur les violences perpétrées ces dernières années contre les femmes et les mineurs. «En deux ans de travail sur le terrain, je me suis rendue compte que la pauvreté est un facteur qui favorise la violence», a-t-elle soutenu.
Elle a rappelé l’histoire de cette couturière battue par son conjoint, gendarme de son état. «Elle aurait pu vivre de son boulot et même créer des emplois», a-t-elle dit. «Elle a contacté l’Ong Hifadhu, nous sommes partis voir un médecin». Rahmatou Goulam a même affirmé que le mari de la femme en question avait brûlé ses parties intimes avec une cigarette allumée…
«Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous»
Seulement, le jour du procès, alors que le mari était maintenu en détention provisoire, «la couturière, accompagnée de sa belle-sœur, est venue me voir afin de retirer la plainte». Après une vive discussion, «la victime m’a avoué qu’elle était enceinte et qu’elle dépendait financièrement de son mari». Si cette femme avait du travail, elle aurait peut-être réagi différemment. Les cas comme celui-ci, comme les viols sur mineurs, les incestes sont de plus en plus nombreux, tout comme l’exploitation sexuelle.
La violence n’est pas que physique, elle est aussi verbale. Au-delà de la honte ressentie par la famille des victimes, la justice a son (mauvais) rôle dans l’affaire. «Le violeur d’une gamine de 14 ans a été libérée», a-t-elle cité en exemple. Une vive émotion avait saisi la salle après l’intervention de la présidente de Hifadhui, qui a proposé que l’année prochaine, à la même date, «les femmes ne fassent rien, mais absolument rien, ni ménage, ni travail».
Cette proposition fait écho à la Grève internationale des femmes, organisée dans une cinquantaine de pays sous le slogan «Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous». A la fin de la soirée, Madame Mli Asma, a tenu à remettre une attestation de reconnaissance et un chèque à Madame Moinaecha Nassor, première monitrice d’éducation physique du pays. Elle est aussi la première femme comorienne à avoir obtenu le permis de conduire. Tout un symbole.