À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Snjc a organisé une marche pacifique, allant de la place Karthala (Radio Ngazidja) à la place de l’Indépendance. L’événement s’est achevé par une allocution du président du syndicat et la remise d’attestations au bureau sortant (2022-2024). Munis de banderoles et de pancartes, les journalistes ont scandé des slogans en chœur et appelé à de meilleures conditions de travail.Dans son discours, Ahmed Bacar a exigé l’application des articles 55, 56 et 57 du Code de l’information, qui prévoient une aide de l’État à la presse privée. «L’an dernier déjà, j’avais demandé, en vain, l’application de l’article 55, qui stipule que l’État accorde une aide aux médias privés dans le but de promouvoir le pluralisme, la diversité et l’équilibre de l’information», a-t-il rappelé, avant de lancer un appel appuyé au gouvernement : «Il est temps de débloquer enfin le fonds d’appui à la presse privée.»
Le président du Snjc a également réclamé une revalorisation des salaires des journalistes, notamment dans les médias publics. «Je demande que les journalistes soient rémunérés à la hauteur des autres corps de métier de la fonction publique. Pourquoi un enseignant titulaire d’une licence perçoit-il plus de 120 000 francs, quand un journaliste au même niveau de diplôme peine à atteindre 90 000 francs ?» s’est-il indigné. Il a adressé un message direct à la ministre de l’Information, ancienne journaliste : « Nous lui demandons de mettre fin à cette discrimination et de reconnaître concrètement notre rôle dans la société.»Le président du Snjc a également abordé le recul des Comores dans le classement 2025 de Reporters sans frontières (Rsf), avec une perte de quatre points par rapport à l’édition précédente.
4 points de moins
Une baisse jugée «non drastique », mais révélatrice de certains dysfonctionnements. Rsf a identifié trois causes principales : «la diminution de cinq points du score économique du pays, qui reflète la dégradation des conditions économiques du secteur ; la baisse de 4,9 points du score social, montrant que certains sujets restent difficiles à aborder ; et les fluctuations du classement d’autres pays, qui influent également sur le rang des Comores ».Ahmed Bacar a par ailleurs commenté le thème de cette année : «Informer dans un monde nouveau : l’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias.» Il reconnaît que l’intelligence artificielle offre de grandes opportunités pour les journalistes en matière d’efficacité, d’analyse et de diffusion — mais souligne aussi les risques, comme la production massive de fausses informations et la dépendance croissante aux technologies.
Il a insisté sur le respect du Code de l’information, notamment le rôle du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa). « Lorsqu’un journaliste est mis en cause pour son travail, c’est au Cnpa d’intervenir, pas à la justice », a-t-il martelé. Il a également dénoncé « les actes de censure et d’intimidation subis quotidiennement par les journalistes des médias publics», poussant, selon lui, «certains à l’autocensure», par peur de représailles supposées.Enfin, Ahmed Bacar a réclamé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès d’Ali Abdou, premier président du Snjc, mort dans des conditions troubles en décembre 2020.