Dans le cadre donc de la célébration de la Journée Maoré 2017, dimanche 12 novembre prochain, l’association Ngo’Shawo a organisé hier, au Clac de M’vuni, une journée de sensibilisation axée sur le thème : “ce qui fait de nous des frères.” La journée s’est ouverte par une projection d’extraits de films donnant la parole à des Mahorais partisans de l’unité des Comores.
Ces Mahorais ont dit “non à la départementalisation”. Ils évoquent, pour soutenir leur position, une “perte des valeurs” et une “assimilation forcée”. Ils appellent à “ne pas renier les origines”. La départementalisation, selon eux, est un “oubli de l’histoire” commune des quatre îles.
La projection a été suivie par une conférence-débat animée par Amir Saïd Ahmed, responsable du pôle engagement citoyen de Ngo’Shawo, avec comme invité d’honneur Idriss Mohamed, qu’on ne dissocie pas du Comité Maoré et membre du Mouvement du 11 août.
Notre conférencier du jour s’est étalé sur la “grande question”, celle qui revient souvent : “le combat mène-t-il quelque part ?” La vie, prétextent certains, est bien meilleure à Mayotte, et jamais les Mahorais ne voudront revenir dans les difficultés qui sont les nôtres. Certes, rétorque Idriss Mohamed, les Mahorais bénéficient de bons hôpitaux et de salaires attrayants, mais cela n’est que de la “poudre aux yeux”. Ces avantages ne profitent pas à tout le monde.
Ne pas laisser le débat s’étouffer
L’ancien président du Comité Maoré cite à l’appui ces milliers de Mahorais oubliés par le système, et qui vivent avec une “assistance sociale de 100 euros”, de loin insuffisante.
La France n’a pas intérêt à ce que les Comores se développent, ajoute Idriss Mohamed.
Le retour de Mayotte passe entre autres, selon lui, par le développement des Comores. Si Mayotte rejoint la France, c’est justement pour fuir les difficultés. En réponse à un intervenant qui lui demande s’il ne vaut pas mieux respecter le choix des Mahorais, il répond que les Mahorais qui sont pour le maintien de l’île sous domination française “ne rejettent pas pour autant leur comorianité”. Ils restent ancrés à la religion, à la langue et à la culture, qui sont propres aux quatre îles. Idriss Mohamed souligne par ailleurs que bon nombre de Mahorais sont pour le rattachement de l’île hippocampe à ses sœurs des Comores, faisant référence au film projeté.
L’erreur, conclut-il, serait de baisser les bras. “À cœur vaillant rien d’impossible.” Notre conférencier, qui s’est réjoui de l’affluence dans la salle, appelle ainsi les jeunes à reprendre le flambeau. “Que Mayotte retourne un jour dans son giron naturel, cela ne fait aucun doute. La question est : quand ?” Pour que ce rêve devienne un jour réalité, il faut le concours de tout un chacun. Il faut agir en commun pour “mettre la pression sur le gouvernement”, ne pas laisser le débat s’étouffer.
Pour clôturer la journée, le président de Ngo’Shawo, Ait-Ahmed Djalim, est revenu sur la nécessité de “conscientiser” les jeunes. “L’association est au chevet de la journée Maoré depuis 2013”, dit-il. Et elle compte “entretenir la flamme” via des événements semblables à celui-ci.