Les Comores à l’instar des autres pays du monde entier, ont célébré ce vendredi 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse sous le thème « La presse au service de la planète : le Journaliste face à la crise environnementale ». Les journalistes comoriens avaient prévu dans leur programme une marche pacifique depuis la place Karthala jusqu’à la place de l’Indépendance pour la lecture de la traditionnelle déclaration du président du Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc). Seulement, le préfet du centre, dans un courrier adressé au président du Snjc, a décidé de ne pas autoriser la marche pacifique pour, selon lui, des raisons d’ordre sécuritaire. Par ailleurs, Abdulla Saadi a suggéré d’organiser cet évènement dans un lieu privé.
Justice pour Ali Abdou
Les journalistes comoriens n’ont eu guère le choix que de se réunir dans la cour du quotidien Al-watwan pour célébrer cette journée importante pour la liberté de la presse. Devant ses collègues et quelques figures marquantes de la presse comorienne, le président du Snjc, Ahmed Bacar, a tenu d’abord à féliciter le bureau sortant du syndicat, dirigé par Faiza Soulé Youssouf, pour le travail formidable accompli tout au long de ses deux années de mandat, avec la mise en place de la mutuelle de santé pour prendre en charge la santé des journalistes syndiqués. « Avec courage et détermination, le bureau sortant a défendu les journalistes syndiqués et non syndiqués en difficulté avec leurs employeurs, y compris devant la justice, durant son mandat », a rappelé Ahmed Bacar.
Dans son discours, le président du Snjc a lancé un appel au nom du syndicat des journalistes comoriens, au procureur de la République pour qu’il ouvre dans les meilleurs délais le dossier du premier président du syndicat, Ali Abdou, décédé dans des circonstances troublantes. Il rappellera que la famille du regretté Ali Abdou et le Snjc ont porté plainte contre X, estimant qu’il ne s’agit pas d’une mort naturelle. « Nous attendons que la justice se prononce rapidement sur cette affaire qui nous préoccupe énormément. Le gouvernement doit s’impliquer pour que la vérité soit rétablie », a-t-il déclaré.Ahmed Bacar a d’ailleurs saisi l’occasion pour demander au gouvernement comorien, notamment aux ministères de l’Information et des Finances, de répondre favorablement à la question du soutien à la presse privée, soulignant que depuis plus de 15 ans, les journalistes demandent ce fonds d’appui aux médias privés, mais restent jusqu’à présent sans réponse concrète.
Estimant que les journalistes sont des acteurs du développement du pays, tout comme les professeurs et les médecins, ils méritent donc un soutien financier adéquat. « Non aux intimidations, aux salaires misérables versés aux journalistes des médias publics. Oui au financement par l’État des formations pour les journalistes, afin qu’ils puissent être efficaces tout en respectant l’éthique et la déontologie », a réclamé le président fraîchement élu du syndicat des journalistes comoriens. Celui-ci a ainsi lancé un appel à tous les acteurs de la société comorienne : aux autorités, aux citoyens, aux militaires, à la justice, aux entreprises et aux organisations, pour qu’ils reconnaissent l’importance vitale d’une presse libre et indépendante. Car selon lui, une presse forte et indépendante est le pilier d’une société démocratique et prospère. Le président du Snjc devait se réjouir que cette année aucun journaliste n’ait été inquiété et a espéré surtout finir l’année sur une note positive. « Contrairement à ce que certains pensent, les journalistes n’aiment pas passer leur temps à la justice ou en prison. Nous voulons pouvoir exercer notre métier en toute tranquillité », a-t-il dit.
Pensée aux anciens, hommage aux disparus
Le Sncj n’est pas resté insensible à la situation qui prévaut actuellement dans le pays, notamment les pluies torrentielles qui s’abattent sur l’ensemble du territoire national avec ses conséquences humaines et matérielles considérables. Le Snjc a appelé les agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales présentes aux Comores ainsi que les départements de l’administration publique qui œuvrent pour la protection de l’environnement à mettre peu de moyens dans l’organisation de séminaires, d’ateliers et d’autres renforcements de capacités pour qu’il y ait suffisamment de moyens pour mener des actions concrètes sur le terrain en finançant, par exemple, des projets environnementaux promoteurs. Le journaliste comorien, de son côté doit, lui aussi, faire des efforts pour accompagner toute initiative visant à protéger notre environnement. « Nos différentes rédactions doivent réserver des espaces importants pour passer des émissions sur la protection de notre environnement. Cela va de notre existence », a fait savoir Ahmed Bacar.
Au cours de la cérémonie, des attestations de reconnaissance ont été remises à des anciens journalistes pour leurs efforts accomplis dans ce métier. Un grand hommage a été rendu à ceux qui ont dû quitter précipitamment ce monde. L’évènement s’est terminé avec une activité de don de sang au profit des patients de l’hôpital El maarouf.
De nombreux journalistes ont tenu à y participer afin de contribuer à sauver des vies.