Chaque 31 mai, le monde célèbre la Journée mondiale contre le tabac. Aux Comores, l’évènement a été réduit à une conférence de presse tenue, le vendredi dernier, au ministère de la Santé, en présence du directeur de cabinet qui remplaçait, Loub-Yakouti Attoumane, la ministre. Cette année, le thème retenu par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) est «Protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac». Une thématique qui touche également le pays, qui voit tous les jours des jeunes fumeurs apparaitre.Comme quoi, les sensibilisations que mènent les associations et les autorités pour limiter la consommation ne suffisent pas. La preuve en est que selon le ministère de la Santé, il s’avère que le tabagisme reste un problème de santé publique. La propagation des maladies comme les accidents vasculaires cérébraux (avc), et les cancers des poumons sont en partie liés à la consommation de produits à tabac chez certaines catégories de personnes. Lors du lancement de la cérémonie, qui sera suivie de plusieurs activités, les autorités n’ont pas pu fournir des données réactualisées sur le tabagisme aux Comores.
Le directeur de cabinet du ministère de la Santé, Ben Hamza Attoumane a, dans son discours, dévoilé seulement des chiffres issus d’une enquête sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles dans le pays, datant de 2011. A l’époque, 13% de la population interrogée admettait fumer de la cigarette. Dans cette proportion, 23% étaient des hommes contre 2% de femmes.
Des cancers
L’étude révélait aussi que 18,4% des personnes sondées ont reconnu consommer du tabac sans fumée (70% sont des femmes). Il est indéniable que 13 ans plus tard, la situation s’est dégradée. D’ailleurs, le point focal national anti-tabac, le docteur Aboubacar Mzembaba, a témoigné avant-hier qu’il ne se passe pas un mois sans qu’il ne reçoive un malade présentant des problèmes respiratoires. «C’est toujours lié à la consommation de tabac. Pire encore, la maladie se retrouve toujours en stade terminale. Comme le pays ne dispose pas des moyens pour soigner les cancers, ils sont obligés de partir à l’extérieur avec les coûts financiers que ces déplacements occasionnent», a précisé ce chef de service des maladies respiratoires, qui appelle à une prudence et à un réveil des consciences. Il a ajouté que l’entrée au pays des cigarettes électroniques, les bonbons et les rouges à lèvres contenant des produits à tabac rend encore plus compliqué tout contrôle.
S’il reconnait que la loi sur le tabac n’est pas respectée, le docteur Mzembaba a noté que des améliorations ont toutefois été constatées dans le pays. «Dans les funérailles ou cérémonies de mariage, on distribuait du tabac. La tendance diminue dans certaines régions. Fumer dans les transports ou dans les hôtels est de moins en moins rare. Idem au sein des salles de classe, où, l’enseignant pouvait se permette d’allumer sa cigarette en plein cours», a-t-il énuméré. Le conférencier a appelé la population à y mettre du sien pour espérer une baisse de la consommation. «Car, les industries du tabac ne sont pas près d’arrêter la fabrication», a rappelé le docteur Hissani Abdou, qui lisait le discours du représentant de l’Oms, lors de la cérémonie du 31 mai. «A cet effet, cette année le ministère de la Santé va accentuer les stratégies de lutte, car le public, plus précisément les jeunes seraient trop peu informés des effets néfastes du tabac. Des conférences débat seront animées par l’Association comorienne anti-tabac», a annoncé Ben Hamza Attoumane.
L’Oms exhorte les pays à accélérer la mise en œuvre de la Convention-cadre. Un processus qui passe par l’adoption de mesures strictes sur la commercialisation des nouveaux produits du tabac et des produits émergents à base de nicotine, qui ciblent spécialement les jeunes. «Il s’agit essentiellement de la chicha, des cigarettes électroniques (produits aromatisés), des sachets de nicotine et d’autres produits qui font l’objet d’une promotion agressive sur les plateformes des réseaux sociaux», a illustré Hissani Abdou.Dans la région Afrique, les taux d’utilisation de la cigarette électronique chez les enfants d’âge scolaire sont 2 à 3 fois plus élevés que les taux de consommation de cigarettes.